Les agriculteurs européens réclament des concessions plus importantes de Bruxelles

Tensions à Bruxelles

Le sommet européen qui se tient ce jeudi à Bruxelles est le théâtre de tensions grandissantes entre les agriculteurs européens et la Commission européenne. Les agriculteurs, en particulier les céréaliers, estiment que les concessions faites par Bruxelles sont “insuffisantes” pour répondre à leurs préoccupations.

Demandes de la France

Selon l’Elysée, la Commission européenne a partiellement répondu aux demandes de la France concernant l’assouplissement des obligations de jachères et la limitation des importations agricoles ukrainiennes. Cependant, cette réponse a été jugée “tardive” et “limitée” par les agriculteurs, qui appellent à des mesures plus significatives pour protéger leur secteur.

Une mobilisation internationale

Des agriculteurs venus de toute l’Europe ont convergé vers Bruxelles pour exprimer leur mécontentement. Des centaines de tracteurs sont attendus dans le quartier européen, et au moins un demi-millier de manifestants, y compris des délégations d’agriculteurs français, italiens, espagnols et portugais, sont prévus pour cette manifestation. Il s’agit donc d’une mobilisation internationale pour faire entendre leurs revendications.

Les concessions de Bruxelles

Malgré les critiques, Bruxelles a fait quelques concessions en réponse aux demandes des agriculteurs. La Commission européenne propose de prolonger l’exemption de droits de douane accordée à l’Ukraine pour une année supplémentaire, de juin 2024 à juin 2025, afin de soutenir le pays en guerre. Cependant, cette mesure est assortie de “mesures de sauvegarde” renforcées pour limiter l’impact des importations de produits agricoles ukrainiens, qui ont considérablement augmenté au cours de l’année précédente.

Les préoccupations des céréaliers français

Les céréaliers français sont particulièrement préoccupés par l’augmentation des importations de blé ukrainien dans l’Union européenne. Entre 2021 et 2023, ces importations ont été multipliées par vingt, passant de 215 000 tonnes à 5 millions de tonnes. Les agriculteurs français demandent donc la réinstauration de droits de douane au-delà d’un certain quota d’importations en provenance d’Ukraine.

Appels au calme et à la raison

Face à cette mobilisation, le patron de la FNSEA, Arnaud Rousseau, a appelé les agriculteurs “au calme et à la raison”. Il reconnaît que les préoccupations sont légitimes, mais il souligne également que de nombreux sujets européens ne se règlent pas en quelques jours.

Les négociations avec le Mercosur

Un autre sujet de friction persiste à Bruxelles : les négociations en cours entre la Commission européenne et les pays du Mercosur (Brésil, Argentine, Uruguay, Paraguay) pour un accord de libre-échange. Cette perspective inquiète le secteur agricole européen, et la France, en particulier, s’oppose à cet accord dans son état actuel. Bruno Le Maire, ministre français de l’Economie, se dit prêt à un “bras de fer” avec la Commission sur cette question.

Appel à simplifier la Politique agricole commune (PAC)

Le ministre français de l’Agriculture, Marc Fesneau, a également appelé à “simplifier” rapidement les procédures de la Politique agricole commune (PAC). Il estime que la PAC actuelle est trop complexe et incompréhensible, tant pour les agriculteurs que pour les administrations. Il souhaite voir des mesures prises pour alléger les procédures et simplifier les dérogations et les formulaires requis.

Flexibilités et concurrence intérieure

La nouvelle Politique agricole commune (PAC) pour la période 2023-2027 accorde davantage de “flexibilités” aux Etats pour s’adapter aux spécificités locales. Cependant, cela pourrait entraîner une concurrence inégale entre les pays européens, avec des normes plus ou moins strictes selon les régions. Cette question suscite également des préoccupations parmi les agriculteurs.

En conclusion, la mobilisation des agriculteurs européens à Bruxelles met en lumière les tensions croissantes entre le secteur agricole et la Commission européenne. Les agriculteurs réclament des concessions plus importantes pour protéger leur industrie, tandis que les négociations avec le Mercosur et la complexité de la PAC ajoutent à leurs inquiétudes. L’issue de ces tensions reste incertaine, mais elles soulignent l’importance de trouver un équilibre entre les intérêts agricoles et les politiques commerciales européennes.

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