L’Argentine et le FMI : Milei s’engage dans des réformes audacieuses

Le nouvel accord entre l’Argentine et le FMI

L’Argentine est à nouveau sur la voie de la stabilité économique grâce à un accord renouvelé entre le Fonds monétaire international (FMI) et le gouvernement argentin. Cet accord prévoit la poursuite d’un programme de prêt de 44 milliards de dollars, avec une prochaine tranche de 4,7 milliards de dollars qui sera versée dans les prochaines semaines. Cela permettra à l’Argentine de couvrir les paiements d’intérêts et d’amortissement de sa dette envers le FMI au cours des quatre prochains mois.

Il est important de noter qu’il ne s’agit pas d’un nouvel accord, mais d’une réactivation de l’accord précédent qui avait échoué en raison de l’incapacité de l’Argentine à atteindre les objectifs fixés. Le ministre de l’Économie, Luis Caputo, a souligné que si le pays souhaite conclure un nouvel accord et demander de nouveaux fonds, le FMI est ouvert à cette possibilité. Cependant, le gouvernement estime qu’il est essentiel de résoudre d’abord les problèmes financiers du pays en réduisant ses dépenses publiques excessives.

Des signaux positifs pour le FMI

Pour le FMI, cet accord est une lueur d’espoir en provenance d’Argentine, très différente de ce qu’il avait connu avec le gouvernement précédent. Le président Alberto Fernández n’avait pas réussi à remplir un seul des six objectifs fixés dans le cadre de l’accord précédent. Au contraire, le gouvernement avait augmenté les dépenses publiques ces derniers mois pour assurer sa réélection.

Le FMI a réagi de manière positive à la prolongation de l’accord. Un ensemble de mesures renforcées a été convenu pour rétablir la stabilité macroéconomique et maintenir le programme en cours sur la bonne voie, a annoncé le FMI.

Un mois après l’entrée en fonction de Milei, Kristalina Georgiewa, la directrice du FMI, avait exprimé un grand intérêt pour le soutien à l’Argentine. Cette attitude positive se maintient à Washington, où l’on voit d’un bon œil les efforts de la nouvelle administration pour mettre en œuvre un plan ambitieux de stabilisation. Ce plan repose sur la consolidation budgétaire, la constitution de réserves de change, la correction des distorsions des prix relatifs et le renforcement du bilan de la Banque centrale, selon le FMI.

Les réformes audacieuses de Milei

Javier Milei, le président argentin, a élaboré deux paquets de réformes avant et après Noël, qui vont bien au-delà des exigences traditionnelles du FMI. Son plan d’austérité est plus strict que ce que le FMI avait demandé, comme il l’avait promis lors de sa campagne électorale, et il a tenu cette promesse. Milei prévoit rien de moins qu’un redémarrage complet de l’État et de l’économie.

Son gouvernement envisage de modifier, d’introduire ou de supprimer près de mille lois en une seule fois. Avec un premier ensemble de décrets entré en vigueur le 20 décembre, Milei vise principalement à privatiser, à ouvrir et à déréglementer l’économie. Ces décrets deviendront invalides uniquement si les deux chambres du Congrès les rejettent.

Cependant, des obstacles se profilent à l’horizon. Mercredi, la justice a déclaré inconstitutionnels tous les décrets visant à assouplir les lois du travail. D’autres contestations judiciaires sont probables.

Le projet de loi d’urgence pour une réforme de l’État pourrait rencontrer une opposition encore plus forte. Milei vise à effectivement supprimer la séparation des pouvoirs et à concentrer tous les pouvoirs entre les mains de l’exécutif.

À première vue, les chances de réussite de ces réformes semblent minces, car l’alliance politique de Milei ne détient pas de majorité dans les deux chambres du Congrès. Le gouvernement devrait donc faire preuve de compromis lors des négociations, mais il semble peu enclin à le faire.

La situation est encore compliquée par les accusations de corruption proférées par Milei à l’encontre des députés. Son porte-parole a déclaré mercredi que la société soutenait bien sûr le gouvernement dans ses mesures de choc. La question est de savoir si les politiciens sont à la hauteur de la situation.

Milei met la pression et joue son va-tout

Daniel Artana de l’Institut économique libéral FIEL décrit les premières mesures du gouvernement Milei comme étant prises « à toute vapeur ». La précipitation a du sens pour Milei, car il doit exploiter sa victoire électorale historiquement élevée et le soutien de la population pour mettre en œuvre les réformes avant que l’inflation galopante ne fasse chuter sa popularité. C’est pourquoi Milei menace déjà de soumettre le paquet de décrets économiques à un référendum.

Le principal obstacle au succès de son programme de réformes est le manque de priorités claires. Milei a regroupé un grand nombre de mesures législatives, ce qui rend difficile la résolution des problèmes. Les syndicats ont appelé à une grève générale le 24 janvier. Il n’est actuellement pas clair si et dans quelle mesure Milei est prêt à négocier avec l’opposition.

En fin de compte, la mise en œuvre des réformes de Milei reste un défi majeur pour l’Argentine, et le succès de l’accord renouvelé avec le FMI dépendra en grande partie de la capacité du gouvernement à mettre en œuvre ses réformes audacieuses et à surmonter les obstacles sur sa route vers la stabilité économique.

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