L’essor des véhicules électriques chinois en Europe, une menace pour l’industrie automobile du Vieux Continent ?

Des ventes boostées par les constructeurs européens

Alors que le marché des véhicules électriques est en plein essor en Europe, une part importante de cette croissance est portée par des modèles fabriqués en Chine. En effet, de plus en plus de constructeurs européens et américains font le choix de produire leurs futurs modèles électriques dans l’Empire du Milieu.

Cette tendance a débuté timidement dans les années 2000 avec Honda et sa citadine Jazz. Depuis, le mouvement s’est amplifié avec des modèles comme la DS9 et la Citroën C5 X, produites par Stellantis. La Dacia Spring, best-seller électrique, est elle aussi Made in China. Même chose pour une partie des Tesla Model 3 et Y vendues en Europe. Au total, près de la moitié des véhicules électriques importés de Chine en 2022 provenaient de marques non-chinoises.

Une stratégie à double tranchant

Cet engouement s’explique par l’expertise technologique de l’industrie automobile chinoise dans le domaine des véhicules électriques. Les batteries, moteurs et autres composants high-tech sont produits localement à moindre coût. Délocaliser sa production permet donc de réduire les frais.

Mais cette stratégie n’est pas sans risque à long terme. Elle pourrait aboutir à une séparation nette entre modèles thermiques (fabriqués en Europe) et électriques (en Chine). Or, avec la fin annoncée des moteurs à combustion, les usines européennes pourraient se retrouver exsangues.

C’est le pari qu’ont fait des constructeurs comme Volvo ou Mini, dont les prochains modèles électriques sortiront exclusivement d’usines chinoises. Smart a carrément été vendu à un industriel chinois, ne conservant en Europe que le stylisme. Quant à Volkswagen, il s’appuie sur des partenaires locaux pour développer ses futurs véhicules électriques.

Vers une relocalisation de la production automobile ?

Face à cette inquiétante dépendance technologique, l’Europe doit réagir. Certains experts appellent à relocaliser en partie la production de batteries et de composants automobiles stratégiques. L’enjeu est aussi d’accélérer la transition des usines européennes vers l’électrique.

Renault semble montrer la voie en conservant sa R&D sur les véhicules électriques en France, tout en délocalisant abroad sa branche thermique. Une stratégie inverse de ses concurrents. Car vendre la poule aux œufs d’or qu’est la mobilité électrique à la Chine pourrait se révéler être un marché de dupes pour les constructeurs européens. L’avenir du secteur automobile sur le Vieux Continent est en jeu.

Le leadership chinois dans les batteries

L’avance de la Chine dans le domaine des véhicules électriques s’explique notamment par sa domination sur la chaîne de production des batteries lithium-ion. Les plus grands fabricants mondiaux de cellules comme CATL ou BYD sont basés dans l’Empire du Milieu. Cette position leur permet de produire des batteries à moindre coût, l’un des principaux postes de dépense sur une voiture électrique.

Une main d’oeuvre qualifiée

Outre l’accès privilégié aux composants, la Chine peut s’appuyer sur une main d’oeuvre abondante et qualifiée dans le secteur automobile. Le pays compte de nombreux ingénieurs et techniciens formés notamment grâce aux co-entreprises créées avec les constructeurs étrangers installés localement depuis les années 1990. Cette expertise accumulée fait désormais de la Chine un leader dans ce domaine.

Vers un protectionnisme européen ?

Pour éviter une trop grande dépendance, certains envisagent la mise en place de mesures protectionnistes, à l’image des États-Unis avec l’Inflation Reduction Act qui subventionne les véhicules made in USA. L’Europe pourrait taxer les importations chinoises ou renforcer son soutien à la filière batterie locale naissante. Mais le libre-échange reste un mantra puissant à Bruxelles. Et sanctionner la Chine pourrait se retourner contre les intérêts des constructeurs européens qui y produisent une part croissante de leurs véhicules.

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