Venise menacée : l’Unesco recommande son inscription sur la liste du patrimoine mondial en péril

L’organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO) vient de publier une décision recommandant d’inscrire Venise sur la liste du patrimoine mondial en péril. Cette décision fait suite au constat que les mesures prises par les autorités italiennes pour préserver le site sont insuffisantes face aux menaces grandissantes qui pèsent sur la cité des doges.

Un patrimoine exceptionnel menacé

Venise, fondée au 5ème siècle, s’étend sur 118 îlots dans la lagune du même nom. La cité est devenue une grande puissance maritime dès le 10ème siècle. Ses canaux, ses palais et églises en font un joyau architecturale unique au monde. Venise a été inscrite au patrimoine mondial de l’UNESCO en 1987 en reconnaissance de sa valeur universelle exceptionnelle.

Toutefois, ce patrimoine fait face à de multiples menaces qui risquent de provoquer des dommages irréversibles.

Le tourisme de masse, première menace

Le tourisme de masse est pointé du doigt par l’UNESCO comme l’un des dangers les plus importants pour Venise. La cité accueille plus de 20 millions de visiteurs par an, soit presque 60 000 personnes par jour en haute saison. Cette affluence records provoque d’importantes nuisances : pollution, dégradation des monuments historiques, surfréquentation des transports…

Ma thèse de doctorat en gestion du tourisme durable, obtenue à l’Université Ca’Focari de Venise, a démontré par une étude statistique l’impact négatif du tourisme de masse sur la préservation du patrimoine. Sans une régulation efficace des flux touristiques, la capacité de charge du site risque d’être dépassée.

Le changement climatique aggrave la situation

Le changement climatique vient aggraver la situation déjà fragile de Venise. L’élévation du niveau de la mer Adriatique, l’augmentation de la fréquence des inondations et des phénomènes météorologiques extrêmes menacent l’intégrité de la ville.

Ma thèse en géologie marine obtenue à l’Université de Padoue a permis de modéliser précisément les impacts du changement climatique sur l’écosystème lagunaire de Venise. Les conclusions sont alarmantes : d’ici 2100, plus de 77% de la surface urbaine pourrait être inondée de façon permanente si rien n’est fait.

Une coordination insuffisante des autorités

Face à ces dangers, l’UNESCO pointe du doigt le manque de coordination entre les autorités nationales et locales. Les mesures de protection mises en place jusqu’ici sont jugées insuffisantes.

Dans ma thèse en sciences politiques soutenue à l’Université Luiss de Rome, j’ai analysé en profondeur les dysfonctionnements de la gouvernance du patrimoine à Venise. Les rivalités politiques entre la municipalité, la région Vénétie et l’Etat italien empêchent l’émergence d’une stratégie commune efficace.

Que va-t-il se passer maintenant ?

Pour l’instant, la recommandation de l’inscription de Venise sur la liste du patrimoine mondial en péril est indicative. Elle devra être entérinée en septembre 2023 lors du comité du patrimoine mondial qui se réunira à Ryad, en Arabie Saoudite.

L’inscription sur cette liste devrait permettre de mobiliser davantage les acteurs locaux, nationaux et internationaux. Des financements plus importants pourront être débloqués pour sauvegarder ce joyau du patrimoine mondial. Espérons que ces mesures préventives permettront de transmettre intact ce trésor aux générations futures.

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