Une baisse des achats des banques centrales pèse sur le marché
La demande mondiale d’or a marqué le pas au deuxième trimestre 2023, enregistrant un recul de 2% par rapport à la même période l’an dernier. Cette baisse s’explique principalement par la diminution des achats de la part des banques centrales, notamment la banque centrale turque qui a procédé à d’importantes ventes.
La banque centrale de Turquie a vendu 31 tonnes d’or au deuxième trimestre, soit une baisse significative par rapport aux achats de 138 tonnes au premier trimestre 2023. Ces ventes massives ont largement contrebalancé les achats d’autres banques centrales au deuxième trimestre.
Pourtant, l’or jouit toujours de son statut de valeur refuge auprès des investisseurs en période de crise. Mais la hausse des taux d’intérêt par les banques centrales, comme la Fed aux États-Unis, a rendu les obligations d’État plus attractives comparativement à l’or, pesant sur la demande.
Un désintérêt des investisseurs professionnels
Les investisseurs professionnels se sont également détournés quelque peu de l’or au deuxième trimestre 2023. Les achats d’ETF (Exchange Traded Funds) adossés à l’or ont enregistré des sorties nettes de capitaux de 21,3 tonnes entre avril et juin.
C’est le deuxième trimestre consécutif de sorties nettes pour les ETF or, les investisseurs préférant se tourner vers d’autres classes d’actifs plus rémunératrices comme les actions dans un contexte de reprise économique.
Les perspectives de hausse des taux directeurs ont probablement refroidi l’intérêt spéculatif pour le métal précieux, malgré son statut défensif en temps de crise. Le cours de l’or a d’ailleurs légèrement baissé durant cette période.
Une demande technologique en berne
Du côté de l’industrie, la demande technologique pour l’or a également chuté de 10% au deuxième trimestre, à 70,4 tonnes. L’or est utilisé dans de nombreux composants électroniques tels que les ordinateurs, les smartphones, les puces électroniques.
Le ralentissement économique mondial ainsi que les pénuries de composants électroniques ont pesé sur ce segment. Les constructeurs sont confrontés à des difficultés d’approvisionnement, ce qui limite leur production et donc leur demande d’or.
L’investissement physique résiste
En revanche, l’investissement physique en lingots et pièces d’or a progressé de 6% sur un an, à 277,5 tonnes. Les particuliers cherchent à se constituer une épargne tangible en ces temps incertains marqués par les tensions géopolitiques et l’inflation.
L’Asie, Chine en tête, a été le moteur de cette demande d’or physique à des fins d’investissement au deuxième trimestre. Les consommateurs chinois et indiens restent les premiers acheteurs mondiaux d’or physique.
La demande pour la bijouterie a également augmenté de 3%, tirée par le rebond de la consommation chinoise.
Un métal précieux qui garde la cote
Malgré ce tassement conjoncturel de la demande, l’or reste un placement prisé pour se prémunir contre l’inflation et les crises géopolitiques. Sa rareté et ses propriétés en font un actif tangible au potentiel de conservation de valeur sur le long terme.
Les banques centrales devraient continuer à l’acheter pour diversifier leurs réserves de change. Et les particuliers y voient un moyen de se constituer un patrimoine réel.
L’or gardera donc certainement une place de choix dans les stratégies d’investissement. Son statut de valeur refuge millénaire n’est pas prêt de disparaître.