Le président conservateur Marcelo Rebelo de Sousa confronte le Premier ministre socialiste Antonio Costa
La gestion controversée de la compagnie aérienne nationale TAP est en train de provoquer une crise politique majeure au Portugal. Le président conservateur, Marcelo Rebelo de Sousa, met en garde contre la possibilité d’une dissolution du parlement et l’appel à des élections anticipées, reprochant au Premier ministre socialiste Antonio Costa son inaction face à l’accumulation de scandales liés à la gestion de la compagnie aérienne renationalisée en 2021 pour éviter la faillite.
Les révélations sur des indemnités de départ déclenchent la crise
La crise survient alors que TAP a renoué avec les profits et que le gouvernement doit préparer une privatisation partielle, conformément au plan de restructuration établi avec Bruxelles. L’élément déclencheur de cette crise a été la révélation d’indemnités de départ de 500 000 euros accordées l’an dernier à une administratrice de la compagnie, qui a ensuite été nommée secrétaire d’État au Trésor. Depuis lors, des démissions et des troubles opaques ont suivi au sein du gouvernement, jusqu’à la destitution de la direction de TAP le 7 mars dernier.
Le Premier ministre Antonio Costa résiste à la pression
Malgré cette situation difficile, Antonio Costa a décidé de rester ferme et de maintenir la cohésion de son gouvernement. Il a refusé la démission de son ministre des Infrastructures en charge du dossier TAP, espérant que cela suffirait à calmer les esprits. Cependant, le président Rebelo de Sousa exige une intervention plus énergique et rapide pour mettre fin à cette crise qui, selon lui, menace la démocratie portugaise.
Une confrontation sans précédent entre le président et le Premier ministre
Il s’agit d’une opposition inédite entre les deux hommes qui ont toujours affiché une entente cordiale malgré leurs divergences politiques. Le président Rebelo de Sousa, qui fut le professeur de droit constitutionnel de son Premier ministre à l’université de Lisbonne dans les années 1980, l’accuse de fragiliser la démocratie en protégeant l’irresponsabilité et le manque de crédibilité.
Le contexte social tendu au Portugal
Cette crise politique survient à un moment où Antonio Costa devrait bénéficier d’une situation favorable pour gouverner, avec une majorité absolue au Parlement, une économie en plein essor et une croissance de 6,7 % en 2022, la plus forte depuis 1987. Toutefois, ces indicateurs économiques ne parviennent pas à dissimuler une situation sociale préoccupante, caractérisée par l’inflation, les bas salaires et les difficultés croissantes pour accéder au logement.