Nouvelles constructions chinoises dans les îles Paracels : barrage anti-érosion ou piste d’atterrissage ?

Des images satellites récentes montrent des travaux de construction sur l’île Triton, dans le groupe des îles Paracels en mer de Chine méridionale. Cette île est sous contrôle chinois mais revendiquée par le Vietnam. Ces images intrigantes révèlent des opérations sur près de 600 mètres de longueur, soulevant des interrogations sur la nature exacte du projet. S’agit-il d’une nouvelle piste d’atterrissage militaire comme Pékin en a déjà construit dans la zone, ou plutôt d’un barrage pour lutter contre l’érosion ? Les avis divergent.

Un élément clé dans les tensions régionales

Le groupe des Paracels, comptant une trentaine d’îles, récifs et bancs de sable, est sous contrôle chinois depuis 1974 et la bataille contre le Vietnam pour leur contrôle. Hanoï revendique toujours sa souveraineté sur ces îles et suit de près les activités chinoises, sources de vives tensions.

La Chine y dispose déjà de plusieurs installations militaires, dont une base entièrement équipée sur Woody Island, éloignée de seulement 160 km de Triton. Elle permet le décollage d’avions de combat et de bombardiers lourds grâce à une piste de 2700m.

Dans ce contexte, la construction potentielle d’une nouvelle piste d’atterrissage interroge. Quel intérêt pour Pékin d’un tel aménagement si proche de sa base principale ?

Piste ou barrage anti-érosion ? Les experts s’interrogent

Pour certains experts, ces images révèlent clairement l’aménagement d’une nouvelle piste d’atterrissage. Bien qu’insuffisante pour accueillir des appareils lourds, elle pourrait servir à des avions légers, des drones de surveillance ou de reconnaissance.

D’autres analystes sont plus circonspects. Ils soulignent que Triton est un banc de sable qui émerge à peine au-dessus du niveau de la mer. Lors des marées hautes, une grande partie de l’île est submergée. Un expert en imagerie satellite, William Conroy, note que la structure semble alignée pour contrer l’érosion plutôt que pour maximiser la longueur d’une éventuelle piste.

Il s’agirait donc plus probablement d’un barrage anti-érosion reliant des installations déjà présentes sur l’île. Cette structure permettrait de consolider les aménagements chinois sur ce banc de sable très vulnérable face à la montée des eaux.

Une région sous haute tension

Quelle que soit sa nature exacte, ce projet s’inscrit dans un contexte de vives tensions autour des îles de mer de Chine méridionale. La Chine poursuit des travaux d’extension sur ses bases dans les Paracels et les Spratleys, tout comme le Vietnam, les Philippines et Taïwan.

Récemment, des accrochages ont encore eu lieu entre garde-côtes chinois et philippins près du récif de Scarborough. La situation reste explosive, Pékin cherchant à asseoir sa domination sur cette zone stratégique riche en ressources halieutiques, gazières et pétrolières.

Des enjeux géostratégiques majeurs

Ces îles revêtent une importance capitale pour Pékin, qui entend affirmer sa puissance dans sa zone d’influence immédiate. Outre les ressources, elles offrent un contrôle sur des voies maritimes vitales pour le commerce chinois. Leur militarisation s’inscrit dans une stratégie visant à exclure toute intervention américaine dans la région en cas de conflit à Taïwan.

Pour les autres pays riverains, il s’agit de contrer l’hégémonie chinoise sur des zones qu’ils considèrent comme leur appartenant. Les Philippines se sont rapprochées des États-Unis par le biais d’un accord de défense pour contrebalancer le pouvoir chinois.

Climat de défiance

Ces récents développements montrent que le dossier des îles en mer de Chine méridionale reste brûlant. La poursuite des constructions chinoises, qu’il s’agisse de pistes d’atterrissage ou d’ouvrages contre la montée des eaux, attise les tensions avec les pays voisins.

La défiance règne entre les différents acteurs, chacun renforçant sa présence militaire. Des incidents réguliers exacerbent les tensions. Une escalade armée, bien que peu probable, ne peut être exclue si la situation venait à dégénérer.

Une désescalade sera difficile sans effort diplomatique majeur pour apaiser les tensions et trouver un terrain d’entente sur ce dossier sensible.

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