Inondations en Chine : les victimes sacrifiées pour protéger Pékin réclament justice

Les pluies d’une intensité exceptionnelle qui ont frappé la Chine fin juillet ont causé des inondations dramatiques dans plusieurs provinces du nord-est du pays. Si la capitale Pékin a été relativement épargnée grâce à des mesures controversées de dérivation des eaux, les zones rurales alentour ont payé un lourd tribut. Face aux destructions et aux nombreuses victimes, la colère monte chez les habitants qui se sentent sacrifiés.

Des inondations d’une ampleur historique

Le mois de juillet 2022 restera dans les annales météorologiques de la Chine. En quelques jours, des précipitations record se sont abattues sur une large zone englobant Pékin et s’étendant vers l’est jusqu’aux provinces du Shandong et du Jiangsu. Rien qu’à Pékin, il est tombé l’équivalent de plus d’un mètre d’eau sur la période, soit plus du double de la normale mensuelle.

Les conséquences sur le réseau hydrographique ont été dramatiques. Le débordement des cours d’eau et la rupture de nombreux barrages ont provoqué des inondations d’une ampleur sans précédent dans la région. Des dizaines de milliers d’habitations ont été englouties par les flots, qui ont parfois atteint plusieurs mètres de hauteur.

Le bilan humain est également très lourd, avec plus de 60 morts et disparus recensés à ce jour dans les seules provinces du Hebei et du Henan. Des centaines de milliers de personnes ont dû être évacuées en urgence pour échapper à la furie des eaux.

Pékin préservée au détriment des campagnes

Si la capitale Pékin a été relativement épargnée, c’est au prix de lourds sacrifices imposés aux zones rurales des provinces voisines. En amont de la mégapole, les responsables ont en effet délibérément procédé à des largages d’eau depuis des barrages et des réservoirs pour soulager la pression.

Cette mesure de dernier recours a permis de préserver Pékin, mais a entraîné des crues dévastatrices dans les campagnes densément peuplées du Hebei notamment. Des villages entiers se sont retrouvés brutalement sous les eaux sans aucun avertissement ni mesure d’évacuation préalable.

Loin de nier ce funeste calcul, les autorités provinciales l’assument pleinement. Le responsable du parti du Hebei a même salué le rôle de “douve protectrice” joué par sa province au profit de Pékin. Une déclaration méprisante qui a ulcéré les victimes.

Colère face aux zones sacrifiées

Alors que l’eau se retire lentement, c’est un sentiment d’abandon et de colère qui prédomine chez de nombreux sinistrés. Ils se sentent sacrifiés par les pouvoirs publics, qui ont privilégié la protection de la capitale au détriment des zones rurales jugées moins prioritaires.

Dans plusieurs villes gravement touchées comme Bazhou ou Gaobeidian, des manifestations ont déjà eu lieu devant les bâtiments officiels. Les habitants ruines réclament des comptes aux autorités locales, accusées de passivité et d’avoir délibérément noyé leurs villages.

Sur les réseaux sociaux, malgré la censure, les commentaires virulents se multiplient pour dénoncer l’injustice de la situation. Beaucoup s’indignent que leur vie et leurs biens aient été sacrifiés sans concertation pour protéger Pékin et ses notables.

Des compensations insuffisantes

Face au mécontentement grandissant, le gouvernement a annoncé le déblocage d’une aide d’urgence d’un milliard de yuans (140 millions d’euros) pour les zones inondées du Hebei et du Henan. Mais cette somme apparaît dérisoire au regard de l’ampleur des dégâts, estimés à plusieurs milliards d’euros.

Surtout, les critères d’attribution des compensations restent flous. De nombreuses victimes craignent de ne recevoir qu’une maigre indemnisation, insuffisante pour rebâtir leur vie. Cette perspective renforce leur colère envers un régime qui a disposé de leur existence sans les consulter.

La catastrophe a mis en lumière la fracture entre une élite politique prête à tout pour défendre la capitale et des ruraux considérés comme des citoyens de seconde zone. Au-delà des indemnisations, c’est une vraie réflexion sur ce deux poids deux mesures qui s’impose désormais aux autorités.

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