Inflation : la BCE face à un dilemme cornélien

Des prix alimentaires toujours élevés

Bien que l’inflation dans la zone euro ait nettement ralenti ces derniers mois, atteignant 5,3% en juillet selon Eurostat, les prix à la consommation restent très élevés, notamment dans l’alimentaire. Les denrées alimentaires ont encore connu une hausse de 10,8% sur un an. Ces fortes augmentations pénalisent durement les ménages les plus modestes, qui consacrent une part importante de leurs revenus à se nourrir.

Si l’inflation globale devrait continuer de décélérer d’ici la fin 2023, sous l’effet notamment de la baisse des coûts de l’énergie, les prix alimentaires risquent de mettre plus de temps à retrouver des niveaux acceptables. Cette situation maintient une pression certaine sur le pouvoir d’achat des consommateurs.

Le défi de la politique monétaire

La Banque centrale européenne (BCE) se trouve face à un délicat exercice d’équilibriste. D’une part, elle doit juguler l’inflation et la ramener vers son objectif de 2% à moyen terme, ce qui plaide pour le maintien d’une politique monétaire restrictive.

D’autre part, elle doit éviter de provoquer une récession violente dans la zone euro, alors que la croissance économique donne déjà des signes d’essoufflement. Un resserrement monétaire excessif pourrait faire basculer l’économie européenne dans la récession.

Depuis juillet 2022, la BCE a déjà relevé ses taux directeurs à quatre reprises, les faisant passer de 0% à 1,5%. Cet ajustement rapide de la politique monétaire met du temps à produire tous ses effets sur l’économie réelle.

Dans ces conditions, même si l’inflation semble amorcer une décrue, de nouvelles hausses de taux d’intérêt cette année ne sont pas exclues, pour peu que les tensions inflationnistes persistent. Néanmoins, l’ampleur des futures hausses devrait être plus limitée.

L’idéal pour la BCE serait de réaliser un “atterrissage en douceur”, c’est-à-dire de juguler l’inflation sans étouffer la croissance. Mais cet exercice est délicat.

Les salaires, variable clé pour 2023

L’évolution des salaires sera déterminante pour les perspectives d’inflation en 2023 et au-delà. Sous l’effet des pénuries de main-d’œuvre, les rémunérations augmentent fortement dans certains secteurs, notamment les services.

Cette hausse devrait se poursuivre et dépasser 5% l’an prochain selon différents instituts. Or, des salaires plus élevés alimentent la spirale inflationniste, en renchérissant le coût de production des entreprises.

La BCE surveille donc de très près les négociations salariales et les accords de branches dans la zone euro. Elle espère que les partenaires sociaux feront preuve de modération, afin d’éviter une boucle prix-salaires néfaste.

Même si les perspectives d’inflation paraissent un peu moins sombres, la BCE n’est pas encore sortie de l’auberge. Sa marge de manœuvre reste étroite, entre la nécessité de juguler les tensions inflationnistes et le risque de casser la croissance. Les prochains mois nécessiteront des décisions monétaires prudentes et graduelles.

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