Le matin, certains peinent à émerger et à être pleinement efficaces avant plusieurs heures. Ces « couche-tard », par opposition aux « lève-tôt », ne sont pas simplement fatigués : leur cerveau fonctionne différemment le matin. Des études révèlent que cette « signature » de l’état cérébral du matin est bien spécifique, et diffère de celle de la fatigue.
Un équilibre précaire
Lorsque nous sommes éveillés et efficaces, notre cerveau maintient un équilibre optimal entre excitation et inhibition. Les signaux non pertinents sont filtrés par des neurones inhibiteurs, tandis que l’information importante est transmise de neurone en neurone. Ainsi, nous pouvons nous concentrer sur nos pensées essentielles, sans être perturbés par les bruits environnants.
Cet équilibre n’est cependant pas toujours aisé à conserver. Des examens du cerveau en laboratoire permettent de mesurer précisément son niveau d’inhibition et d’excitation. En stimulant par exemple l’aire motrice avec des impulsions électromagnétiques, les chercheurs observent la réponse des neurones excitateurs et inhibiteurs.
Réveil laborieux pour les « couche-tard »
Les « lève-tôt » sont souvent plus efficaces le matin, même très tôt, alors que leurs collègues plus « couche-tard » peinent à émerger. Ce n’est pas qu’une question de volonté.
Des expériences menées par le Dr Michael Nitsche de l’Université de Dortmund révèlent que le cerveau des « couche-tard » traite moins bien les signaux le matin que le soir. La raison ? Leurs neurones excitateurs, qui transmettent l’information importante, sont au ralenti le matin. Résultat : la voix du patron ou les bruits alentours sont traités de la même façon. Le cerveau met du temps à s’activer pleinement.
A l’inverse, le soir, les « lève-tôt » sont désavantagés. Leurs neurones excitateurs fonctionnent aussi plus lentement après une longue journée d’éveil.
Cerveau épuisé ou pas totalement réveillé ?
Que se passe-t-il dans un cerveau fatigué suite à une nuit blanche ? Contrairement à l’état pas totalement éveillé du matin, il est en situation de sur-excitabilité.
Des chercheurs de l’Université de Dortmund ont montré que après une nuit sans sommeil, les neurones inhibiteurs s’épuisent. Incapables de filtrer les signaux non pertinents, ils nuisent au bon fonctionnement cérébral. Un véritable « bruit » envahit le cerveau hyperactif. Cela pourrait expliquer la difficulté à s’endormir quand on est trop fatigué.
Difficile de faire la différence
Il est impossible de distinguer d’un point de vue comportemental la fatigue d’un manque de réveil complet. Dans des tests de réactivité sur écran, les « couche-tard » le matin réagissent aussi lentement que des sujets privés de sommeil.
Pas de solution miracle
Beaucoup tentent d’améliorer la vigueur cérébrale par la caféine. Son efficacité est cependant variable selon les individus. D’après le Dr Nitsche, notre typologie « lève-tôt » ou « couche-tard » explique en grande partie nos variations de performance au cours de la journée. Réduire son sommeil pour rester éveillé plus longtemps n’est de toute façon pas une solution recommandée. Même rêvasser aurait des vertus régénératrices pour le cerveau.