Ukraine : Le sud sous le feu des bombardements russes

Une escalade meurtrière

Le sud de l’Ukraine est de nouveau plongé dans l’horreur des bombardements russes, avec la cinquième nuit consécutive de frappes dévastatrices. Entre dimanche 23 et lundi 24 juillet, une attaque de drones kamikazes a ciblé des infrastructures vitales à Reni, un petit port du Danube, proche de la frontière avec la Roumanie, détruisant des silos à céréales et un terminal de carburant. La veille, les villes portuaires ukrainiennes d’Odessa et de Mykolaïv ont été violemment frappées, marquant les pires attaques russes depuis le retrait de Moscou de l’accord céréalier en mer Noire le 17 juillet.

L’ampleur des dégâts est catastrophique : à Odessa, au moins une personne a été tuée et vingt-deux autres blessées, dont quatre enfants. Les infrastructures portuaires et les habitations ont subi d’importants dommages. Le centre historique de la ville, classé au patrimoine mondial de l’Unesco, a également été touché, avec vingt-cinq monuments réduits en ruines.

Défense aérienne insuffisante

Selon les déclarations de l’armée ukrainienne, dix-neuf missiles russes ont été tirés sur Odessa, parmi lesquels des missiles de croisière de type Kalibr, des missiles Onyx ultrarapides, des missiles Kh-22 et des missiles Iskander. Malheureusement, seuls neuf de ces missiles ont été interceptés par la défense antiaérienne ukrainienne. Une des raisons de cette insuffisance de défense réside dans l’incapacité de la défense aérienne ukrainienne à abattre les missiles russes ultrarapides Onyx et Kh-22, initialement conçus pour détruire les navires. La ville d’Odessa ne dispose pas des systèmes de défense Patriot fournis par les Américains, dont bénéficie la capitale ukrainienne, Kiev.

Cette situation critique a conduit le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, à appeler à la constitution d’un “bouclier du ciel complet” au-dessus de l’Ukraine pour mieux protéger le pays des attaques aériennes russes.

Patrimoine culturel détruit

Outre les infrastructures et les vies humaines, l’attaque russe a détruit des symboles culturels importants à Odessa. Parmi les monuments détruits figure la cathédrale de la Transfiguration, la plus grande église de la ville. Construite en 1795, l’édifice religieux avait été dynamité par les bolcheviques en 1936, puis reconstruit à l’identique au début des années 2000. Cette destruction a suscité l’indignation de l’archevêque Viktor, du diocèse d’Odessa de l’Église orthodoxe d’Ukraine, qui a dénoncé publiquement les bombardements des villes paisibles par les forces russes.

Moscou, de son côté, a nié être responsable de la destruction de la cathédrale, rejetant la faute sur la “chute d’un missile guidé antiaérien ukrainien”.

Tensions régionales

Ces attaques surviennent dans un contexte de tensions régionales exacerbées. Le président russe, Vladimir Poutine, s’est récemment affiché dans la ville de Kronstadt, près de Saint-Pétersbourg, aux côtés de son homologue biélorusse, Alexandre Loukachenko. Les deux leaders ont accusé la Pologne de vouloir envahir l’Ukraine et d’attaquer la Biélorussie.

Ces tensions régionales sont alimentées par la présence en Biélorussie d’environ 2 000 combattants du groupe Wagner, une milice instigatrice d’une rébellion avortée contre le haut commandement russe en juin. Les pays voisins, notamment les pays baltes et la Pologne, s’inquiètent des exactions commises par ce groupe en Ukraine et de la potentielle menace qu’ils représentent pour la région.

Réactions internationales

La situation a suscité de vives réactions internationales. La Pologne, membre de l’OTAN, a renforcé sa frontière avec la Biélorussie, provoquant la colère de Vladimir Poutine. Ce dernier a accusé Varsovie de vouloir s’emparer de l’ouest de l’Ukraine et a rappelé les événements de 1939, lorsque la Pologne avait été abandonnée par les Alliés occidentaux et que Staline avait annexé des territoires polonais à l’ouest.

Le commentaire de Vladimir Poutine a été dénoncé par les responsables polonais et ukrainiens, qui ont rappelé les crimes commis par Staline et souligné que la Pologne et l’Ukraine ont tiré les leçons de l’histoire contrairement à la Russie.

Vers une désescalade ?

Face à cette situation explosive, une désescalade semble difficile à atteindre dans l’immédiat. Les regards se tournent désormais vers la communauté internationale pour tenter de trouver des solutions diplomatiques et empêcher une escalade plus grave.

L’Ukraine demande un soutien accru en matière de défense aérienne pour protéger ses villes et ses citoyens des attaques russes. Les appels à une résolution pacifique du conflit se multiplient, mais les enjeux géopolitiques et historiques compliquent la situation et rendent les négociations délicates.

Les prochaines semaines seront cruciales pour l’évolution de la situation dans le sud de l’Ukraine, et l’espoir demeure que la diplomatie prévaudra sur la violence.

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