La BCE face au défi de l’inflation

Une nouvelle hausse modérée des taux directeurs

Lors de sa réunion du 27 juillet 2023, le conseil des gouverneurs de la Banque centrale européenne (BCE) devrait, comme attendu, procéder à une hausse de 0,25 point de pourcentage de ses taux directeurs. Cette décision intervient dans un contexte d’inflation qui, bien qu’en léger recul, reste à un niveau élevé en zone euro, à 6,9% en juin sur un an.

Cette hausse de taux s’inscrit dans la continuité des décisions prises depuis juillet 2022 par la BCE pour juguler l’inflation. L’institut monétaire européen a en effet entamé il y a un an un cycle de resserrement monétaire sans précédent, relevant ses taux directeurs de 2,5 points de pourcentage en l’espace de 12 mois. L’objectif est de ramener l’inflation durablement autour de 2%, niveau considéré comme optimal pour la stabilité des prix.

Des effets controversés sur la croissance

Cette politique restrictive, nécessaire pour dompter l’inflation, ne fait toutefois pas l’unanimité au sein de la zone euro. Certains pays, comme l’Italie et le Portugal, s’inquiètent des conséquences d’un renchérissement du coût du crédit sur leur croissance économique.

Le relèvement des taux directeurs contribue en effet à freiner la demande, et donc l’activité, dans l’ensemble des pays utilisant l’euro. Or, certains d’entre eux présentent déjà des signes de fragilité économique. Leur endettement élevé les rend plus sensibles à la hausse des taux d’intérêt. Le remède anti-inflationniste risque ainsi d’être trop rude pour leurs économies.

Vers un ralentissement du rythme de hausse des taux ?

Pour autant, la BCE semble toujours déterminée à agir avec fermeté pour juguler l’inflation, qualifiée de « bête avide » par le président de la Bundesbank. L’institut monétaire ne veut pas relâcher trop tôt ses efforts, au risque de voir l’inflation repartir.

Mais de plus en plus de voix, au sein même du conseil des gouverneurs, plaident pour un ralentissement du rythme des hausses de taux d’intérêt. Une pause après la décision de juillet pourrait être envisagée en septembre, afin de mesurer les effets des resserrements passés sur l’économie européenne.

Certains économistes craignent même que la BCE ne soit allée trop loin dans le durcissement monétaire, au point de provoquer une récession dans certains pays fragiles comme l’Italie. Un assouplissement du cap pourrait selon eux être opportun.

Le dilemme de la BCE

La BCE se trouve face à un dilemme : continuer à durcir sa politique monétaire au risque de brider excessivement l’activité, ou assouplir son action au risque de laisser l’inflation s’installer durablement.

Sa décision requiert de trouver le juste équilibre entre ces deux impératifs. Le dosage optimal entre soutien à la croissance et lutte contre l’inflation est délicat à établir, et fait débat entre « faucons » partisans de la rigueur et « colombes » plus préoccupées par le risque de récession.

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