Le G20 dans l’impasse sur la réduction des énergies fossiles malgré l’urgence climatique

Un désaccord idéologique profond

Réunis début août 2022 à Goa en Inde, les ministres de l’Énergie des pays du G20 n’ont pas réussi à s’entendre sur un calendrier ambitieux pour réduire progressivement le recours aux énergies fossiles (charbon, pétrole, gaz). Pourtant, ce groupe qui rassemble les 20 plus grandes économies mondiales s’était engagé lors de précédents sommets à accélérer la transition énergétique.

Lors de cette réunion de quatre jours, les pays n’ont pu s’accorder ni sur l’objectif de tripler la part des énergies renouvelables d’ici 2030, ni même sur une simple mention du charbon dans leur déclaration finale. Une impasse inquiétante alors que les émissions de CO2 liées à la combustion d’énergies fossiles ne cessent d’augmenter, alimentant le réchauffement climatique.

Cet échec traduit un clivage profond entre pays développés et émergents. Les premiers, comme l’Union Européenne et les États-Unis, pressent pour une sortie rapide des énergies fossiles. Mais les seconds, comme la Chine et l’Inde, refusent d’abandonner des sources d’énergie bon marché qui soutiennent leur développement économique.

Les différentes positions des pays du G20

L’Union européenne fait figure de leader sur la scène internationale en matière de lutte contre le changement climatique. Elle s’est fixé l’objectif d’atteindre la neutralité carbone d’ici 2050 et souhaite que les autres grandes puissances suivent son exemple. Le charbon ne représente plus que 5% de sa production d’électricité et l’UE entend le remplacer par le nucléaire et les renouvelables.

Les États-Unis de Joe Biden ont également adopté un ambitieux plan climatique, même s’il reste à concrétiser. Le pays vise une décarbonation de son secteur électrique d’ici 2035. Il a annoncé vouloir cesser tout financement international des énergies fossiles, mais fait face à l’opposition du camp républicain sur le plan intérieur.

La Chine, premier émetteur mondial de CO2, s’est engagée à atteindre la neutralité carbone avant 2060. Mais dans l’immédiat, elle continue de construire de nouvelles centrales à charbon pour répondre à ses besoins énergétiques. Pékin investit aussi massivement dans les renouvelables, mais sans renoncer au charbon.

L’Inde, dont 250 millions d’habitants n’ont pas accès à l’électricité, défend bec et ongles son droit à brûler du charbon, ressource sur laquelle le pays est très dépendant. New Delhi s’est donné jusqu’en 2070 pour parvenir à la neutralité carbone, objectant qu’il est injuste de demander le même effort aux pays développés et aux pays pauvres.

Un très mauvais signal avant la COP27

Cette incapacité à s’accorder au sein du G20 augure mal des négociations internationales sur le climat. La prochaine conférence de l’ONU sur le climat, la COP27, se tiendra en novembre 2022 en Égypte. À ce stade, un consensus semble hors d’atteinte alors qu’il est indispensable pour espérer limiter le réchauffement à +1,5°C d’ici 2100, objectif fixé par l’accord de Paris de 2015.

Le temps presse pourtant, comme le rappellent de dramatiques records de températures et une multiplication des phénomènes climatiques extrêmes partout dans le monde. Mais le G20, responsable de 80% des émissions mondiales, semble paralysé par ses dissensions internes sur les énergies fossiles.

Les pays du Sud réclament plus de financements

L’Inde, qui présidait ce G20, a expliqué le blocage par le refus de certains pays de réduire les énergies fossiles sans dispositifs de capture de CO2. D’autres comme l’UE jugent ces technologies insuffisantes.

Mais pour de nombreux pays en développement, la véritable pierre d’achoppement reste le financement de la transition énergétique. L’Inde estime que les pays développés doivent payer pour leur responsabilité historique dans le réchauffement climatique.

Un récent rapport évalue à 4000 milliards de dollars par an l’aide nécessaire aux pays du Sud pour décarboner leur économie. Il plaide pour des transferts de technologies et un accès à des financements à bas coûts. Faute d’engagements concrets, les pays émergents comme l’Inde ou la Chine ne semblent pas prêts à renoncer au charbon.

Quid des solutions technologiques ?

Certains pays producteurs d’énergies fossiles, comme l’Arabie Saoudite ou les Émirats Arabes Unis, misent sur les technologies de capture et stockage du carbone pour réduire les émissions tout en continuant à exploiter leurs ressources en hydrocarbures.

Mais beaucoup doutent de l’efficacité de ces dispositifs, encore balbutiants, pour lutter à grande échelle contre l’effet de serre. D’autres solutions comme l’hydrogène vert ou les bioénergies pourraient also constituer des alternatives au pétrole et au charbon à l’avenir, mais leur développement à grande échelle reste incertain.

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