Une coalition de droite soutenue par l’extrême droite menace le gouvernement de gauche
Les élections législatives anticipées du 23 juillet 2023 en Espagne pourraient provoquer la chute du gouvernement de gauche mené par le socialiste Pedro Sanchez. Les sondages prédisent une victoire de la droite conservatrice, qui pourrait s’allier avec l’extrême droite de Vox afin d’obtenir une majorité parlementaire.
Cette possible coalition marquerait le retour au pouvoir de l’extrême droite en Espagne pour la première fois depuis la fin de la dictature de Franco en 1975. Vox, fondé en 2013 et devenu la troisième force politique du pays, défend un programme nationaliste, xénophobe et ultraconservateur.
Pedro Sanchez, au pouvoir depuis 2018, espère toutefois créer la surprise et conserver la majorité avec son alliance de gauche entre socialistes, radicaux et indépendantistes. Son gouvernement a fait adopter des réformes progressistes comme la légalisation de l’euthanasie ou du changement de genre dès 16 ans.
Droite et extrême droite s’opposent sur les questions de société
La droite conservatrice du Parti Populaire, favorite dans les sondages mais sans majorité absolue, promet de réduire les impôts et de prolonger la durée de vie du nucléaire. Mais elle s’oppose frontalement aux réformes sociétales adoptées sous Pedro Sanchez, qu’elle qualifie de “lois inspirées des minorités” et promet d’abroger.
De son côté, Vox défend un programme encore plus réactionnaire, rejetant l’existence des violences faites aux femmes, critiquant le “fanatisme climatique” et assumant des positions anti-LGBT et anti-avortement. Une alliance PP-Vox pourrait donc mettre en péril les droits des femmes et des minorités.
L’enjeu européen du renforcement de l’extrême droite
Ces élections seront très suivies à Bruxelles. L’irruption de Vox au pouvoir en Espagne s’inscrirait dans une poussée de l’extrême droite observée dans plusieurs pays européens. Or des réformes majeures comme la politique migratoire de l’UE doivent être votées d’ici 2024.
L’arrivée de Vox au gouvernement espagnol pourrait donc avoir un impact décisif sur l’équilibre politique au Parlement européen. L’inquiétude est d’autant plus vive que Vox est proche du Premier ministre hongrois Viktor Orban, chantre de l’illibéralisme.
En résumé, ce scrutin déterminera non seulement l’avenir politique de l’Espagne, mais aussi l’équilibre des forces au sein de l’Union européenne. La gauche espagnole joue sa survie face à une alliance conservatrice qui pourrait faire revenir l’extrême droite au pouvoir, 48 ans après la mort de Franco.