Guerre en Ukraine : Rébellion de Wagner et implications internationales

Les plans avortés de Prigojine et la mutinerie de Wagner

Selon une enquête du prestigieux journal Wall Street Journal, Evguéni Prigojine, cerveau du groupe paramilitaire Wagner, aurait eu l’intention de kidnapper des hauts responsables russes de la Défense. Son projet aurait été découvert, ce qui aurait déclenché la mutinerie du groupe vendredi soir, affirme le journal. D’après les informations fournies par des responsables occidentaux anonymes, Prigojine aurait visé le ministre de la Défense Sergueï Choïgou et le chef d’état-major Valeri Guérasimov lors d’un déplacement. Cependant, les services de sécurité russes (FSB) ont été informés de ce plan et les deux responsables ont modifié leurs déplacements, contrecarrant ainsi les projets de Prigojine. Cette situation aurait contraint le chef de Wagner à revoir ses plans et à prendre le contrôle du quartier général de l’armée russe à Rostov-sur-le-Don dans la nuit de vendredi à samedi, un centre crucial dans le commandement de la guerre en Ukraine. Après cela, le groupe de mercenaires a entrepris une “marche” en direction de Moscou. Depuis des mois, le chef de Wagner accuse le ministre de la Défense et le chef d’état-major d’incompétence et d’avoir sacrifié des milliers de soldats en Ukraine. Le New York Times indique également que le général russe Sergueï Sourovikine aurait été au courant de ces projets de mutinerie.

Les réactions internationales

Joe Biden qualifie le président russe Vladimir Poutine de “paria” tandis qu’Olaf Scholz le considère “affaibli”. Selon le président américain, Vladimir Poutine est un “paria sur la scène internationale” et il “perd clairement” la guerre en Ukraine. Cependant, Joe Biden estime qu’il est encore trop tôt pour dire si la rébellion avortée du groupe Wagner a affaibli Poutine. La Maison Blanche se montre prudente dans ses commentaires sur les conséquences de cette mutinerie, lorsque les hommes de Wagner se sont emparés de bases militaires et ont parcouru près de 330 kilomètres en direction de Moscou sans rencontrer d’obstacles avant de faire demi-tour. De son côté, le chancelier Olaf Scholz estime que le président russe est “affaibli” et que les structures autocratiques et les organes de pouvoir en Russie sont fragilisés. Selon lui, la rébellion du groupe de mercenaires aura des conséquences à long terme pour la Russie.

La présence de Wagner au Bélarus inquiète les pays voisins. Le président polonais Andrzej Duda estime que les pays voisins de l’OTAN sont menacés par l’arrivée du groupe paramilitaire Wagner au Bélarus. Le Bélarus a annoncé l’arrivée d’Evguéni Prigojine, le chef du groupe Wagner, sur son territoire dans le cadre d’un accord mettant fin à sa rébellion de 24 heures en Russie. Le président Duda a déclaré lors d’une conférence de presse à Kiyv : “Il est difficile pour nous d’exclure que la présence du groupe Wagner au Bélarus constitue une menace potentielle pour la Pologne qui partage une frontière avec le Bélarus, une menace pour la Lituanie […], ainsi que, potentiellement, pour la Lettonie, qui est également voisine du Bélarus”. Il a également ajouté : “À quoi servent réellement les forces du groupe Wagner, donc autant dire l’armée russe, précisément au Bélarus ? Sont-elles destinées à occuper le Bélarus ou à créer une menace supplémentaire depuis le nord envers l’Ukraine, en menaçant d’une attaque potentielle ce pays depuis le Bélarus ? Ou bien est-ce une forme de menace potentielle précisément envers nos pays de l’OTAN, envers la Pologne ?”. Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a demandé à l’OTAN d’affirmer unanimement que si un membre de Wagner mettait un pied sur le territoire de la Lituanie ou de la Pologne, tous les combattants de Wagner seraient détruits, où qu’ils se trouvent.

La position de la France et des États-Unis

La France demande des sanctions supplémentaires contre Wagner. Interrogé au Sénat, Olivier Becht, ministre délégué au ministère des Affaires étrangères, a déclaré : “Nous continuerons à imposer des sanctions européennes rigoureuses pour ses actions en Ukraine comme en Afrique”. Outre l’Ukraine, le groupe Wagner est particulièrement actif en Afrique, notamment au Mali et en Centrafrique. Le ministre a exhorté les pays qui ont eu recours à Wagner et qui pourraient le regretter à se dissocier du groupe, qualifiant ce dernier de “groupe criminel et mafieux” qui utilise des méthodes violentes, prédatrices et manipulatrices. Il a également souligné que là où Wagner est présent, la menace djihadiste s’est renforcée au lieu d’être éradiquée, citant des exemples en Syrie, en Libye, au Mozambique, au Mali et en République centrafricaine. Olivier Becht a assuré que la France ne resterait pas sans réagir. Les États-Unis ont également annoncé qu’ils prendraient de nouvelles “mesures” dès cette semaine contre les activités de Wagner en Afrique, selon le porte-parole du département d’État, Matthew Miller.

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