Les remous chez Nissan : un avantage pour Renault

Renault renforce sa position au sein du conseil d’administration de Nissan

Ce mardi 27 juin, après le départ du numéro 2 de Nissan, Ashwani Gupta, et d’un administrateur, Masakazu Toyoda, Renault voit sa position se renforcer au sein du constructeur japonais.

Une crise de gouvernance chez Nissan

Rivalités, enquêtes internes et démission : Nissan traverse une crise de gouvernance profonde. Cependant, cette situation semble profiter à son partenaire français, Renault. Lors de l’assemblée générale des actionnaires qui se tient aujourd’hui, le PDG de Nissan, Makoto Uchida, présentera le nom de son nouveau numéro deux. Cette nomination succèdera à celle d’Ashwani Gupta, le puissant directeur des opérations et administrateur du groupe, qui quitte officiellement toutes ses fonctions.

Le départ d’Ashwani Gupta est considéré comme une victoire pour les partisans d’une relance de l’Alliance entre Nissan et Renault, fondée il y a 24 ans. Bien qu’ayant débuté sa carrière chez Renault et gravi tous les échelons au sein de l’Alliance, Ashwani Gupta était devenu un des principaux obstacles au projet. Il s’opposait notamment à l’entrée de Nissan au capital d’Ampere, la nouvelle filiale tout électrique de Renault, ainsi qu’au partage de propriété intellectuelle avec le constructeur français.

Makoto Uchida souhaite finaliser l’accord avec Renault

Quatre ans après sa nomination à la tête du groupe Nissan, Makoto Uchida souhaite finaliser l’accord annoncé le 6 février avec Renault. Pour cela, il est prêt à écarter ses rivaux. Selon une source proche du dossier, Ashwani Gupta était devenu très inflexible dans ses négociations, défendant farouchement les intérêts de Nissan. Il occupait une position similaire à celle qu’occupait Carlos Tavares chez Renault à l’époque de Carlos Ghosn : celle d’un numéro deux ayant les capacités pour devenir numéro un.

En mars, des accusations de harcèlement ont été portées contre Makoto Uchida, ce qui aurait conduit ce dernier à diligenter une enquête interne à son encontre. Cette enquête aurait été un moyen pour Uchida de se débarrasser d’un adjoint qui contestait ouvertement son leadership et les concessions qu’il aurait acceptées pour finaliser l’accord avec Renault. Les négociations chez le partenaire français ont été difficiles, avec des tensions entre les deux constructeurs.

Le départ d’un administrateur renforce Renault

Le départ imminent d’un autre administrateur, Masakazu Toyoda, est également bénéfique pour le constructeur français. Masakazu Toyoda, qui occupait une position de pouvoir au sein de Nissan et était prudent quant à la relance de l’Alliance, était perçu comme un lien entre la direction de l’entreprise et l’administration japonaise. En tant que président du comité des nominations au conseil d’administration de Nissan, il avait joué un rôle déterminant dans l’arrestation de Carlos Ghosn en novembre 2018. Selon le Financial Times, une enquête interne aurait été menée sur Toyoda, soupçonné d’avoir outrepassé ses fonctions d’administrateur pour interférer avec la direction opérationnelle. Son départ a été entériné par le comité des nominations, avec le vote de Jean-Dominique Sénart, le président de Renault et de l’Alliance.

Renault renforce sa position au conseil d’administration de Nissan

Jean-Dominique Sénart apparaît aujourd’hui comme le grand bénéficiaire de cette crise. Les résolutions présentées lors de l’assemblée générale des actionnaires indiquent qu’Ashwani Gupta et Masakazu Toyoda ne seront pas remplacés au conseil d’administration de Nissan, qui passera ainsi de 12 à 10 membres. La représentation de Renault au conseil d’administration s’en trouve renforcée, avec désormais 2 administrateurs sur 10 (sans compter Bernard Delmas, considéré comme indépendant mais ayant des liens étroits avec Renault). En revanche, le nombre d’administrateurs nommés par Nissan passe de 3 à 2, renforçant ainsi le camp des partisans de l’Alliance.

Selon un proche des discussions chez Renault, Makoto Uchida dispose désormais d’une plus grande marge de manœuvre pour nommer un nouveau directeur des opérations qui ne contestera pas ses choix et sa stratégie. Cela simplifiera également les négociations avec Nissan, qui auparavant étaient souvent chaotiques. Néanmoins, plusieurs observateurs du dossier soulignent que l’attitude des administrateurs indépendants, qui détiennent la majorité au conseil d’administration de Nissan, sera déterminante pour la suite des événements.

En conclusion, cette crise de gouvernance chez Nissan semble profiter à Renault, qui renforce sa position au sein du constructeur japonais. Les départs d’Ashwani Gupta et de Masakazu Toyoda offrent à Renault une plus grande influence dans les décisions stratégiques de l’Alliance. Cependant, l’avenir de cette relation dépendra de l’attitude des administrateurs indépendants chez Nissan. Il reste donc encore des défis à surmonter pour assurer la stabilité et la réussite de l’Alliance Renault-Nissan.

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