Twitter se désengage du code de conduite de l’UE contre la désinformation, l’Europe répond

Thierry Breton, le commissaire européen à l’Industrie, déclare que Twitter, désormais sous la houlette d’Elon Musk, a choisi de se retirer du code de conduite de l’Union européenne contre la désinformation sur internet. « Nous sommes prêts à appliquer la loi », prévient-il.

Un affrontement en perspective entre Twitter et l’UE ?

Le géant des réseaux sociaux basé aux États-Unis a décidé de se désengager du code de conduite de l’UE contre la désinformation en ligne, selon une déclaration de Thierry Breton, le commissaire européen à l’Industrie, sur le réseau social lui-même, qui est maintenant dirigé par Elon Musk.

“Nous sommes prêts à appliquer la loi”

Pour information, le DSA (Digital Services Act) oblige les plateformes à investir des efforts pour minimiser le danger de la désinformation. La législation prévoit des sanctions pouvant atteindre 6% de leur chiffre d’affaires mondial.

“Nous sommes prêts à appliquer la loi”, ajoute le commissaire européen. Néanmoins, le départ de Twitter n’a pas pris les services de Thierry Breton au dépourvu. Depuis le 25 mai dernier, des rumeurs couraient déjà à ce sujet. D’après des sources européennes, le réseau social dirigé par Elon Musk avait informé la Commission européenne de ses intentions, mais n’avait pas encore officiellement notifié cette décision.

Twitter adopte une politique de modération plus flexible

Depuis son acquisition par le milliardaire Elon Musk il y a six mois, Twitter a assoupli sa politique de modération pour les contenus problématiques et semble avoir renforcé la présence de diffuseurs notoires de désinformation sur la plateforme. Twitter a exprimé une préférence pour laisser sa communauté d’utilisateurs plutôt que des vérificateurs de faits gérer cette question, selon une source européenne. Les rapports qu’il soumettait jusqu’à maintenant sur la désinformation dans le cadre du code de conduite étaient très limités.

“Il serait peut-être préférable qu’il se retire”

Fin avril, Vera Jourova, la vice-présidente de la Commission européenne en charge de la transparence, avait exprimé son malaise grandissant sur Twitter en raison de la propagande russe sur la plateforme. Elle s’était également préoccupée de l’absence de personnel dédié à la lutte contre la désinformation sur Twitter, suite aux licenciements massifs orchestrés par Elon Musk.

“Si (Elon Musk) ne prend pas le code au sérieux, il serait peut-être préférable qu’il se retire”, avait déclaré vendredi un responsable de la Commission européenne interrogé par l’AFP. Mis en place en 2018, le code de conduite européen compte une trentaine de signataires, y compris des géants tels que Meta, Google, Twitter, Microsoft, TikTok, mais aussi des plateformes plus petites, ainsi que des professionnels de la publicité, des vérificateurs de faits et des ONG.

Un nouveau leadership pour Twitter

La décision de Twitter de se désengager du code de l’UE coïncide avec la nomination par Elon Musk, à la mi-mai, de Linda Yaccarino, une figure bien connue des médias et de la publicité américains, à la tête du réseau social. Elle a déjà participé à l’unification de l’ensemble des médias du groupe Comcast au sein d’une même plateforme publicitaire afin de simplifier l’offre aux annonceurs. Avec plus de 30 ans de carrière dans la publicité télévisée, elle devrait apporter à Twitter son expérience et un solide réseau de contacts, à un moment où Twitter pâtit d’un désintérêt des marques.

Des chercheurs menacés sur Twitter quittent la plateforme

Des scientifiques confrontés à une vague d’insultes et même de menaces sur Twitter se retirent maintenant du célèbre réseau social, où le négationnisme climatique a augmenté depuis qu’Elon Musk en a pris le contrôle. Peter Gleick, un expert du climat et de l’eau suivi par près de 99 000 personnes sur Twitter, a annoncé le 21 mai qu’il ne publierait plus de messages sur la plateforme, l’accusant d’exacerber le racisme et le sexisme.

Depuis que Musk a acquis Twitter il y a six mois, la plateforme a assoupli sa modération des contenus problématiques et a permis le retour de personnalités précédemment bannies, comme Donald Trump.

Robert Rohde, de l’association Berkeley Earth, a également analysé l’activité de centaines de comptes de spécialistes très suivis sur la science du climat, avant et après l’acquisition de Twitter. Il a conclu que ces tweets ne recevaient plus la même attention : le nombre moyen de “likes” a diminué de 38% et ils ont été retweetés 40% moins souvent.

Twitter n’a pas commenté directement les changements apportés à ses algorithmes, qui génèrent le trafic et la visibilité sur le réseau. Lorsqu’il a été contacté, le service de presse de l’entreprise a répondu par un courrier électronique généré automatiquement… avec un emoji en forme de crotte.

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