La prématurité, un problème de santé mondial qui perdure
Au cours des dix dernières années, le taux de naissances prématurées n’a pas diminué, une situation qui préoccupe l’Organisation mondiale de la santé (OMS). La prématurité demeure la principale cause de mortalité chez les enfants de moins de cinq ans.
En 2020, environ un bébé sur dix est né prématurément, soit 13,4 millions de bébés dans le monde. Cette statistique n’a pas changé depuis une décennie, souligne l’OMS dans son rapport intitulé « Naître trop tôt : une décennie d’action contre les naissances prématurées ». Ce document, qui comprend des estimations actualisées de l’OMS et de l’UNICEF, a été analysé en collaboration avec la London School of Hygiene and Tropical Medicine.
La prématurité : une définition et des conséquences
La prématurité est définie comme une naissance qui a lieu avant la 37e semaine d’aménorrhée (date des dernières règles de la mère). Elle est responsable de 1 million de décès chaque année. Alors que 90% des bébés nés avant 28 semaines d’aménorrhée survivent dans les pays à revenus élevés, ce taux chute à 10% dans les pays à faibles revenus. La majorité des naissances prématurées (85%) se produisent entre 32 et 37 semaines d’aménorrhée. À ce stade, la survie est possible sans soins intensifs dans des services spécialisés. Cependant, les bébés qui survivent à une naissance prématurée ont un risque accru de retards de développement ou de handicaps.
Une situation préoccupante à travers le monde
En 2020, les pays avec le taux le plus élevé de naissances prématurées étaient le Bangladesh (16,2%), le Malawi (14,5%) et le Pakistan (14,4%), selon le rapport de l’OMS. Cependant, en termes absolus, près de la moitié des bébés prématurés sont nés dans cinq pays : l’Inde, le Pakistan, le Nigeria, la Chine et l’Éthiopie. Plus largement, l’Asie du Sud et l’Afrique subsaharienne présentent les taux les plus élevés de naissances prématurées. Ensemble, ces deux régions représentent plus de 65% des naissances prématurées dans le monde. Certains pays à revenus élevés, comme la Grèce (11,6%) et les États-Unis (10%), ont également un taux élevé de naissances prématurées.
Facteurs aggravants et nécessité d’une action urgente
L’OMS identifie plusieurs facteurs qui augmentent les risques en cas de prématurité, notamment les conflits, le changement climatique, les dommages environnementaux, l’augmentation du coût dela vie et la pandémie de Covid-19. « Il est essentiel de faire des progrès pour prévenir les naissances prématurées. Chaque femme doit avoir accès à des services de santé de qualité avant et pendant la grossesse afin d’identifier et de gérer les risques potentiels », déclare le Dr Anshu Banerjee, Directeur pour la santé maternelle, des nourrissons, des enfants et des adolescents à l’OMS.
La prématurité en France : une « urgence silencieuse »
Cette « urgence silencieuse », comme la décrit l’OMS, concerne également la France, où environ 60 000 bébés naissent prématurément chaque année. Parmi eux, 85% sont des prématurés moyens, 10% sont des grands prématurés (nés avant 7 mois de grossesse) et 5% sont des très grands prématurés (nés avant 6 mois de grossesse). Entre 2016 et 2021, le taux de prématurité n’a pas changé (7,0 %), tout comme la proportion d’enfants pesant moins de 2500 grammes (7,1 %), souligne l’enquête nationale périnatale de 2021.
Les causes de la prématurité : un mystère médical
D’un point de vue médical, il est difficile de comprendre les causes des naissances prématurées. 70% d’entre elles sont spontanées, dues à des contractions précoces sans cause identifiée ou à la rupture prématurée des membranes fœtales, rappelle l’Inserm. Les autres naissances prématurées sont provoquées et ont lieu par césarienne, en raison d’un risque majeur pour la mère ou le fœtus : hypertension artérielle sévère chez la mère, retard de croissance grave du fœtus ou hémorragie maternelle.
La pollution : un facteur de risque de la prématurité
Parmi les facteurs de risque connus de la prématurité figure la pollution : 6 millions de naissances prématurées seraient dues à la pollution de l’air chaque année, rappelle l’OMS. Il est donc essentiel de prendre des mesures pour réduire la pollution de l’air afin de prévenir les naissances prématurées.
Conclusion
Malgré une décennie d’actions, la prématurité reste un problème de santé mondial majeur. Il est essentiel de poursuivre les efforts pour réduire le taux de naissances prématurées et améliorer la survie et la qualité de vie des bébés prématurés. Les actions doivent être ciblées et adaptées à chaque contexte, en tenant compte des facteurs de risque spécifiques à chaque région et à chaque population.