La Grèce, un pays riche en histoire et en tradition, est actuellement en proie à un débat houleux sur la légalisation du mariage homosexuel. Le Premier ministre conservateur Kyriakos Mitsotakis a annoncé son intention de rendre possible le mariage pour les couples de même sexe, mais cette initiative est confrontée à une forte opposition, notamment de la part de l’Église orthodoxe grecque. Cependant, Mitsotakis a précisé que la loi n’autoriserait ni la gestation pour autrui (GPA) ni les techniques de procréation médicalement assistée (PMA) pour les couples homosexuels, ce qui soulève également des questions complexes sur la parentalité. Dans cet article, nous explorerons les enjeux entourant la légalisation du mariage homosexuel en Grèce et les arguments des différentes parties prenantes.
Un Débat Qui Divise
La Grèce, bien que membre de l’Union européenne, a tardé à suivre l’évolution des droits des LGBTQ+ qui s’est produite dans de nombreux autres pays européens. La question de la légalisation du mariage homosexuel reste controversée, et les résistances sont multiples.
Le débat a été récemment ravivé par la baptême de deux bébés à Glyfada, une banlieue d’Athènes, en été 2022. La controverse est née du fait que ces bébés étaient les enfants d’un couple homosexuel composé de deux hommes d’origine grecque et américaine, tous deux bien connus dans l’industrie de la mode à Hollywood. Les enfants ont été baptisés par l’archevêque Elpidoforos d’Amérique, ce qui a suscité l’indignation du bishop local et de la hiérarchie ecclésiastique grecque.
Les Déclarations du Premier Ministre
Face à cette controverse persistante, le Premier ministre Mitsotakis a pris position en faveur de la légalisation du mariage homosexuel. Il a déclaré que la discrimination fondée sur l’orientation sexuelle en matière de mariage devait prendre fin, et que les couples homosexuels devraient avoir les mêmes droits et responsabilités que les couples hétérosexuels. Il a également souligné que cette évolution n’était rien d’autre que ce qui était déjà en vigueur dans la plupart des pays de l’Union européenne.
Cependant, Mitsotakis a spécifié que la nouvelle loi ne permettrait pas la gestation pour autrui ni les techniques de procréation médicalement assistée pour les couples de même sexe. Cette restriction vise principalement à répondre aux préoccupations de l’Église orthodoxe grecque, qui s’oppose à la légalisation du mariage homosexuel en partie parce qu’elle estime que cela pourrait conduire à des questions complexes de parentalité.
L’Opposition de l’Église Orthodoxe Grecque
L’Église orthodoxe grecque a joué un rôle central dans la vie religieuse et culturelle du pays depuis des siècles. Elle a exprimé son opposition ferme à la légalisation du mariage homosexuel, invoquant notamment le droit des enfants à avoir un père et une mère. Dans une encyclique publiée en décembre de l’année précédente, l’Église orthodoxe grecque a affirmé que le mariage entre personnes de même sexe ne respecterait pas ce droit fondamental des enfants. Elle a également rejeté l’idée que les enfants devraient être considérés comme des « accessoires » légitimant une union de même sexe.
Le Premier ministre Mitsotakis a exprimé son respect pour les opinions divergentes, mais il a rappelé que ce n’était pas à l’Église de dicter la politique gouvernementale en matière de mariage.
L’Opinion Publique en Grèce
L’opinion publique en Grèce est également divisée sur la question de la légalisation du mariage homosexuel. Selon un sondage réalisé par l’institut de recherche grec Alco pour la chaîne de télévision privée Alpha, 49 % des Grecs s’opposent à la légalisation du mariage homosexuel, tandis que 35 % y sont favorables. Cette division reflète la profonde polarisation qui existe au sein de la société grecque sur cette question.
De plus, même au sein de son propre parti politique, Mitsotakis ne peut pas compter sur un soutien unanime. Selon les médias grecs, moins de 100 des 158 députés de la Nouvelle Démocratie, le parti conservateur au pouvoir, seraient favorables au projet de loi. Le Premier ministre a cependant plaidé pour que les députés qui ne soutiennent pas le projet s’abstiennent plutôt que de voter contre, afin de garantir une majorité pour la loi.
La Position de l’Opposition
Le principal parti d’opposition, Syriza, soutient la légalisation du mariage homosexuel. En 2015, lorsque Syriza était au pouvoir, le partenariat civil enregistré pour les couples de même sexe a été autorisé. Cependant, Syriza estime que les progrès vont trop lentement. Le leader de Syriza, Stefanos Kasselakis, a déclaré que sa formation avait déjà proposé une loi complète sur les droits des couples de même sexe. Kasselakis lui-même est marié à un homme et le couple a exprimé publiquement son désir d’avoir des enfants grâce à une mère porteuse.
La légestlation grecque permet actuellement la gestation pour autrui, mais uniquement pour les couples hétérosexuels et les femmes célibataires, sous certaines conditions médicales strictes, et sans rémunération. Cependant, il existe des préoccupations quant à la possibilité d’exploitation et de pratiques lucratives dans ce domaine. Mitsotakis a cependant fermement déclaré que la législation sur la procréation médicalement assistée ne serait pas modifiée pour permettre aux femmes d’être transformées en « machines à produire des enfants » sur demande.
Conclusion
Le débat sur la légalisation du mariage homosexuel en Grèce est complexe et émotionnellement chargé. Les enjeux touchent à la fois aux droits des couples de même sexe et à la question de la parentalité. La position du Premier ministre Mitsotakis en faveur de la légalisation est confrontée à de nombreuses oppositions, notamment de la part de l’Église orthodoxe grecque et de certains membres de son propre parti. Le résultat final de ce débat reste incertain, mais il reflète les tensions persistantes entre tradition et progrès dans la société grecque moderne.