Boire de l’eau est vital pour l’organisme. Pourtant, une consommation excessive d’eau en peu de temps peut s’avérer mortelle, comme l’illustre le cas dramatique d’Ashley Summers, une Américaine de 35 ans décédée après avoir bu 2 litres d’eau en 20 minutes. Décryptage d’un phénomène méconnu : l’intoxication à l’eau.
Le 6 juillet 2023, Ashley Summers, mère de deux enfants, perd la vie à son domicile dans l’Indiana, quelques heures après être rentrée d’une journée en famille au lac Freeman. Ressentant une sensation de déshydratation, elle ingurgite l’équivalent de 2 litres d’eau en petites bouteilles en l’espace de 20 minutes, avant de perdre connaissance. Malgré une prise en charge médicale d’urgence, son état se dégrade rapidement. Elle décède à l’hôpital des suites d’un œdème cérébral provoqué par l’excès d’eau.
Une quantité d’eau excessive dangereuse pour l’organisme
S’il est recommandé de boire entre 1,3 et 2 litres d’eau par jour, une consommation excessive en peu de temps peut s’avérer nocive. En temps normal, les reins filtrent l’eau et éliminent l’excès via l’urine. Mais avec une trop grande quantité ingurgitée rapidement, ils n’y parviennent plus.
L’eau en surplus dilue alors le sang, faisant baisser la concentration en sodium. Les cellules gonflent, y compris les cellules cérébrales, entraînant maux de tête et augmentation de la pression intracrânienne. Faute de traitement, le manque d’oxygénation du cerveau provoque des lésions irréversibles, puis la mort.
Pourquoi l’excès d’eau est-il dangereux ?
L’eau représente 60% du poids corporel. Elle est indispensable à de nombreuses fonctions physiologiques : digestion, circulation sanguine, élimination des déchets… Un apport hydrique suffisant permet de maintenir l’équilibre des fluides corporels.
Cependant, cet équilibre délicat peut être rompu en cas d’apport excessif et rapide en eau. Le sang se retrouve « dilué », avec une baisse de la concentration en sodium. Or le sodium est vital pour de nombreux processus cellulaires. Son déficit entraîne un dysfonctionnement des cellules, et notamment des cellules cérébrales.
Quels sont les symptômes de l’intoxication à l’eau ?
Les premiers signes d’intoxication hydrique sont des maux de tête, des nausées, des vomissements, de la confusion mentale et des vertiges. Puis surviennent des troubles de l’élocution, des crampes musculaires, une somnolence excessive, voire des convulsions.
En l’absence de traitement, l’œdème cérébral s’aggrave, conduisant au coma puis au décès. La prise en charge médicale doit être extrêmement rapide pour espérer un rétablissement complet.
Un trouble méconnu : l’intoxication à l’eau
Le phénomène à l’origine du décès d’Ashley Summers se nomme intoxication à l’eau, ou hyponatrémie. Assez méconnu du grand public, il survient généralement chez des personnes ayant bu plus de 3 à 4 litres d’eau en quelques heures, notamment des sportifs voulant à tout prix s’hydrater.
Des cas ont également été rapportés avec des consommations moindres, de l’ordre de 1 à 2 litres mais absorbés trop vite. Le trouble reste néanmoins très rare : environ 20 décès par an sont recensés aux États-Unis. La prévention passe avant tout par la modération dans la consommation d’eau, même en cas de sensation de soif.
Qui est le plus à risque d’intoxication hydrique ?
Certaines populations sont plus vulnérables face à un excès d’apport en eau :
- Les sportifs, notamment les marathoniens, souhaitant compenser à tout prix la perte hydrique due à l’effort physique.
- Les personnes âgées, dont les mécanismes de régulation de la soif sont altérés.
- Les patients souffrant d’affections entraînant une excrétion accrue d’hormone antidiurétique (SIADH).
- Les personnes atteintes de troubles psychiatriques avec polydipsie (besoin compulsif de boire fréquemment).
Une information claire sur les risques liés à la surconsommation d’eau auprès de ces publics sensibles est essentielle.
Le choc pour la famille endeuillée
Pour l’oncle d’Ashley Summers, présent au domicile, la mort subite de la jeune femme quelques minutes après qu’elle ait bu une quantité inhabituelle d’eau a été un véritable choc, d’autant qu’elle se sentait seulement déshydratée.
Son décès brutal laisse dans le deuil son mari et ses deux jeunes enfants. Cette tragédie rappelle cruellement que même un geste simple comme boire de l’eau peut avoir des conséquences fatales si l’organisme est poussé dans ses retranchements.
Elle souligne aussi la nécessité de sensibiliser le public aux risques méconnus de l’intoxication à l’eau, afin que de tels drames ne se reproduisent pas. Des campagnes d’information ciblant en priorité les populations à risque sont nécessaires. Les pouvoirs publics ont un rôle crucial à jouer dans ce domaine.