Un nouveau rapport commandé par les défenseurs de l’environnement Greenpeace suscite des inquiétudes concernant les émissions de CO2 générées par les jets privés en Europe. Le rapport intitulé « Les émissions de CO2 de l’aviation privée en Europe », réalisé par le cabinet de conseil environnemental néerlandais CE Delft, affirme que les jets privés ont émis environ 3 385 538 tonnes de CO2 en 2022, soit plus du double de celles de 2021. De plus, le nombre total de vols de jets privés en Europe a atteint 572 806, soit plus de 1,5 fois le nombre de vols enregistrés en 2021.
Réfutation des résultats
Suite à la publication du rapport, l’Association européenne de l’aviation d’affaires (EBAA) a vivement réagi en contestant ses conclusions. L’EBBA accuse Greenpeace de « diffuser des données trompeuses sur l’aviation d’affaires » et de ne pas prendre en compte les informations d’avant la pandémie, créant ainsi une « image déformée ». Selon l’EBBA, l’aviation d’affaires en Europe a connu une croissance de 7 % entre 2019 et janvier 2023, et non de 64 % comme le suggère le rapport. Un porte-parole de l’EEBA a déclaré : « Greenpeace compare le nombre de vols d’affaires européens à un point historiquement bas pendant la crise du COVID-19, plutôt qu’à une année normale sans restrictions de voyage. Cela crée une image de croissance explosive qui ne s’est pas réellement produite ». L’EBBA affirme également que l’aviation d’affaires représente seulement 0,04 % des émissions mondiales de CO2 et que, contrairement à ce que pense Greenpeace, l’industrie des jets privés contribue en réalité à « promouvoir la durabilité de l’aviation ».
Les itinéraires les plus fréquentés
Selon les données de CE Delft, les itinéraires de jets privés les plus fréquentés en Europe en 2022 étaient les suivants :
- Londres-Paris ou Paris-Londres : 3 357 vols, émissions de CO2 de 9 629 tonnes
- Nice-Londres ou Londres-Nice : 2 896 vols, émissions de CO2 de 15 435 tonnes
- Paris-Genève ou Genève-Paris : 2 745 vols, émissions de CO2 de 6 916 tonnes
- Paris-Nice ou Nice-Paris : 2 311 vols, émissions de CO2 de 8 615 tonnes
- Genève-Londres ou Londres-Genève : 1 997 vols, émissions de CO2 de 8 008 tonnes
- Genève-Nice ou Nice-Genève : 1 671 vols, émissions de CO2 de 3 886 tonnes
- Rome-Milan ou Milan-Rome : 1 667 vols, émissions de CO2 de 5 358 tonnes
- Milan-Londres ou Londres-Milan : 1 355 vols, émissions de CO2 de 6 235 tonnes
- Londres-Farnborough ou Farnborough-Londres : 1 343 vols, émissions de CO2 de 2 692 tonnes
- Londres-Amsterdam ou Amsterdam-Londres : 1 298 vols, émissions de CO2 de 3 219 tonnes
Les aéroports les plus fréquentés
Les données ont également révélé que l’aéroport de Nice Côte d’Azur (34 710) était l’aéroport le plus fréquenté par les jets privés en 2022. Le deuxième était l’aéroport de Paris-Le Bourget (33 496), suivi de l’aéroport de Genève (28 630) et de l’aéroport de Londres Luton (24 359).
Des vols de courte distance problématiques
Les données de CE Delft ont montré qu’il y a eu 3 093 vols de jets privés sur des distances de moins de 100 km en Europe l’année dernière. De plus, le rapport a révélé qu’en 2022, il y a eu 13 vols de jets privés entre Blackbushe et Farnborough, dans le Hampshire, deux aéroports situés à seulement 7,4 km l’un de l’autre.
L’impact environnemental des jets privés
Les propos de Doug Parr, directeur des politiques chez Greenpeace UK, sont clairs concernant l’impact environnemental des jets privés. Il déclare que « les jets privés sont extrêmement polluants et généralement inutiles. Beaucoup de ces trajets peuvent être parcourus presque aussi rapidement en train, voire certains d’entre eux à vélo ». Il souligne également que des millions de personnes dans le monde font face au chaos climatique, perdent leur gagne-pain ou pire encore, pendant qu’une infime minorité brûle du carburant d’avion comme s’il n’y avait pas de lendemain.
La nécessité d’une transition vers des transports à faible émission de carbone
Face à l’urgence climatique, de nombreux experts estiment qu’il est nécessaire de revoir nos modes de transport et de privilégier des alternatives à faible émission de carbone. Les jets privés, en raison de leur impact environnemental élevé, sont de plus en plus critiqués et remis en question quant à leur utilisation. Alors que la lutte pour atteindre les objectifs de zéro émission nette s’intensifie, les gouvernements doivent prendre des mesures concrètes pour limiter l’utilisation des jets privés et promouvoir des solutions de transport plus durables.
Conclusion
Les émissions de CO2 des jets privés en Europe représentent un défi environnemental majeur. Le rapport de CE Delft commandé par Greenpeace met en lumière l’ampleur du problème et suscite un débat sur la nécessité de réduire l’utilisation des jets privés au profit de moyens de transport plus respectueux de l’environnement. La transition vers une aviation plus durable est une étape cruciale dans la lutte contre le changement climatique et la réalisation d’un avenir plus vert pour notre planète.