Un consensus difficilement obtenu pour réduire la production pétrolière
Après des débats tendus, les pays membres de l’OPEP (Organisation des pays exportateurs de pétrole) ont finalement trouvé un terrain d’entente pour diminuer leurs cibles de production pétrolière de 1,4 million de barils par jour supplémentaires à partir de 2024. L’Arabie saoudite, à la pointe de ces négociations, a décidé d’aller au-delà en réduisant son extraction pétrolière d’un million de barils par jour dès juillet. Cette décision pourrait même être prolongée après le mois de juillet, selon les explications du ministre saoudien de l’Energie, le prince Abdelaziz ben Salman.
Le prince a en outre annoncé que son pays étendrait son programme de diminution volontaire de production de 500 000 barils par jour jusqu’en 2024. En conséquence, la production saoudienne de pétrole devrait chuter à 9 millions de barils par jour en juillet, soit son plus bas niveau depuis juin 2021.
Dissensions internes et tensions internationales
Ces négociations ardues s’inscrivent dans un contexte de désaccords entre l’Arabie saoudite et la Russie, et également au sein de l’OPEP elle-même. En effet, les pays africains tels que le Nigeria, le Gabon ou l’Angola se sont trouvés contraints de céder. Les niveaux de production, à partir desquels sont fixés les quotas, seront réévalués, entrant en vigueur en 2024. Or, les pays africains produisent déjà actuellement bien en deçà de leurs capacités théoriques. Par conséquent, une modification dans les méthodes de calcul pourrait réduire leur marge de manœuvre.
Les tensions ont également été exacerbées lorsque l’OPEP a refusé l’accréditation à plusieurs médias internationaux, tels que Reuters, Bloomberg ou encore le Wall Street Journal, pour assister à la réunion, alimentant ainsi les spéculations sur une possible guerre d’influence entre l’Arabie saoudite et les États-Unis.
Quel impact sur les marchés?
Il reste à voir comment les marchés réagiront à ces décisions. Récemment, les analystes ont souligné que seule une diminution significative et durable des quotas de production aurait un impact réel sur les prix. En anticipant les décisions pour l’année prochaine, l’OPEP cherche à apporter de la clarté et à instaurer l’idée d’une offre plus restreinte. La modification des méthodes de calcul des quotas de production s’inscrit dans cette même perspective.
En avril dernier, les cours du pétrole avaient augmenté suite à la décision inattendue de l’OPEP de réduire leur production. Les marchés avaient été pris par surprise, provoquant une hausse des prix, avec le baril de Brent dépassant les 85 dollars. Cependant, les craintes d’une récession mondiale et la baisse de la demande chinoise ont entraîné une baisse des prix. Avant la réunion de ce week-end, le baril de Brent se négociait légèrement au-dessus de 76 dollars.
Toutefois, il reste à voir si ces mesures réussiront à enrayer la tendance à la baisse des prix du pétrole, et si elles seront suffisantes pour apporter une stabilité durable à ce marché.
Une situation complexe et incertaine
Alors que l’Arabie saoudite s’engage dans une réduction de sa production, d’autres pays de l’OPEP, dont la Russie, semblent moins enclins à suivre cette tendance. De plus, les pays africains, déjà en difficulté, pourraient voir leur marge de manœuvre réduite par les changements dans les méthodes de calcul des quotas.
Malgré les tensions et les incertitudes, un accord a finalement été trouvé au sein de l’OPEP. Cependant, l’avenir de l’organisation et l’impact de cet accord sur les marchés mondiaux restent à déterminer.
Ce qui est sûr, c’est que le pétrole reste au cœur des enjeux économiques et géopolitiques mondiaux, et que les décisions de l’OPEP continueront à avoir un impact majeur sur l’économie mondiale.