Introduction : La Méditerranée, Un échiquier Politique Chaud Bouillant
La Méditerranée est bien plus qu’une mer à l’eau turquoise où les touristes aiment se dorer la pilule. C’est aussi un terrain politique complexe, un véritable échiquier où se jouent des parties cruciales entre pays européens, surtout en ce qui concerne les réfugiés. Récemment, Giorgia Meloni, la Première ministre italienne, a présenté un plan controversé pour gérer les flux migratoires. Entre sécurité, énergie, et diplomatie, il est devenu le sujet phare du Conseil européen, soulevant une vague de débats passionnés.
Le « Plan Mattei » : Le Retour en Afrique d’une Italie Ambitieuse
Le plan de Giorgia Meloni, surnommé « Plan Mattei », fait écho au rêve de relancer une véritable « politique africaine » pour l’Italie. Meloni semble vouloir dépoussiérer les relations entre l’Italie et l’Afrique, souvent basées sur les besoins énergétiques. Après tout, si l’on regarde la situation avec un peu d’humour, disons que l’Italie et l’Afrique, c’est un peu comme ces deux potes qui s’appellent surtout quand l’un a besoin de quelque chose. ENI, le géant italien de l’énergie, est au cœur de cette dynamique : d’abord le gaz russe, puis l’Afrique pour répondre à la demande italienne qui était en plein boom pendant la guerre en Ukraine.
La conférence Italie-Afrique de janvier 2024 n’est que l’un des éléments du Plan Mattei. Elle marque une étape importante dans la tentative de l’Italie de développer une stratégie claire vis-à-vis du continent africain. Jusque-là, il faut bien avouer que la « politique africaine » de l’Italie était plutôt chaotique, souvent improvisée en fonction des besoins du moment. Mais Meloni entend changer cette dynamique.
ENI et la Diplomatie : Quand l’énergie dicte la Politique
Lorsqu’on parle de ce plan, impossible de ne pas mentionner ENI. Ce groupe est un acteur clé dans la stratégie italienne en Afrique, notamment en ce qui concerne l’énergie. ENI n’a pas attendu Giorgia Meloni pour explorer d’autres sources de gaz hors de Russie, mais il est clair que la Première ministre veut donner un cadre politique plus visible à cette réorientation vers le sud. Pour faire simple : à chaque fois que la Russie éternue, l’Europe attrape un rhume énergétique, et l’Italie est en première ligne.
Pour beaucoup d’Italiens, le Plan Mattei est une nécessité plutôt qu’un choix. Avec la guerre en Ukraine et la crise énergétique qui s’en est suivie, l’Italie a besoin de diversifier ses sources d’énergie et, pour cela, l’Afrique est une cible naturelle. Mais la stratégie n’est pas sans risque, notamment pour une entreprise comme ENI qui aime opérer dans l’ombre plutôt que sous les projecteurs.
Le Rôle des Organisations non Gouvernementales et de l’Église
Outre les entreprises publiques comme ENI, de nombreuses organisations non gouvernementales (ONG) sont très présentes en Afrique, souvent issues du milieu catholique. Ces associations ont un impact considérable sur le terrain, créant des liens entre l’Italie et de nombreux pays africains. Le rôle de la communauté de Sant’Egidio est ici notable. Ce mouvement laïc lié au Saint-Siège a souvent agi en diplomate de l’ombre, participant à des négociations de paix comme ce fut le cas au Mozambique en 1992.
Les missionnaires comboniens sont un autre exemple de cette implication. Ancrés en Afrique depuis de nombreuses années, ils ont une compréhension approfondie des dynamiques locales. On peut presque dire qu’ils ont mis le « catholique » dans la « politique africaine » italienne, en jouant un rôle à la fois pastoral et politique.
Une Tentative de Gérer la Migration à la Source
Un des points centraux du plan de Meloni est de gérer les flux migratoires directement à la source. Cette approche, déjà défendue par Marco Minniti lorsqu’il était ministre de l’Intérieur sous Gentiloni, consiste à s’attaquer aux causes des migrations plûtôt qu’à leurs conséquences. C’est un peu comme essayer de colmater une fuite d’eau en fermant le robinet au lieu de simplement éponger la flaque au sol.
Meloni, toutefois, va plus loin en présentant ce plan sous un angle nationaliste. Selon elle, gérer les flux migratoires est une question de sécurité nationale et de souveraineté. Elle présente donc le Plan Mattei comme une mesure nécessaire non seulement pour assurer la stabilité de l’Italie, mais aussi pour préserver la culture italienne face à ce qu’elle perçoit comme une « crise » migratoire.
Les Critiques Face au Plan Mattei
Malgré les bonnes intentions affichées, le Plan Mattei n’est pas sans créer de polémique. Certains y voient une nouvelle manière de redorer le blason d’une politique migratoire jugée trop sévère, d’autres une tentative d’ingérence en Afrique. La volonté de Giorgia Meloni de « contrôler les migrations à la source » rappelle à certains les pires heures de l’histoire coloniale où l’Europe considérait l’Afrique comme son propre terrain de jeu.
Du côté de l’opposition politique italienne, on reproche au gouvernement Meloni une absence de véritable plan de développement pour l’Afrique. Pour beaucoup, il s’agit plutôt d’une stratégie visant à garantir l’accès aux ressources énergétiques qu’à améliorer les conditions de vie des populations locales.
L’Europe Divisée sur la Question des Réfugiés
Le Plan Mattei a aussi été au centre des débats du Conseil européen. Et, comme toujours lorsqu’il s’agit de migration, les pays européens ont des avis bien divergents. Tandis que des pays comme la France et l’Allemagne prônent une politique plus ouverte basée sur la solidarité, l’Italie (suivie de près par d’autres pays du Sud de l’Europe) fait pression pour une approche plus restrictive et pragmatique.
Il est intéressant de noter que la diplomatie italienne tente de présenter le Plan Mattei comme un modèle pour toute l’Europe. En gros, Giorgia Meloni voudrait bien que les autres pays européens fassent un peu plus leur part du travail, ou au moins qu’ils cessent de critiquer les efforts de l’Italie sans proposer de solution.
Une Relance du Débat sur la Coopération Internationale
Derrière la question migratoire, le Plan Mattei pose la question plus large de la coopération internationale. Pour Giorgia Meloni, l’idée est simple : plus d’investissements en Afrique pourraient réduire les flux migratoires. Mais la réalité est plus complexe. La pauvreté n’est pas le seul facteur qui pousse les gens à quitter leur pays. Les conflits armés, la corruption, le manque de perspectives sont autant de facteurs qui incitent des milliers de personnes à prendre la route de l’exil, souvent au péril de leur vie.
Il y a une forme d’idéalisation dans le discours italien, comme si un simple coup de baguette magique (ou plutôt de financement européen) pouvait résoudre des problèmes structurels qui existent depuis des décennies. Cependant, si les intentions sont louables, il est clair que la route est encore longue.
Conclusion : Le Plan Mattei, Une Solution ou une Illusion ?
En fin de compte, le Plan Mattei de Giorgia Meloni est une initiative ambitieuse qui vise à repositionner l’Italie sur l’échiquier africain et européen. L’accent mis sur la sécurité, l’énergie, et la gestion des flux migratoires fait du plan un sujet de polémique à la fois en Italie et à l’échelle européenne.
Bien que Meloni prétende que le Plan Mattei puisse résoudre les problèmes à la source, il reste beaucoup d’incertitudes quant à son impact réel sur le terrain. L’approche est-elle vraiment viable, ou n’est-ce qu’une tentative d’attirer l’attention sur une nouvelle forme de « diplomatie énergétique » ? L’histoire seule pourra le dire.