Une décision attendue
Alors que l’économie européenne continue de stagner, la possibilité d’une baisse des taux directeurs de la Banque Centrale Européenne (BCE) pour stimuler la croissance gagne en crédibilité. Après avoir maintenu les taux inchangés lors de sa dernière réunion, Christine Lagarde, la présidente de la BCE, a récemment déclaré lors d’une interview sur CNN que la prochaine évolution des taux serait à la baisse. Cette annonce a été accueillie avec attention par les marchés financiers et les économistes du monde entier.
Une tendance à la baisse
Depuis le début de l’année 2022, la BCE a augmenté ses taux directeurs à dix reprises consécutives pour lutter contre l’inflation qui avait grimpé en raison de l’invasion russe en Ukraine. Cependant, après cette série de hausses, la BCE a marqué une pause, maintenant son taux principal d’intérêt à un niveau record de 4%. Cette pause était en partie due au ralentissement de l’inflation, qui est progressivement retournée vers l’objectif de 2% de la BCE, synonyme de stabilité des prix. En décembre, l’inflation était descendue à 2,9%, ce qui a renforcé la conviction que l’Europe était en train de glisser vers une tendance déflationniste.
Prévisions optimistes
Le gouverneur de la Banque de France, Villeroy de Galhau, a également exprimé son optimisme quant à une baisse de l’inflation et a estimé que celle-ci devrait revenir à 2% au plus tard l’année prochaine. Ces prévisions optimistes semblent renforcer l’idée que la BCE pourrait réduire les taux pour stimuler l’économie.
Calendrier de la baisse des taux
La question qui se pose maintenant est de savoir quand la BCE prendra cette décision. Christine Lagarde a mentionné la possibilité d’une baisse des taux “aux alentours de juin”, mais plusieurs analystes tablent sur une réduction dès le mois d’avril. Les investisseurs ont interprété le manque d’opposition de Lagarde aux suggestions de baisse des taux à partir d’avril comme un signal fort en faveur de cette option. Cette interprétation est soutenue par d’autres membres du conseil des gouverneurs de la BCE, tels que Peter Kazimir, qui ont évoqué une première réduction de taux d’ici avril ou juin.
Pression sur l’économie européenne
La BCE se retrouve sous pression en raison de la faible performance de l’économie européenne. En 2023, la croissance de la région n’a atteint que 0,5%, bien en deçà de la vigueur de l’économie américaine. Plusieurs facteurs sont responsables de cette situation, notamment les taux d’intérêt élevés imposés par la BCE. Ces taux ont entravé l’investissement et la consommation des entreprises et des ménages, tandis que les exportations ont été affectées par la demande mondiale en baisse.
Comparativement, les États-Unis ont enregistré une croissance économique de 2,5% en 2023, ce qui contraste fortement avec la situation en Europe. La Réserve fédérale américaine envisage également une baisse de ses taux, après avoir augmenté les taux à plusieurs reprises pour lutter contre l’inflation. Cette décision sera au centre des discussions monétaires aux États-Unis, avec des perspectives divergentes sur le moment où elle pourrait être mise en œuvre.
Pression politique aux États-Unis
Aux États-Unis, la pression politique liée à la politique monétaire commence également à se faire sentir. Le président américain Joe Biden a fait de la réussite économique l’un de ses principaux objectifs de campagne, tandis que son principal concurrent républicain, Donald Trump, le critique fortement sur ce sujet. Malgré des chiffres de chômage favorables et une croissance économique solide, de nombreux Américains ne sont pas satisfaits de l’état de l’économie et de sa gestion par Joe Biden. La hausse des taux d’intérêt a augmenté le coût des emprunts, en particulier les prêts immobiliers, tandis que l’inflation a érodé le pouvoir d’achat des ménages, malgré des augmentations de salaires générales.
Conclusion
En résumé, la BCE envisage sérieusement une baisse des taux pour stimuler l’économie européenne en stagnation. La décision dépendra du calendrier, mais de plus en plus d’indicateurs semblent pencher en faveur d’une réduction des taux dès avril. Les pressions économiques et politiques influencent également les décisions des banques centrales aux États-Unis et en Europe, ce qui rend les prochains mois cruciaux pour l’évolution des taux d’intérêt et de l’économie mondiale.