L’avenir incertain de l’industrie solaire européenne : Meyer Burger envisage la fermeture de son usine en Allemagne

La menace qui plane sur l’industrie solaire européenne

Meyer Burger, un acteur majeur en péril

L’industrie solaire européenne fait face à une période d’incertitude alors que le fabricant de panneaux photovoltaïques suisse, Meyer Burger, envisage sérieusement la fermeture de son usine située à Freiberg, en Allemagne. Cette nouvelle a envoyé des ondes de choc à travers le secteur, mettant en lumière les défis auxquels est confrontée l’Europe dans sa quête pour relancer son industrie solaire.

Le groupe suisse a annoncé son intention de se concentrer sur une croissance rentable sur le marché américain, invoquant la détérioration de l’environnement de marché en Europe comme justification à cette décision. Cette annonce est un coup dur pour l’Europe qui aspire à renforcer son empreinte dans le domaine de l’énergie solaire photovoltaïque.

Une fermeture aux conséquences potentiellement dévastatrices

Pour l’instant, seul le site de production de modules solaires employant 500 personnes est concerné par ce projet de fermeture. La décision finale devrait être prise fin février, mais elle représente déjà un symbole fort de l’incertitude qui plane sur l’industrie solaire européenne. La fermeture d’une usine de pointe qui a été mise en service il y a moins de trois ans est une mesure que Meyer Burger aurait préféré éviter. Cependant, en l’absence d’engagements à long terme de la part des législateurs en faveur de conditions de concurrence équitables, le groupe suisse est contraint de mettre en œuvre son plan de réduction des pertes.

La concurrence chinoise agressive

Cette décision de Meyer Burger intervient à un moment où les fabricants chinois de panneaux solaires continuent de faire chuter les prix de manière très agressive en Europe. Selon les experts du cabinet Wood Mackenzie, les coûts de production des modules solaires chinois ont chuté de 42 % en 2023, atteignant désormais 0,15 dollar par watt. Cela se produit alors que les États-Unis ont fermé leur marché aux produits à bas prix en provenance de Chine, attirant ainsi de nombreuses nouvelles usines de panneaux grâce à l' »Inflation Reduction Act ». La production chinoise dépasse de loin la demande européenne, sauf si l’on exclut les États-Unis et la Chine, qui ont tous deux fermé leurs marchés.

Les difficultés budgétaires en Allemagne

Pour Meyer Burger, les difficultés actuelles s’ajoutent à une situation déjà précaire en raison de la crise budgétaire en Allemagne. Le groupe suisse avait espéré recevoir d’importantes subventions pour soutenir son activité, mais celles-ci ne lui ont finalement pas été accordées. Cette situation illustre les défis financiers auxquels sont confrontés de nombreux acteurs de l’industrie solaire en Europe.

Les enjeux du « Net Zero Industry Act »

La menace de fermeture de Meyer Burger survient à un moment crucial où les débats font rage autour du « Net Zero Industry Act ». Cette réglementation vise à permettre à l’Europe de rattraper son retard par rapport à la Chine, qui a dominé l’industrie solaire mondiale. Bien que le Parlement européen ait adopté un texte exigeant que les pièces fabriquées en Chine ne représentent pas plus de 50 % du contenu total des technologies vertes vendues en Europe, sous peine d’exclusion des appels d’offres, le Conseil a quant à lui approuvé un texte moins ambitieux sur ce point.

Le débat entre les acteurs de l’énergie et de l’industrie

Dans cette bataille, les acteurs de l’industrie de l’énergie ne sont pas tous alignés sur la même trajectoire. L’association SolarPower Europe, qui réunit des développeurs de projets solaires, plaide en faveur de critères moins restrictifs, craignant que des exigences trop strictes ne compromettent la transition énergétique en cours. Certains qualifient même l’association de « SolarPower China » en raison de son insistance pour l’installation de panneaux solaires, quelle que soit leur origine.

La France et ses projets d’usines

En France, la question revêt une importance particulière dans le cadre de la relance verte souhaitée par le gouvernement. Deux projets d’usines visant à relancer la production de panneaux solaires sont en cours, l’un mené par la société Carbon à Fos-sur-Mer et l’autre par Holosolis à Sarreguemines. Ces projets ont pour objectif de maintenir une production intégrée, contrairement à Meyer Burger, qui est confronté à des difficultés liées à sa stratégie.

L’avenir en suspens

L’avenir de l’industrie solaire européenne est en suspens alors que Meyer Burger envisage la fermeture de son usine en Allemagne. Les défis auxquels est confronté ce secteur sont nombreux, allant de la concurrence chinoise agressive aux difficultés budgétaires en Allemagne. Le débat sur le « Net Zero Industry Act » illustre les divergences d’opinion au sein de l’industrie de l’énergie et de l’industrie solaire européenne. La France tente de faire sa part en lançant des projets d’usines pour soutenir la production nationale de panneaux solaires. L’avenir de cette industrie dépendra en fin de compte des décisions politiques prises à Bruxelles et de la capacité de l’Europe à relever le défi posé par la Chine sur le plan solaire.

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