Boeing : Le Défi Entre la Finance et l’Ingénierie

La Culture d’Entreprise de Boeing en Question

Un Nouveau Drame pour les 737 MAX

La récente catastrophe évitée à bord d’un Boeing 737 MAX 9 d’Alaska Airlines a mis en lumière les problèmes persistants chez l’avionneur américain. Cette série de déboires rappelle les tragédies de 2018 et 2019, impliquant ces mêmes appareils et ayant coûté la vie à de nombreuses personnes. Le PDG de Boeing, David Calhoun, a reconnu les erreurs, mais la confiance en la compagnie est brisée, alimentant les doutes quant à sa priorité entre les profits et la sécurité.

Une Culture d’Entreprise en Mutation

Le virage culturel de Boeing s’est opéré au tournant du siècle, avec l’ascension d’Airbus, qui n’était alors pas pris au sérieux par la firme américaine. La devise “travailler ensemble” a été progressivement remplacée par “davantage pour moins cher”. Boeing est passé d’une culture d’ingénieurs à une culture de financiers et de commerciaux. Malgré ses problèmes, sa valeur boursière dépasse celle d’Airbus.

Un Tournant en 2000

L’année 2000 a marqué un tournant décisif pour Boeing. Une grève majeure de 23 000 ingénieurs à Seattle a conduit à un divorce entre les ingénieurs syndiqués et la direction. Cette dernière a décidé de déplacer son siège à Chicago, loin de ses centres de production. Cette décision s’est accompagnée d’une politique d’économies drastiques, notamment pour les nouveaux projets.

Des Projets Ambitieux, des Budgets Serrés

Si le lancement du Boeing 777 avait été un succès dans les années 1990, le projet du 787 Dreamliner a été caractérisé par un budget 60 % inférieur à celui du 777. La production a été délocalisée en Caroline du Sud, un État non syndiqué aux salaires plus bas, mais la formation des techniciens a posé problème. En Europe, Airbus a dû monter en gamme et en automatisation pour rester compétitif.

Les Défis Face à Airbus

La demande de moyen-courriers a explosé, favorisant Airbus avec ses A320 moins coûteux que les 737 de Boeing. En 2010, le PDG de Ryanair a même proposé d’acheter 300 Boeing 737 à un prix 20 % inférieur au coût de revient. American Airlines a également menacé de préférer l’A320. Plutôt que de concevoir un nouvel appareil, Boeing a choisi de moderniser ses 737, mais le projet a été mal conçu, nécessitant un logiciel pour corriger les déséquilibres causés par des moteurs plus gros.

Les Négligences et l’Externalisation

Boeing a également négligé les exigences des compagnies aériennes low-cost américaines, qui souhaitaient que leurs pilotes puissent passer d’un modèle à l’autre sans formation coûteuse. L’entreprise a prétendu à tort que les pilotes n’avaient pas besoin de formation spécifique pour piloter les 737 MAX, ce qui a contribué aux tragédies de Lion Air et d’Ethiopian Airlines. Pendant ce temps, Boeing a racheté ses propres actions pour soutenir sa valeur boursière, rémunéré généreusement ses dirigeants et externalisé autant que possible.

Un Intérêt Croissant pour la Défense

La question se pose : Boeing se soucie-t-il encore de l’aéronautique civile ? Depuis sa fusion avec McDonnell Douglas en 1997, l’entreprise semble s’intéresser de plus en plus à la commande militaire. En 2003, une étude a révélé que la partie civile de l’action ne valait que 3 dollars sur un total de 35 dollars. Les contrats militaires, avec leurs avances, sont nettement plus confortables. Le récent déménagement du siège de Chicago à Washington en 2022 confirme que la direction accorde désormais la priorité aux relations avec le Pentagone et au lobbying politique, laissant les ingénieurs de plus en plus éloignés de la décision.

Conclusion

Le défi de Boeing réside désormais dans sa capacité à rétablir la confiance perdue. La transition vers une culture d’entreprise axée sur la finance a eu des conséquences dévastatrices sur la qualité et la sécurité des produits. Pour que Boeing retrouve son lustre d’antan, il devra peut-être revenir à ses racines d’ingénierie et rétablir l’équilibre entre les impératifs financiers et la sécurité aérienne.

Méta description : Découvrez l’évolution de la culture d’entreprise chez Boeing, les défis rencontrés face à Airbus, et la priorité accordée à la défense plutôt qu’à l’aéronautique civile. Complete article.

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