La visite présidentielle qui pourrait tout changer
Le président français, Emmanuel Macron, effectue une visite d’État en Suisse ce mercredi et jeudi. Cette visite revêt une grande importance, car elle coïncide avec les efforts déployés par la Suisse pour relancer les négociations avec l’Union européenne (UE). Le gouvernement suisse a récemment annoncé qu’un mandat de négociation avec Bruxelles serait rédigé « avant la fin de l’année ». Cette annonce est accueillie favorablement à l’Élysée, car elle ouvre la voie à des discussions cruciales pour les deux parties.
Des négociations complexes à reprendre
Les pourparlers entre la Suisse et l’Union européenne visent à résoudre une série de questions sensibles qui avaient été interrompues par la Suisse en mai 2021, prenant tout le monde par surprise. Bien que des discussions techniques aient repris en avril de cette année, elles ne peuvent pas progresser efficacement sans un mandat de négociation officiel définissant les objectifs de Berne. L’annonce du gouvernement suisse selon laquelle ce mandat sera bientôt élaboré est considérée comme « une excellente nouvelle » à l’Élysée.
Un message d’accélération de la part d’Emmanuel Macron
Lors de sa rencontre avec les sept membres du Conseil fédéral suisse et le président de la Confédération, Alain Berset, Emmanuel Macron insistera sur la nécessité d’accélérer les négociations. Cependant, il est important de noter que le processus suisse prendra du temps, car une fois que le mandat de négociation sera publié par le gouvernement, il devra être soumis à consultation auprès du Parlement, des cantons et des partenaires sociaux.
Lara Martelli, spécialiste des relations entre la Suisse et les Vingt-Sept à l’Institut Jacques Delors, souligne que Berne cherchera à obtenir un large soutien de la population, car tout accord avec l’Union européenne devra finalement être validé par un référendum. Il convient de noter que le parti de droite populiste UDC, qui recueille environ 30 % des suffrages, s’oppose systématiquement à tout rapprochement avec l’UE.
Des enjeux de souveraineté
La prudence de la Suisse dans ces négociations est également liée au fait que la question des relations avec l’UE, actuellement régies par une série d’accords bilatéraux, était presque absente du débat politique lors des élections législatives du mois dernier. Les principales préoccupations portaient sur l’immigration et le pouvoir d’achat, alors que des questions cruciales concernant les relations avec l’UE étaient en suspens.
Pourtant, près de 60 % du commerce de marchandises de la Suisse est réalisé avec l’UE, la Confédération fait partie de l’espace Schengen, et 1,4 million de citoyens de l’Union résident en Suisse, sur une population totale de moins de 9 millions. Cela souligne l’importance des relations entre les deux entités.
Des questions épineuses à résoudre
Plusieurs questions épineuses demeurent sans réponse, suscitant des débats et des inquiétudes. Il n’est pas question d’une adhésion de la Suisse à l’Union européenne, mais les négociations de rapprochement abordent des questions de souveraineté qui préoccupent.
- Quelle instance sera chargée de juger des différends entre les deux parties ? La Cour européenne de justice ou un tribunal arbitral spécifique ?
- Comment la Suisse se protégera-t-elle du dumping salarial ? Lara Martelli souligne que la question de la protection des salaires est très sensible, étant donné le niveau élevé des rémunérations en Suisse.
- En fin de compte, bien que les deux parties aient des intérêts théoriques à s’entendre, il n’est pas du tout certain que les négociations aboutissent à un accord.
La visite présidentielle et ses implications
Emmanuel Macron profitera de cette visite pour s’adresser aux étudiants de l’université de Lausanne lors d’un débat sur l’Europe. De plus, il visitera le CERN à Genève, le laboratoire européen de physique nucléaire et de physique des particules.
En résumé, la visite du président Macron en Suisse revêt une grande importance dans le contexte des négociations entre la Suisse et l’Union européenne. Les enjeux sont considérables, tant sur le plan économique que politique, et les discussions à venir auront un impact majeur sur l’avenir des relations entre ces deux acteurs majeurs de l’Europe.