La conquête lunaire russe fragilisée par l’échec de Luna-25

La sonde Luna-25 s’écrase sur la Lune, un revers pour le programme spatial russe

La sonde spatiale russe Luna-25 s’est écrasée sur la surface lunaire samedi 19 août 2023, seulement quelques jours après son lancement. Ce crash est un coup dur pour le programme lunaire ambitieux de la Russie, qui peine à retrouver sa superpuissance spatiale des années soviétiques.

Luna-25 avait été lancée le 11 août depuis Baïkonour au Kazakhstan par une fusée Soyouz-2.1a. Elle devait devenir la première sonde spatiale russe à se poser en douceur sur le pôle Sud lunaire, une première mondiale. Las, la sonde a cessé d’émettre samedi lors d’une manœuvre destinée à la placer en orbite lunaire avant l’alunissage prévu lundi.

Un échec symbolique pour le programme spatial russe

Cet accident est un coup dur pour Roscosmos, l’agence spatiale russe. Luna-25 devait initier un ambitieux programme d’exploration lunaire voulu par Vladimir Poutine, afin de redonner à la Russie sa gloire spatiale passée. Le président russe avait d’ailleurs assisté en juin au lancement d’une fusée Soyouz emportant le module Nauka vers la Station Spatiale Internationale.

Mais le secteur spatial russe accumule les déboires. Outre la perte de Luna-25, Nauka a connu des débuts difficiles, avec un incident de propulsion l’ayant fait dériver. Par ailleurs, la guerre en Ukraine a entrainé l’arrêt de nombreuses coopérations spatiales avec l’Occident. Le patron de Roscosmos avait d’ailleurs qualifié cette mission de « risquée », avec seulement 70% de chances de succès.

Une industrie spatiale russe en déclin

Ce crash de Luna-25 illustre les difficultés croissantes de la Russie à mener des missions spatiales ambitieuses, après avoir dominé ce secteur durant la Guerre Froide. Le Spoutnik 1, premier satellite artificiel, et Youri Gagarine, premier humain dans l’espace, sont des exploits soviétiques.

Mais au 21e siècle, la Russie peine à maintenir son rang face à la NASA américaine et l’essor de la Chine dans ce domaine. Le dernier alunissage réussi d’un engin spatial russe remonte à 1976 avec Luna-24. Depuis, seuls les Etats-Unis, la Chine et l’Inde ont réalisé des missions lunaires fructueuses.

L’industrie spatiale russe souffre d’un manque de financements et d’innovations. La corruption y sévit également. Le patron de Roscosmos a d’ailleurs été arrêté début 2022 pour détournement de fonds. Malgré les discours volontaristes du Kremlin, le déclin semble inexorable face à des puissances spatiales émergentes comme la Chine et l’Inde.

Vers de nouveaux défis lunaires pour la Russie ?

Malgré cet échec, Moscou affirme sa détermination à poursuivre ses ambitions lunaires. Roscosmos a annoncé l’ouverture d’une enquête pour déterminer les causes du crash de Luna-25. D’autres missions vers la Lune sont programmées dans les prochaines années, avec notamment le projet Luna-26 prévu pour 2024.

Reste à voir si la Russie parviendra à redresser un secteur spatial en plein doute. Le morcellement de l’industrie aérospatiale soviétique et le manque d’investissements massifs rendent la tâche difficile. Vladimir Poutine mise sur cet effort spatial pour renouer avec la grandeur scientifique et technologique de l’URSS. Mais le Kremlin devra mettre la main au portefeuille et lutter contre la corruption endémique s’il veut que les prochaines sondes russes atteignent leur objectif lunaire.

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Meta description: La sonde spatiale russe Luna-25 s’est écrasée sur la Lune le 19 août 2023, seulement quelques jours après son lancement. Cet échec est un coup dur pour le programme lunaire ambitieux de la Russie, en difficulté dans le secteur spatial face à la NASA et à l’essor de la Chine.

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