La fin inéluctable de Poutine

Le chef du Kremlin s’accroche au pouvoir malgré les perspectives sombres

Vladimir Poutine maintient ses objectifs de conquête en Ukraine, mais il semble de plus en plus clair que cette guerre d’invasion tourne au fiasco pour la Russie. Le président russe a commis une erreur stratégique et ses chances de remporter une victoire totale s’amenuisent de jour en jour.

Pourtant, Poutine ne montre aucun signe qu’il est prêt à négocier sérieusement un accord de paix. Au contraire, il se prépare à faire durer le conflit. Car s’il admettait sa défaite, cela pourrait signifier la fin de son règne.

Une issue pacifique improbable

L’Ukraine a présenté une proposition de paix en 4 points, reposant notamment sur le retrait des troupes russes et le respect de l’intégrité territoriale ukrainienne. Mais Moscou rejette catégoriquement cette approche. “Il n’y a aucune base pour un accord”, a affirmé le porte-parole du Kremlin Dmitri Peskov.

La Russie se montre inflexible dans ses exigences. Elle veut conserver une partie des territoires conquis et exercer une influence politique sur l’Ukraine. Des conditions inacceptables pour Kyiv. Tant que Poutine restera au pouvoir, un véritable dialogue de paix semble donc exclu.

Des conséquences désastreuses

Après 6 mois de combats, le bilan est accablant pour Moscou :

  • Moins de 20% du territoire ukrainien est sous contrôle russe
  • L’armée ukrainienne demeure opérationnelle et est réarmée par les Occidentaux
  • Le régime de Zelensky n’a pas été renversé
  • L’économie russe est exsangue à cause des sanctions
  • La Russie est diplomatiquement isolée

Reconnaître ces échecs serait politiquement suicidaire pour Poutine. Il a exigé trop de sacrifices de la part des Russes pour admettre que cette guerre était une erreur.

L’élite russe commence à douter sérieusement de la compétence du Kremlin. Mais tant qu’il n’y a pas d’alternative crédible à Poutine, son pouvoir n’est pas directement menacé.

L’espoir d’un retour de Trump

Pour s’extirper de cette situation intenable, Poutine mise sur un affaiblissement du soutien occidental à Kyiv. Il espère aussi qu’un président américain isolationniste comme Trump revienne au pouvoir en 2024 et abandonne l’Ukraine.

Cela lui donnerait le temps nécessaire pour inverser le cours de la guerre et sauver la face. Quitte à faire durer les combats pendant des années s’il le faut.

Mais ce pari risqué pourrait se retourner contre lui. Car plus le conflit s’enlise, plus l’insatisfaction montera en Russie. Le jour du décompte approche inexorablement pour le maître du Kremlin.

Sa propagande ne suffira pas éternellement à masquer les erreurs grossières commises par le régime. Tôt ou tard, l’addition de cette désastreuse campagne militaire lui sera présentée. Reste à savoir qui passera la facture à Poutine.

Une armée russe à la peine

L’armée russe s’enlise sur le terrain, incapable de progresser face à la résistance acharnée des Ukrainiens. Les pertes humaines s’accumulent parmi les soldats russes, environ 80 000 selon les estimations occidentales.

De nombreux équipements militaires ont également été détruits, comme des chars, des véhicules blindés et des avions. La Russie peine à remplacer ces matériels de haute technologie en raison des sanctions internationales qui limitent ses importations de composants clés.

Sur le plan tactique, les forces russes montrent leurs limites. Leur coordination sur le champ de bataille est déficiente, le moral des troupes est au plus bas et les officiers ne parviennent pas à s’adapter aux méthodes de combat ukrainiennes.

Cette inefficacité peut s’expliquer par un entrainement insuffisant des soldats, mais aussi par la corruption endémique de l’armée russe. Beaucoup d’équipements se sont révélés inutilisables car ils n’avaient pas été correctement entretenus, les fonds ayant été détournés par des officiers véreux.

Des territoires ukrainiens ingouvernables

Même dans les zones occupées, la Russie éprouve les pires difficultés à asseoir son contrôle. La population ukrainienne locale mène une résistance tenace, avec des actes de sabotage et des attaques de partisans.

Pour mater ces rébellions, Moscou a recours à la violence et à la terreur, multipliant les exactions contre les civils. Mais cette répression brutale ne fait qu’attiser la haine des Ukrainiens envers l’occupant russe.

Reconstruire ces régions ravagées par les combats représenterait aussi un effort colossal. Rien que dans le Donbass, des centaines de milliards de dollars d’investissements seraient nécessaires selon la Banque mondiale. Un fardeau écrasant pour l’économie russe affaiblie.

L’étau des sanctions

Les sanctions financières et commerciales imposées par les pays occidentaux étranglent petit à petit la Russie. Ces mesures ciblent les secteurs high-tech dont dépend l’industrie militaire russe, comme l’aéronautique, l’électronique ou les télécoms.

Privée de composants et de technologies critiques importés de l’étranger, la machine de guerre du Kremlin s’enraye. Ses stocks de missiles et d’équipements de précision s’amenuisent rapidement.

L’isolement économique de la Russie s’aggrave également. Le rouble a perdu 30% de sa valeur, l’inflation dépasse 15% et le PIB devrait chuter de 6% cette année. Le niveau de vie des Russes se dégrade inexorablement.

Un soutien intérieur fragile

Grâce à sa propagande, Poutine a réussi jusqu’ici à mobiliser l’opinion publique russe derrière l’effort de guerre. Mais cet effet patriotique s’érode avec le temps.

La lassitude gagne la population, qui subit de plein fouet les conséquences économiques du conflit. Le mécontentement monte, en particulier parmi les mères de soldats envoyés au front.

Cette grogne inhibe le Kremlin, qui n’ose pas décréter une mobilisation générale impopulaire. Poutine marche sur un fil pour préserver le soutien fluctuant des Russes à son aventure militaire.

Jusqu’où la patience des citoyens russes peut-elle tenir ? Leur résignation n’est pas infinie. Si le cours de la guerre ne s’inverse pas bientôt, la stabilité intérieure de la Russie sera menacée. Une épée de Damoclès au-dessus de la tête de Poutine.

Check Also

Adolescents Migrants à Berlin : Vivre Entre Conflits et Solidarités

Introduction : Un mélange de cultures et de conflits Être adolescent est une période de …

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *