Hier, une juge américaine a pris une décision audacieuse pour tenter de mettre fin aux attaques verbales et aux menaces proférées par Donald Trump à l’encontre des procureurs, témoins et juges impliqués dans les multiples procès auxquels il est confronté.
Depuis l’annonce de sa candidature à la présidentielle de 2024, Trump a multiplié les déclarations incendiaires, notamment sur Truth Social, le réseau social qu’il a lancé après avoir été banni de Twitter. Ses propos véhéments visent à déstabiliser et intimider les acteurs judiciaires qui le poursuivent dans plusieurs affaires.
Le contexte : les procès qui menacent Trump
Trump fait face à de multiples procédures judiciaires qui pourraient gravement entacher son image et hypothéquer ses chances de reconquérir la Maison Blanche.
Tout d’abord, il y a l’enquête sur sa responsabilité dans l’assaut du Capitole du 6 janvier 2021. Le ministère de la Justice le soupçonne d’avoir tenté d’entraver la certification de la victoire de Joe Biden pour se maintenir au pouvoir.
Ensuite, la procureure de l’État de New York Letitia James a engagé des poursuites civiles contre Trump et ses enfants pour fraudes fiscales et financières au sein de la Trump Organization.
Enfin, la procureure de Géorgie enquête sur ses pressions contre des responsables locaux pour « trouver des voix » afin d’invalider la victoire de Biden dans cet État clé.
La riposte de Trump : intimidation des témoins et des juges
Face à ces menaces judiciaires, Trump a choisi la fuite en avant en multipliant les attaques et les menaces voilées contre les acteurs de ces procès.
Il a notamment traité le procureur de Manhattan Alvin Bragg, qui enquête sur les finances de la Trump Organization, de « raciste » tout en laissant entendre qu’il pourrait avoir des problèmes s’il continuait.
De même, il a vertement critiqué le témoignage de son ancien vice-président Mike Pence devant le grand jury sur l’assaut du Capitole, l’accusant de trahison.
Enfin, il s’en est pris à plusieurs reprises aux juges en charge de ces dossiers, notamment la juge new-yorkaise Arthur Engoron et la juge fédérale Aileen Cannon, les accusant de partialité.
La riposte d’une magistrate : avancer la date du procès
Face à cette stratégie visant à intimider la justice, la juge fédérale Tanya Chutkan a eu une idée pour couper court à ce flot continu de diatribes : elle a menacé Donald Trump d’avancer la date de son procès sur sa responsabilité dans l’assaut du Capitole s’il continuait ses attaques.
Concrètement, chaque nouvelle saillie de l’ancien président à l’encontre des témoins et des magistrats impliqués dans cette procédure aura pour conséquence de rapprocher le début du procès, actuellement prévu pour décembre 2023.
Cette décision est très habile, car Trump a tout intérêt à ce que ce procès sensible ait lieu le plus tard possible, si près de l’élection présidentielle de 2024. Avancer la date compromettrait sa campagne et pourrait le priver de ses chances de reconquérir la Maison Blanche s’il était reconnu coupable.
Une stratégie efficace pour neutraliser Trump ?
Pour l’instant, cette menace semble avoir atteint son but : Donald Trump est resté inhabituellement silencieux depuis la décision de la juge Chutkan. Mais nul ne peut prédire combien de temps cette réprimande le fera réfléchir avant de reprendre ses attaques.
L’efficacité à long terme de cette stratégie reste donc incertaine. Trump pourrait être tenté de reprendre ses intimidations dans l’espoir que la justice n’ose finalement pas mettre sa menace à exécution.
Mais le message envoyé est clair : la justice américaine commence à riposter face aux assauts répétés de l’ancien président, et dispose d’outils pour le sanctionner s’il franchit à nouveau les lignes jaunes. Le temps où Trump pouvait attaquer la justice en toute impunité semble révolu.
Conclusion
Cette affaire illustre les difficultés auxquelles est confronté l’appareil judiciaire américain pour traduire un ancien président en justice tout en résistant à ses tentatives d’intimidation. La décision de la juge Chutkan marque une étape cruciale dans la capacité des institutions à répondre à ces attaques frontales. Reste à savoir si cette réplique sera suffisante pour dissuader Donald Trump de poursuivre sa stratégie de pression sur la justice. L’avenir politique de l’Amérique se jouera en partie sur ce bras de fer.