La lutte contre le terrorisme au Niger à l’épreuve du nouveau pouvoir militaire

La junte cherche à légitimer son coup d’État en agitant la menace djihadiste

Le Niger, comme ses voisins du Sahel, est confronté depuis plusieurs années à la violence de groupes djihadistes affiliés à Al-Qaïda ou à l’État islamique, particulièrement dans l’ouest du pays. Les militaires qui ont renversé le président Mohamed Bazoum le 26 juillet dernier ont justifié leur coup d’État en dénonçant l'”échec” de la gestion sécuritaire du régime déchu.

Le nouvel homme fort, le général Abdourahamane Tiani, a martelé que le but du putsch était de “mettre fin à la gestion par le régime déchu de la question sécuritaire, une gestion qui, objectivement, a montré ses limites”. La junte cherche ainsi à mobiliser la population contre la menace djihadiste pour légitimer sa prise de pouvoir.

La situation sécuritaire s’était pourtant améliorée sous le président déchu

Pourtant, la stratégie de l’ancien président Mohamed Bazoum, alliant opérations militaires et main tendue envers certains groupes armés, avait permis une nette amélioration de la situation sécuritaire ces dernières années, comme le montrent les statistiques.

Le nombre d’attaques et de victimes civiles avait fortement baissé en 2022 par rapport aux années précédentes. Contrairement au Mali et au Burkina Faso voisins, où la violence djihadiste a explosé, le Niger avait réussi à rétablir un certain contrôle sur son territoire.

Cette embellie restait néanmoins fragile, comme l’a montré une sanglante attaque en février 2023 dans l’ouest du pays. Mais la junte semble exagérer les difficultés sécuritaires pour justifier son coup de force.

L’avenir incertain de la lutte antiterroriste avec la junte

L’attitude des nouveaux dirigeants envers les groupes armés reste une inconnue. Le Niger avait bénéficié de l’aide de contingents militaires étrangers, notamment français, allemands et américains, déployés sur son sol dans le cadre de la lutte antiterroriste.

Mais la junte a dénoncé les accords passés avec la France, et l’intervention d’une force ouest-africaine pourrait déstabiliser davantage le pays. Dans ce contexte volatile, les djihadistes pourraient être tentés de reprendre pied.

Les choix stratégiques de la junte en matière de sécurité seront déterminants. Si les militaires mettent fin à la politique d’ouverture envers certains groupes armés, la violence risque de repartir à la hausse. Le Niger devra trouver le difficile équilibre entre fermeté contre les djihadistes et dialogue avec ceux prêts à déposer les armes.

La menace terroriste, un argument fragile pour légitimer le putsch

Bien que réelle, la menace djihadiste semble instrumentalisée par les putschistes pour mobiliser les Nigériens derrière leur projet politique. Mais brandir le risque de déstabilisation du pays est un argument fragile pour justifier un coup d’État.

La priorité devrait être un retour rapide à l’ordre constitutionnel, gage de stabilité, plutôt qu’un pouvoir militaire de transition aux visées obscures. Une stratégie efficace contre les groupes armés nécessite une réconciliation nationale et des institutions légitimes.

La junte joue avec le feu en agitant le spectre djihadiste. Sa rhétorique guerrière, loin d’apaiser les tensions, pourrait au contraire entraîner une escalade de la violence et déstabiliser davantage ce pays fragile.

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