L’économie mondiale navigue en eaux troubles

Alors que la baisse de l’inflation est une lueur d’espoir, il est encore trop tôt pour crier victoire et saluer un “atterrissage en douceur” de l’économie. Après des mois de croissance atone, de politiques monétaires restrictives et de crises énergétiques, l’embellie actuelle reste fragile.

Les raisons d’un optimisme mesuré

Le récent ralentissement de l’inflation, notamment aux États-Unis, a fait naître l’espoir que les banques centrales allaient pouvoir lever le pied. La Réserve Fédérale américaine devrait ainsi procéder à sa dernière hausse de taux le 26 juillet prochain. La baisse du dollar et la chute des rendements obligataires témoignent de ce vent d’optimisme inattendu.

Pourtant, l’économie mondiale reste atone. La croissance chinoise plafonne à 0,8% au deuxième trimestre, bien loin du rebond espéré après la levée des restrictions sanitaires. L’industrie manufacturière souffre, avec une baisse marquée de la production et des commandes. La consommation des ménages peine également à redécoller, du fait d’une confiance des consommateurs affaiblie par les confinements successifs. Même aux États-Unis, le ralentissement se confirme, avec une contraction du PIB au premier trimestre 2022 et des prévisions de croissance revues à la baisse pour le second semestre.

Néanmoins, plusieurs signaux sont encourageants. L’inflation recule légèrement, même si elle demeure élevée. Surtout, une récession généralisée et brutale semble évitée, ce qui constituerait déjà une première victoire. Les plans de soutien publics, comme le plan Biden aux États-Unis, ont permis d’amortir le choc.

Trois raisons de rester prudent

Malgré ces motifs d’espoir, il serait imprudent de crier victoire. Trois risques majeurs demeurent.

D’abord, l’inflation reste largement au-dessus des objectifs des banques centrales, oscillant entre 3 et 5% dans les pays développés. La baisse observée est en partie liée à des effets ponctuels sur les prix de l’énergie. Hors alimentation et énergie, les prix augmentent de près de 5% aux États-Unis et dans la zone euro. Cette inflation dite “sous-jacente” reflète des tensions persistantes sur l’offre et la demande.

Ensuite, le marché de l’emploi a jusqu’ici assez bien résisté, avec un ajustement par la baisse des offres d’emploi plutôt que par des licenciements massifs. Mais cette situation pourrait ne pas durer. Les entreprises ont tendance à conserver plus de main d’oeuvre que nécessaire par crainte de manquer de compétences. Si la conjoncture se dégrade, elles pourraient brutalement réduire leurs effectifs, entraînant une rapide augmentation du chômage.

Enfin, d’importantes divergences persistent entre les grandes économies. La Fed américaine pourrait lever le pied, mais la Banque d’Angleterre ou du Japon sont confrontées à des défis différents liés à leurs contextes économiques particuliers. La croissance chinoise pourrait durablement ralentir en raison d’un surendettement chronique. Bref, de nombreuses incertitudes perdurent.

Conclusion

L’embellie actuelle est à saluer, mais ne doit pas conduire à l’euphorie. L’inflation et la croissance fragiles, ainsi que les divergences entre pays, continueront de préoccuper les décideurs publics dans les prochains mois. L’économie mondiale navigue encore en eaux troubles. Un atterrissage en douceur n’est pas encore acquis, et les banques centrales devront naviguer avec prudence entre soutien à la croissance et lutte contre l’inflation. Une certaine volatilité devrait donc persister sur les marchés.

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