Tunisie: le bras de fer persiste entre le président Kaïs Saïed et le FMI

Le prêt crucial du FMI dans l’impasse

La Tunisie traverse une crise financière aiguë, avec un besoin urgent de liquidités pour assurer le fonctionnement de l’État et des services publics. Le pays a négocié un prêt de 1,9 milliard de dollars avec le Fonds monétaire international (FMI), qui serait une bouffée d’oxygène vitale. Cependant, ce prêt est bloqué depuis fin 2022, du fait d’un désaccord total entre le président Kaïs Saïed et le FMI.

En effet, Kaïs Saïed refuse catégoriquement deux conditions posées par le FMI pour débloquer les fonds: la suppression progressive des subventions étatiques sur les produits de base, notamment les carburants, et la restructuration d’une centaine d’entreprises publiques surendettées.

Des réformes rejetées par le président

Le chef de l’État tunisien voit dans ces réformes des “diktats” du FMI qu’il juge politiquement pénalisants. Il a annoncé préférer taxer les riches plutôt que de toucher aux subventions, mais les experts soulignent que cela ne suffira pas à combler le déficit budgétaire.

En 2022, les subventions énergétiques ont représenté les deux tiers du déficit public tunisien, qui atteint 8% du PIB. Après l’invasion russe de l’Ukraine, la flambée des cours du pétrole a rendu le maintien de ces subventions intenable pour les finances tunisiennes.

Malgré l’urgence, les négociations sont au point mort depuis des mois. Le FMI n’a reçu aucune nouvelle demande de la Tunisie, et l’accord semble définitivement compromis.

Le spectre du défaut de paiement en 2024

Si aucun accord n’est trouvé d’ici fin 2022, la Tunisie risque fort de faire défaut sur sa dette dès 2024. Le pays doit rembourser l’équivalent de 4 milliards d’euros par an.

Grâce au tourisme et aux phosphates, il pourra tenir en 2023, mais la marge de manœuvre se réduit dangereusement. À moyen terme, le refus du prêt du FMI obère lourdement les perspectives économiques.

Privé d’investissements, le pays stagne, avec une croissance molle et un chômage massif. Surtout, l’État puise dans les banques locales pour se financer, fragilisant tout le secteur financier tunisien. La spirale négative est enclenchée.

Sortir de l’impasse

Pour éviter le pire, un compromis doit être trouvé entre le président Kaïs Saïed et le FMI. Des solutions imaginatives existent peut-être, comme cibler davantage les subventions sur les ménages les plus modestes.

L’essentiel est de renouer le dialogue et de restaurer la confiance entre la Tunisie et le FMI, dans l’intérêt du peuple tunisien. Avec pragmatisme et sens des responsabilités, il est encore possible de sortir de l’impasse.

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