La Fed augmente à nouveau ses taux directeurs
La Réserve fédérale américaine (Fed) devrait une fois de plus resserrer sa politique monétaire le 26 juillet 2022 en procédant à une nouvelle hausse de ses taux directeurs, la onzième depuis le printemps 2022. Cette décision intervient dans un contexte d’inflation record, ayant atteint 9,1% en juin avant de refluer légèrement à 8,5% en juillet, son plus haut niveau depuis plus de 40 ans.
Les taux directeurs, abaissés à 0% pendant la pandémie de Covid-19 pour soutenir l’économie, ont déjà été relevés à 10 reprises par la Fed depuis mars 2022. Ils évoluent actuellement dans une fourchette de 5% à 5,25%. L’objectif est de ralentir la demande afin de juguler la hausse des prix, au risque de provoquer un ralentissement de la croissance.
Vers un atterrissage en douceur de l’économie américaine ?
Le président de la Fed, Jerome Powell, espère réaliser un “atterrissage en douceur”, c’est-à-dire maîtriser l’inflation sans faire plonger l’économie dans la récession. La décélération récente de l’inflation, même si elle reste à un niveau élevé, semble lui donner raison pour l’instant.
Certains économistes estiment cependant que la poursuite du resserrement monétaire pourrait finir par peser sur la croissance, si l’inflation ne refluait pas davantage. La Fed marche donc sur un fil pour provoquer un ralentissement de l’économie sans le précipiter dans la stagnation.
Les origines de l’inflation aux États-Unis
L’inflation américaine trouve son origine dans la reprise économique post-pandémie, qui a provoqué des goulets d’étranglement et une flambée des prix de l’énergie et des matières premières. La guerre en Ukraine a aggravé la situation. La politique monétaire expansionniste menée pendant la crise sanitaire a également alimenté la surchauffe de la demande.
Si certains facteurs comme le prix du pétrole sont hors de contrôle de la Fed, la banque centrale est critiquée pour avoir maintenu trop longtemps une politique ultra-accommodante. Le défi est désormais de juguler l’inflation sans étouffer la croissance.
Quid de l’impact du dollar fort ?
L’appréciation du dollar face à l’euro et aux autres devises exerce également une pression à la hausse sur l’inflation américaine, en renchérissant les biens importés. Paradoxalement, le resserrement monétaire de la Fed contribue à renforcer le billet vert.
Cette situation pose un dilemme à la banque centrale, le dollar fort favorisant l’inflation importée tout en freinant la croissance américaine. La Fed doit en tenir compte dans le calibrage de sa politique monétaire.
La BCE également déterminée à remonter ses taux
En zone euro, la Banque centrale européenne (BCE) se montre également déterminée à juguler l’inflation galopante, en dépit des risques pour la croissance. Contrairement aux États-Unis, l’inflation continue d’accélérer, atteignant 8,6% sur un an en juin.
Selon le compte-rendu de sa dernière réunion, la BCE est prête à actionner de nouvelles hausses de taux dans les prochains mois, même au prix d’une récession prolongée en Europe. L’équation se révèle plus délicate que pour la Fed, l’économie européenne apparaissant plus vulnérable.
L’euro faible, un casse-tête supplémentaire pour la BCE
La faiblesse de l’euro face au dollar, sous la parité depuis juillet 2022, vient compliquer la tâche de la BCE. En renchérissant les importations, la dépréciation de la monnaie unique alimente les tensions inflationnistes dans la zone euro.
La BCE se retrouve face à un arbitrage difficile entre soutenir l’euro en resserrant plus vite sa politique et ménager une économie européenne plus fragile que l’américaine. L’institution monétaire marche sur des œufs pour remplir son mandat de stabilité des prix.