Un afflux migratoire record
L’année dernière a été marquée par un afflux migratoire sans précédent dans le monde riche. En Grande-Bretagne, pas moins de 1,2 million de personnes se sont installées, établissant ainsi un record absolu. L’Australie a également connu une augmentation significative de la migration nette, qui est désormais deux fois plus élevée qu’avant la pandémie de Covid-19. En Espagne, un niveau record a été atteint, et on estime que près de 1,4 million de personnes devraient s’installer en Amérique cette année, soit un tiers de plus qu’avant la crise sanitaire. Même le Canada a vu sa migration nette plus que doubler par rapport au record précédent en 2022, tandis qu’en Allemagne, elle a même dépassé le niveau atteint lors de la « crise migratoire » de 2015. Il est indéniable que le monde riche est actuellement confronté à un boom de l’immigration, avec une population née à l’étranger augmentant à un rythme jamais vu auparavant dans l’histoire.
Fini la vague anti-immigration
Ces chiffres impressionnants marquent un changement significatif par rapport aux tendances antérieures. Il n’y a pas si longtemps, de nombreux pays riches se sont fermement opposés à l’immigration de masse, avec des projets politiques hostiles aux migrants. Le Brexit au Royaume-Uni et l’élection de Donald Trump aux États-Unis en sont des exemples marquants. La vague de populisme qui a suivi a vu de nombreux gouvernements promettre de sévir contre l’immigration et fermer leurs frontières. Entre 2019 et 2021, certaines populations de pays accueillant traditionnellement de nombreux migrants, comme le Koweït et Singapour, ont même diminué.
Un retour à la normale et plus encore
L’afflux actuel de migrants semble redonner à certains endroits une impression de normalité après une période de stagnation due à la pandémie. À Singapour, par exemple, la main-d’œuvre étrangère a retrouvé son niveau d’avant la crise sanitaire. Dans d’autres endroits, on assiste à un changement radical de la démographie. Prenons l’exemple de Terre-Neuve-et-Labrador, la deuxième plus petite province du Canada en termes de population. La migration nette vers cette province a été multipliée par plus de 20 par rapport à la norme d’avant la pandémie. Des villes comme St John’s connaissent une croissance rapide et accueillent désormais de nouvelles communautés, comme en témoigne l’ouverture de la boulangerie ukrainienne Bortsch à Heart’s Delight. Le gouvernement de la province a même ouvert un bureau de recrutement en Inde pour attirer des infirmières.
Les raisons de cet afflux migratoire
Plusieurs facteurs expliquent cet afflux migratoire massif. Tout d’abord, de nombreux migrants ont obtenu leur visa en 2020 ou 2021, mais ont attendu que les restrictions de circulation soient assouplies pour effectuer leur voyage. En outre, la situation économique post-pandémique joue un rôle essentiel. Le taux de chômage dans les pays riches a atteint son niveau le plus bas depuis des décennies, et de nombreux employeurs cherchent désespérément à combler les postes vacants, ce qui attire de nombreux migrants en quête de meilleures opportunités.
En outre, les fluctuations monétaires peuvent influencer le mouvement migratoire. Les variations des taux de change rendent le travail à l’étranger plus attractif pour certains migrants. Par exemple, une livre sterling plus forte permet aux Indiens de recevoir plus de roupies pour leurs envois de fonds.
De plus, de nombreux gouvernements mettent en place des politiques plus accueillantes pour attirer de nouveaux résidents et renforcer leur main-d’œuvre. Le Canada a pour objectif d’accueillir 1,5 million de nouveaux résidents au cours des prochaines années. L’Allemagne a signé un accord avec l’Inde pour faciliter le travail et les études des Indiens dans le pays. L’Australie a prolongé la période pendant laquelle certains étudiants étrangers peuvent travailler après l’obtention de leur diplôme. Même des pays réputés pour leur fermeture à l’immigration, comme le Japon et la Corée du Sud, sont devenus plus favorables aux étrangers pour faire face au vieillissement de leur population.
Les avantages économiques de l’immigration
Les économies qui accueillent de nombreux migrants en bénéficient à long terme. Les immigrants apportent souvent de nouvelles idées et sont plus enclins à créer leur propre entreprise, contribuant ainsi à stimuler l’innovation et le développement économique. Des études montrent que les migrants facilitent les liens commerciaux et d’investissement entre leur pays d’origine et leur pays d’accueil. En outre, l’arrivée de jeunes travailleurs permet de générer davantage de recettes fiscales pour les gouvernements, ce qui contribue au financement des services publics et des programmes sociaux.
Un phénomène durable malgré des défis
Bien que l’afflux actuel de migrants puisse diminuer légèrement dans les années à venir en raison de la fin du « rattrapage » post-pandémique et de l’évolution des conditions économiques, il est fort probable que le nombre de nouveaux arrivants reste élevé pendant un certain temps. Une politique gouvernementale plus accueillante, les liens familiaux déjà établis et l’effet d’entraînement de la migration actuelle sont autant de facteurs qui soutiennent cette tendance.
Cependant, les pays riches devront également faire face à des défis liés à l’immigration. La demande accrue de biens et de services par les migrants peut entraîner une hausse de l’inflation, notamment dans les marchés immobiliers tendus, où les loyers peuvent augmenter en raison de la demande accrue. Les gouvernements devront également s’assurer que les migrants sont correctement intégrés dans la société et le marché du travail, afin de maximiser les avantages économiques et sociaux de l’immigration.
En conclusion, le monde riche est actuellement confronté à un boom de l’immigration, avec un afflux migratoire record dans de nombreux pays. Ce phénomène a des implications économiques importantes, avec des avantages potentiels à long terme, mais aussi des défis à relever. Une politique gouvernementale plus accueillante, la recherche de main-d’œuvre et les fluctuations monétaires contribuent à soutenir cette tendance. Toutefois, les gouvernements devront faire preuve de prudence et de planification pour gérer les effets économiques et sociaux de cette immigration accrue.