L’action climatique de la Chine sous la pression des États-Unis

La Chine résiste aux pressions américaines pour accélérer son action climatique. C’est le constat dressé par John Kerry, envoyé spécial du président Biden pour le climat, à l’issue de trois jours de pourparlers à Pékin. Aucun nouvel accord n’a pu être conclu. Mais le simple fait de discuter est déjà une avancée, selon lui.

Un dialogue difficile sur le rythme de l’action climatique chinoise

Les dirigeants chinois ont repoussé les tentatives de John Kerry de les persuader de s’engager sur une action climatique plus ambitieuse. Le président Xi Jinping a même insisté, dans un discours, sur le fait que la Chine poursuivrait ses objectifs de réduction des émissions de CO2 à son propre rythme et à sa façon.

Malgré tout, M. Kerry s’est montré satisfait que les deux plus grands pollueurs mondiaux aient repris le dialogue, gelé depuis un an en raison des tensions sur Taïwan, le commerce et d’autres sujets. Le simple fait de discuter est déjà un progrès, selon lui. « Nous avons eu des conversations très franches mais nous sommes venus ici pour ouvrir de nouvelles perspectives », a déclaré M. Kerry, ajoutant qu' »il est clair que nous aurons encore besoin de travailler un peu ».

L’urgence d’une action climatique ambitieuse

Il n’est pas exagéré de dire que l’ampleur du réchauffement climatique dépend des décisions de la Chine et des États-Unis. La Chine est désormais responsable du tiers des émissions mondiales, plus que tous les autres pays développés réunis. Pour éviter les pires conséquences d’un monde qui se réchauffe, il est crucial que les États-Unis, premier émetteur mondial sur l’histoire, collaborent avec la Chine pour réduire drastiquement les émissions, selon les experts.

Les pourparlers de Pékin ont eu lieu alors que le monde venait de connaître les deux semaines les plus chaudes jamais enregistrées. M. Kerry a exhorté les dirigeants chinois à considérer la canicule qui frappe la Chine, l’Europe et les États-Unis comme un avant-goût de ce qui attend la planète si les émissions de gaz à effet de serre ne sont pas réduites drastiquement.

Les désaccords sur le charbon

M. Kerry espérait convaincre la Chine d’accélérer la réduction de ses émissions de carbone et de rapidement abandonner son recours massif au charbon, le combustible fossile le plus polluant. Alors que les États-Unis génèrent 14% des émissions mondiales de CO2, la Chine en produit 31% et sa pollution augmente chaque année. Elle s’est engagée à atteindre un pic d’émissions avant 2030 et la neutralité carbone en 2060.

Mais les scientifiques disent que les pays industrialisés doivent opérer des réductions profondes et rapides dès maintenant pour éviter les impacts les plus catastrophiques du changement climatique.

M. Xi a déclaré que la Chine suivrait son propre calendrier en matière de réduction d’émissions, une position ferme à laquelle M. Kerry a répondu que la science, et non les États-Unis, dicte l’urgence d’agir.

Les discussions sur l’expansion du charbon en Chine ont été parmi les plus difficiles, a reconnu M. Kerry. La Chine a construit plusieurs centrales à charbon ces dernières années, verrouillant la place de ce combustible dans son mix énergétique. M. Kerry n’a pas réussi à convaincre la Chine de restreindre l’utilisation du charbon et de mettre en œuvre un plan de réduction du méthane.

Des motifs d’espoir

Malgré ces désaccords, M. Kerry a noté plusieurs motifs d’optimisme, comme l’objectif partagé de limiter le réchauffement à 1,5°C par rapport à l’ère préindustrielle. La planète s’est déjà réchauffée de 1,2°C.

La Chine construit par ailleurs plus d’énergies renouvelables que tous les autres pays réunis. Cette expérience à grande échelle pour déployer les renouvelables est porteuse d’espoir, selon des experts.

Bien que difficiles, ces discussions climatiques ont permis de poser les bases d’un dialogue sur un enjeu vital pour l’humanité. Les deux premières puissances mondiales doivent impérativement coopérer pour espérer limiter le réchauffement climatique.

La Chine résiste aux pressions américaines pour intensifier son action climatique. John Kerry, envoyé pour le climat de Biden, n’a pu arracher de nouveaux engagements à Pékin. Mais le dialogue reprend entre les deux plus gros pollueurs mondiaux.

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