Le réveil du marché actions japonais : les investisseurs surfent sur la vague Buffett

Une performance exceptionnelle en 2023

Le marché actions japonais réalise une performance remarquable depuis le début de l’année 2023. L’indice Nikkei 225, qui regroupe les 225 plus grandes capitalisations nippones, affiche une hausse de 24% sur les six premiers mois de l’année. Il retrouve des niveaux plus observés depuis le début des années 1990, avant l’éclatement de la bulle spéculative japonaise.

Cette envolée peut surprendre après des années de relatif désintérêt des investisseurs étrangers pour les valeurs japonaises. Mais de nombreux stratégistes anticipaient un rebond en 2023, porté par le retour espéré des capitaux internationaux. L’annonce retentissante de Warren Buffett, qui a significativement renforcé ses positions dans plusieurs sociétés japonaises, a accentué le mouvement haussier.

Les gagnants de la vague Buffett

Les valeurs ayant bénéficié de « l’effet Buffett » ont le plus progressé. Le milliardaire américain a massivement investi dans les maisons de commerce (sogo shosha), qui gèrent une grande partie du commerce extérieur du Japon. En conséquence, la capitalisation du leader du secteur Mitsubishi a flambé de près de 80% depuis janvier.

D’autres secteurs profitent également de tendances structurelles favorables. Les géants technologiques comme Sony surfent sur la vague de la numérisation de l’économie. Les équipementiers électroniques comme Keyence ou Rohm tirent parti du développement continu de l’industrie des semi-conducteurs. Le Japon dispose de solides atouts dans ces domaines d’avenir.

Un contexte économique plus porteur qu’ailleurs

Contrairement aux États-Unis et à l’Europe, le Japon ne semble pas au bord de la récession. La croissance devrait dépasser 1% en 2023 et 2024 selon les prévisions. L’économie bénéficie d’un rattrapage post-COVID, avec un PIB désormais supérieur au niveau d’avant crise.

L’afflux de touristes, attirés par un yen très faible, dope la consommation. Surtout, la banque centrale maintient sa politique monétaire ultra-accommodante quand les autres grandes banques centrales resserrent agressivement leur politique. Elle conserve toujours ses taux négatifs, instaurés il y a plusieurs années pour lutter contre la déflation.

Vers une inflexion de la politique monétaire ?

L’arrivée du nouveau gouverneur de la Banque du Japon, Kazuo Ueda, remet en question le maintien des taux négatifs. Des spéculations sur un resserrement monétaire dès juillet ont fait chuter les indices boursiers début juillet. Néanmoins, une hausse des taux n’interviendrait pas avant 2024 selon la majorité des économistes.

Dans un premier temps, la banque centrale pourrait relever les taux à 10 ans, actuellement maintenus autour de 0%. Cette évolution affaiblirait le yen et pénaliserait les actions. Mais l’impact devrait rester temporaire d’après les stratégistes. Le Japon conserve une marge de manœuvre grâce à une inflation encore modérée, proche de 4%, et à un endettement public colossal qui exclut un cycle de fortes hausses de taux.

Des perspectives boursières encore favorables

Malgré le rebond depuis janvier, les valorisations restent raisonnables : l’indice Topix se traite autour de 13 fois les bénéfices attendus en 2023, un niveau légèrement inférieur aux moyennes historiques. Dans ce contexte, le marché actions japonais offre des opportunités d’investissement attractives dans des sociétés de qualité.

La réforme de la gouvernance pousse les entreprises à redistribuer plus de dividendes et à racheter leurs propres actions, une tendance favorable pour les actionnaires. Surtout, les firmes japonaises profitent de leur présence en Chine et aux États-Unis, deux marchés cruciaux. Elles bénéficient indirectement de la croissance chinoise sans en subir pleinement les risques géopolitiques croissants.

Bien que des risques subsistent, comme un emballement de l’inflation ou un séisme majeur, le potentiel haussier des actions nippones semble l’emporter. Les investisseurs en devises étrangères sont par ailleurs protégés en cas de nouvelle baisse du yen. Après des années difficiles, le soleil se lève à nouveau sur la Bourse de Tokyo.

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