Une sensation internationale sur Internet
Depuis plusieurs mois, une publicité résonne sans cesse à la télévision américaine. Il s’agit de la promotion incessante de l’Ozempic, un médicament révolutionnaire utilisé pour traiter le diabète et qui présente également des effets amaigrissants. Cette petite pilule a rapidement suscité un engouement sans précédent, se vendant à une vitesse vertigineuse sur Internet. Malheureusement, cette popularité a entraîné une pénurie pour les patients réellement atteints de diabète, pour qui ce médicament est destiné. Malgré son coût élevé de 10 000 dollars par an et son mode d’administration complexe sous forme d’injection hebdomadaire, l’Ozempic est devenu un véritable phénomène de mode.
La quête de la perte de poids
L’un des aspects les plus intrigants de l’Ozempic est son effet secondaire : la perte de poids. Cependant, cette perte de poids ne représente qu’environ 15 % de la masse corporelle, ce qui ne résout pas entièrement le problème de l’obésité chez les personnes en surpoids. Malgré cela, l’Ozempic a réussi à s’imposer sur l’un des marchés pharmaceutiques les plus lucratifs au monde, avec des projections estimées à 100 milliards de dollars d’ici la fin de la décennie. Actuellement, Novo Nordisk, un laboratoire danois, est le leader de la compétition avec sa version injectable de l’Ozempic. La société prévoit de demander l’autorisation de commercialiser une version sous forme de pilule ayant les mêmes effets en Europe et aux États-Unis. Bien qu’il existe déjà une pilule destinée aux patients atteints de diabète, sa faible dose ne permet pas une véritable perte de poids. Malgré cela, cette pilule est souvent détournée à des fins d’amaigrissement.
Le rapport problématique des Américains à la nourriture
On estime qu’il y a actuellement 650 millions de personnes obèses dans le monde, mais aucun pays ne connaît un problème d’obésité aussi préoccupant que les États-Unis. Le niveau de vie élevé des Américains combiné à un pourcentage élevé de personnes en surpoids offre de belles perspectives pour le marché de la perte de poids. En effet, seulement 30 % des Américains ont un poids considéré comme normal, tandis que 70 % de leurs compatriotes sont en surpoids, dont 40 % sont considérés comme obèses. Dans certains cas, l’obésité atteint même des niveaux sévères. Cette maladie est désormais considérée aussi dangereuse que le tabagisme, étant directement responsable d’un décès sur cinq aux États-Unis. Malheureusement, la solution simple de manger moins et mieux s’est avérée être un échec cuisant. Pendant la période de la pandémie de Covid-19, le poids moyen de la population américaine a augmenté de 3 %.
Pourtant, les conseils pour une alimentation équilibrée ne manquent pas, mais ils se heurtent à un rapport à la nourriture basé sur l’abondance. Alors que les Français cultivent leur appétit pour mieux profiter des plaisirs de la table, les Américains considèrent la faim comme un phénomène pathologique. Pour y remédier, ils ont adopté l’habitude de consommer cinq repas par jour, avec deux collations pour combler les petits creux de la matinée et de l’après-midi, en plus du petit-déjeuner, du déjeuner et du dîner. Les portions servies lors des repas principaux sont énormes, au point que les assiettes américaines pourraient servir de plats collectifs en France. Le consommateur américain a été conditionné à remplir son assiette, et dans une culture où l’alimentation saine et plaisante n’est pas ancrée, les recommandations des nutritionnistes sont souvent perçues comme trop strictes et découragent les bonnes volontés. Malheureusement, cette situation est souvent considérée comme une fatalité, et près d’un enfant américain sur dix est déjà en surpoids avant l’âge de deux ans.
La perturbation du marché de la perte de poids
L’arrivée de l’Ozempic a bouleversé le marché de la perte de poids, qui était déjà estimé à 75 milliards de dollars. Les grands acteurs de ce secteur ont été touchés de plein fouet par l’émergence de cette solution médicamenteuse approuvée par la médecine. L’une des entreprises, Jenny Craig, qui proposait des repas pré-emballés contrôlés en calories, a fait faillite en mai dernier. Quant à Weight Watchers, une entreprise renommée dans le domaine de la perte de poids, elle a acquis « Sequence », une société de télépharmacie, afin d’intégrer les prescriptions d’Ozempic à ses programmes de perte de poids.
Aux États-Unis, l’apparition d’une « potion magique » capable de faire fondre les kilos superflus est devenue un véritable phénomène de mode, soutenu par l’influence d’Hollywood où l’Ozempic est presque considéré comme un remède miracle. Lors de la soirée des Oscars, l’un des présentateurs a plaisanté en déclarant que tout le monde était superbe grâce à l’Ozempic. Au-delà de son action sur le métabolisme, ce médicament possède des effets coupe-faim qui permettent de se restreindre sans souffrir. Bien que certains effets secondaires soient moins agréables, comme les renvois nauséabonds dont Elon Musk s’est publiquement plaint, cela n’entrave pas la demande croissante pour ce traitement. Les grands laboratoires pharmaceutiques tels que Pfizer se sont lancés dans une véritable course au trésor, espérant obtenir leur part du gâteau dans ce qui semble être l’un des plus grands succès depuis la popularisation des médicaments contre le cholestérol ou l’hypertension, qui sont également des conséquences directes du surpoids.