Des avancées prometteuses dans le domaine de l’aéronautique électrique
Le salon du Bourget a été le théâtre d’une semaine riche en annonces et en perspectives alléchantes pour l’industrie aéronautique française. Les projets d’avions électriques ont volé la vedette, mettant en lumière l’engagement du secteur dans la décarbonation du transport aérien.
Contrairement aux attentes, ce ne sont ni Airbus ni Boeing qui ont été les stars du salon, mais bien les avions électriques hybrides. Moins médiatisés que les taxis volants, ces petits avions à voilure fixe, propulsés à la fois par un moteur électrique et un moteur thermique, se sont démarqués en obtenant des intentions d’achat ainsi que des aides publiques supplémentaires. De plus, ils ont su tisser de nouveaux partenariats et progresser vers leur industrialisation et leurs premières livraisons.
Des pionniers français dans le domaine de l’aviation électrique
Plusieurs acteurs français se positionnent en pionniers de l’aviation électrique. Parmi eux, on compte des entreprises telles que Voltaero, Aura Aero, Beyond Aero, Ascendance, Blue Spirit et Elixir. Certains de ces acteurs prestigieux bénéficient également du soutien de poids lourds de l’industrie aéronautique tels qu’Airbus, Safran et Daher. Leur objectif commun est de mettre sur le marché, d’ici la fin de la décennie, des petits avions pouvant transporter de 2 à 5 personnes sur des distances de 500 à 1 000 km, propulsés par des moteurs électriques et thermiques.
Voltaero en tête pour 2025
Le premier avion électrique français, le Cassio 330 de Voltaero, devrait entrer en service dès 2025. Présenté en version définitive lors du salon du Bourget, ce petit avion hybride de cinq places suscite de grandes attentes. Le PDG de Voltaero, Jean Botti, a confirmé que le processus de certification devrait être achevé d’ici fin 2024, permettant ainsi de débuter les livraisons au début de l’année 2025.
La compagnie Airways Aviation et Air New Zealand sont les premières à avoir commandé les 218 exemplaires du Cassio 330. L’usine d’assemblage située à l’aéroport de Rochefort prévoit de livrer une trentaine d’appareils dès la première année, puis jusqu’à 150 appareils par an à partir de 2026. De plus, un deuxième modèle, le Cassio 600, doté de 12 places, devrait être disponible en 2027, suivi éventuellement d’un troisième modèle de 19 places destiné au transport régional d’ici 2030.
Aura Aero signe des partenariats avec Safran et Airbus
Le toulousain Aura Aero a également profité du salon du Bourget pour avancer dans son projet d’avion régional hybride électrique ERA. La jeune PME a signé un nouvel accord de partenariat avec Safran pour la conception de son futur ensemble propulsif, ainsi qu’un accord avec Airbus pour la fourniture d’avions d’entraînement électrique Integral E destinés à l’Airbus Flight Academy Europe.
Ces avancées sont complétées par une douzaine d’intentions d’achat supplémentaires et la perspective de nouvelles subventions, ce qui renforce la confiance du directeur général d’Aura Aero, Jérémy Caussade, quant à la réussite d’une deuxième levée de fonds avant la fin de l’été.
Daher s’engage pour 2027
Le groupe Daher s’investit également dans l’avion électrique en annonçant son intention de lancer un premier avion hybride électrique en 2027, basé sur l’un de ses deux modèles d’avions privés, le TBM ou le Kodiak. Le directeur général de Daher, Didier Kayat, affirme que le choix entre les deux modèles n’a pas encore été fait, mais que la réalisation d’un avion électrique en 2027 est une certitude.
Daher est déjà engagé depuis plusieurs années dans le développement d’un démonstrateur d’avion hybride électrique appelé l’EcoPulse, en partenariat avec Airbus et Safran. Présenté lors du salon du Bourget, cet avion effectuera son premier vol électrique dans les semaines à venir. De plus, Daher a annoncé un partenariat avec la start-up française Ascendance, qui travaille depuis 2018 sur un projet d’avion à décollage vertical appelé l’Atea. Le premier vol de ce dernier est prévu pour l’année prochaine.
Safran, acteur incontournable dans le domaine des moteurs
L’implication du groupe Safran et de sa filiale spécialisée dans les moteurs électriques, Safran Electrical & Power, est essentielle pour le développement de l’aviation électrique. En plus des projets français, les moteurs Engineus de Safran ont été choisis par de grands acteurs de l’aviation générale mondiale tels que Diamond, qui électrifie son D40, et CAE au Canada. Les start-up les plus en vue du domaine de la « mobilité aérienne » telles qu’Archer, Volocopter et Wisk, désormais filiale à 100% de Boeing, ont également opté pour les moteurs de Safran.
Pendant le salon, Safran a confirmé son espoir d’obtenir une première certification européenne pour l’Engineus 100 d’ici la fin de l’année. Ce serait une première mondiale pour un moteur d’avion électrique. Bruno Bellanger, directeur général de la division « power » de Safran E & P, déclare être sur la dernière ligne droite. De plus, Safran a annoncé la création de quatre lignes de production de moteurs électriques, deux à Niort et deux autres à Pitstone, au Royaume-Uni. La capacité de production atteindra ainsi plus de 1 000 moteurs par an.
Avant la fin de la décennie, la France pourrait devenir l’un des principaux producteurs mondiaux d’avions électriques, avec la production de plusieurs centaines d’appareils et de moteurs chaque année. Cela permettrait de commencer à décarboner le transport aérien de manière progressive et d’offrir une alternative aux liaisons interrégionales ferroviaires.
Conclusion
L’avion électrique hybride a été la véritable star du salon du Bourget, témoignant des avancées significatives dans le domaine de l’aéronautique électrique. Les projets français se démarquent avec des acteurs tels que Voltaero, Aura Aero et Daher, soutenus par des partenariats stratégiques avec des entreprises de renom comme Airbus et Safran. Ces avancées ouvrent la voie à une nouvelle ère de l’aviation, caractérisée par des avions plus respectueux de l’environnement et capables de réduire l’empreinte carbone du transport aérien. La France se positionne ainsi comme un acteur majeur dans cette transition vers une aviation plus durable.