L’Alternative für Deutschland (AfD) en ascension dans l’est du pays
Dans la ville populaire de Lankow, située à Schwerin, capitale du Land de Mecklembourg-Poméranie-Occidentale au nord de l’Allemagne, les arguments parfois outranciers des militants de l’AfD rencontrent un écho favorable auprès de la population locale. Ces discours anti-immigrants et anti-écologistes viennent alimenter les frustrations d’une population en proie à une peur grandissante.
À l’approche des élections municipales, Leif-Erik Holm, candidat de l’AfD, alimente le débat sur les enjeux qui dépassent largement le cadre municipal, notamment la crise des réfugiés. En 2022, l’Allemagne a accueilli plus de demandeurs d’asile qu’en 2015, principalement à cause du conflit en Ukraine, ce qui a suscité des tensions croissantes.
L’AfD, un parti qui manipule habilement les peurs de la population
Leif-Erik Holm, ancien animateur radio au discours fluide, est l’un des figures emblématiques de l’AfD. Ses discours alternent entre modération et xénophobie, ce qui a pour effet d’alimenter les peurs et de galvaniser l’électorat. Malgré les obstacles, il a réussi à contester l’autorité du maire social-démocrate très apprécié de Schwerin, Rico Badenschier (SPD), lors des élections municipales du 4 juin.
Si le parti de l’extrême droite réalise des progrès significatifs au niveau fédéral, c’est en grande partie grâce à la crise énergétique, à l’impopularité du gouvernement Scholz et aux problèmes migratoires qui secouent l’Allemagne. Ces facteurs ont permis à l’AfD de gagner en popularité, atteignant plus de 19 % d’intentions de vote au niveau fédéral selon les derniers sondages.
Une exploitation adroite des crises pour nourrir l’inquiétude du peuple
L’AfD a su exploiter habilement des situations critiques pour accentuer la peur au sein de la population. Par exemple, le projet d’accueillir 400 réfugiés dans des conteneurs à Uphal, une petite commune de 500 habitants du Mecklembourg, a été une opportunité pour l’AfD d’agiter la menace d’une invasion.
Pourtant, Ulrike Seemann-Katz, responsable de l’antenne du « Conseil des réfugiés » (Flüchtlingsrat), rappelle que la solidarité de la population envers les réfugiés n’a jamais été aussi forte. Elle accuse l’AfD et d’autres conservateurs de jouer avec le feu en attisant la xénophobie au sein de la société.
Un avenir politique en Allemagne de plus en plus menacé
Si les tendances actuelles se maintiennent
, l’extrême droite pourrait gagner les élections dans les trois grandes régions de l’Est (Thuringe, Brandebourg et Saxe) avec plus de 30 % des voix en 2024 et devenir la deuxième force politique d’Allemagne lors des élections fédérales de 2025.
Wolfgang Muno, politologue à l’université de Rostock, met en garde contre la radicalité croissante de l’AfD, qu’il qualifie de parti antidémocratique. En avril, la Cour constitutionnelle fédérale de Karlsruhe a déclaré que les positions de l’organisation de jeunesse du parti, la Junge Alternative, étaient « incompatibles avec la Constitution ». Le parti est même sous la menace d’une interdiction.
En conclusion, alors que l’extrême droite gagne du terrain en Allemagne, il est crucial que les citoyens et les dirigeants politiques restent vigilants et défendent les valeurs démocratiques qui constituent le socle de la société allemande.