Prévisions de croissance en berne: une réalité indéniable
Il est désormais évident que la croissance des nations industrialisées reste stagnante. D’après les dernières estimations divulguées par Clare Lombardelli, économiste en chef de l’Organisation de Coopération et de Développement Économiques (OCDE), la croissance mondiale sera de 2,7 % cette année, avant d’atteindre timidement 2,9 % l’année suivante.
Ces prévisions décevantes sont bien inférieures à la moyenne de croissance enregistrée ces dix dernières années. La pandémie de Covid, les tensions géopolitiques, les conséquences du conflit Russo-ukrainien et l’inflation croissante qui provoque une hausse des taux d’intérêt, sont régulièrement pointées du doigt pour justifier ces faibles prévisions de croissance.
Cependant, un autre élément pèse lourdement sur cette situation : la diminution de notre potentiel de production. Alors qu’au cours des années 1970, le taux de croissance de la production potentielle atteignait en moyenne 3,5 % chaque année, il se situe aujourd’hui proche de 1,5 % pour la période 2020-2022.
Baisse de la productivité : un frein majeur
L’explication majeure de cette dégradation réside dans la baisse de la productivité du travail. Cette situation est exacerbée par la réduction de la croissance démographique, le vieillissement de la population, l’investissement insuffisant en capital et une efficacité productive en déclin.
L’OCDE observe que l’investissement en capital productif au sein de ses pays membres a nettement diminué depuis 2010 par rapport aux décennies précédentes. Le Japon est un exemple flagrant : alors que la croissance du capital productif dépassait 5 % par an dans les années 1980, elle est aujourd’hui proche de zéro. Pour la zone euro, les chiffres sont passés de presque 3 % à moins de 1 %.
Revitaliser l’offre : une nécessité impérieuse
Pour l’OCDE, il est essentiel de stimuler l’offre en assouplissant les contraintes sur les marchés du travail. Les taux d’emploi des jeunes, des travailleurs âgés et des femmes sont insuffisants. Des services de garde d’enfants abordables et de qualité, une meilleure répartition du congé parental et la réforme des systèmes fiscaux et des prestations pour supprimer les obstacles à la participation des femmes sur le marché du travail sont autant de pistes à privilégier.
Investissement et concurrence : les clés du renouveau
L’OCDE appelle à une augmentation des investissements et à une concurrence accrue pour encourager les entreprises à investir et à améliorer leur efficacité. Malheureusement, la concurrence s’est réduite ces dernières années. Une concentration plus importante dans l’industrie, des marges sectorielles
en hausse, une baisse de l’entrée et de la sortie des entreprises sur un marché donné et un écart croissant entre les entreprises leaders et les autres sont autant de signaux alarmants.
Un commerce ouvert : le chemin vers la prospérité
L’OCDE met l’accent sur la nécessité de régimes d’insolvabilité d’entreprise qui ne sanctionnent pas excessivement les débiteurs, facilitant ainsi l’arrêt des établissements les moins productifs et libérant des ressources pour des entreprises plus compétitives. La réforme fiscale, visant à passer d’une fiscalité directe à une fiscalité plus indirecte avec une assiette fiscale plus large, est également prioritaire.
Des marchés internationaux ouverts, dotés de chaînes d’approvisionnement sécurisées et efficaces, sont aussi essentiels. Ils sont une source majeure de prospérité à long terme et de croissance de la productivité pour toutes les économies. Or, en 2022, plus de 9 % des importations mondiales de marchandises étaient affectées par des restrictions à l’importation, contre seulement environ 4 % en 2017.
La bataille pour la croissance mondiale est loin d’être terminée. L’OCDE, avec ses conseils, espère contribuer à la redynamisation de cette croissance. Cependant, il est évident que la mise en œuvre de ces recommandations exigera des efforts concertés de la part de tous les acteurs impliqués.