Un incident pas comme les autres
Le lundi 22 mai, un événement surprenant a marqué le conflit en cours entre la Russie et l’Ukraine. Un groupe de combattants, venus de l’Ukraine, a fait irruption sur le territoire russe, provoquant une coupure des réseaux mobiles dans la région de Belgorod, le site de l’ »opération militaire spéciale ». La référence à une opération militaire spéciale est souvent utilisée comme une formule voilée pour désigner la guerre lancée par Vladimir Poutine contre l’Ukraine, et voilà que cette guerre semble avoir traversé les frontières russes…
Cet incident a mis à rude épreuve certaines des vérités établies sur le conflit. La capacité des Ukrainiens à mener des incursions en territoire russe n’était pas inconnue. Cependant, l’assaut du lundi, lancé contre les localités de Glotovo, Kozinka et Gora-Podol, est d’une ampleur sans précédent.
Un conflit de grande envergure
Les forces en jeu lors de cette attaque semblaient nettement plus importantes que lors des précédentes. D’après les images fournies par les assaillants eux-mêmes, plusieurs dizaines d’hommes, appartenant à des unités russes combattant pour Kiev, ainsi que des blindés, auraient participé à l’assaut. Les témoins rapportent avoir entendu les détonations pendant plusieurs heures, ce qui suggère que les combats ont été particulièrement violents.
Nettoyage en cours
Et voilà que l’affront devient encore plus grave pour Moscou : mardi matin, certains assaillants étaient toujours présents sur le terrain, selon des sources non officielles russes et les assaillants eux-mêmes. Le gouverneur de Belgorod, Viatcheslav Gladkov, a confirmé ces informations, en évoquant un « nettoyage » toujours en cours et des zones que les forces de sécurité russes n’avaient pas encore pu atteindre.
L’opération et ses acteurs
Les assaillants ont lancé leur opération en fin de matinée lundi, avec des bombardements d’artillerie et des tirs de drone sur plusieurs districts frontaliers. Selon les rapports officiels russes, ces attaques auraient fait huit blessés civils, et une femme âgée est morte lors de son évacuation en bus.
L’attaque a été menée par deux groupes de combattants russes opposés au régime de Vladimir Poutine : Liberté de la Russie et le corps des volontaires russes (RDK). Ces deux organisations ont des visions idéologiques différentes pour l’avenir de la Russie, mais elles mènent des opérations militaires ensemble dans le but commun de renverser le régime de Poutine.
Réaction à Kiev
A Kiev, les autorités ont nié toute implication dans l’incursion, mais le ton sarcastique de ces dénégations ressemble plus à une revendication déguisée. Le conseiller du président Volodymyr Zelensky, Mykhaïlo Podoliak, a ironiquement tweeté que « les chars sont vendus dans tous les surplus militaires », une allusion moqueuse à une explication donnée en 2014 par Vladimir Poutine et d’autres officiels russes pour justifier la présence de combattants russes dans le Donbass.
L’objectif de l’opération et son impact psychologique
Il est difficile de déterminer l’objectif tactique de cette opération, d’autant plus que l’issue des combats reste incertaine. Cependant, l’incursion pourrait s’inscrire dans le cadre de la préparation d’une contre-offensive ukrainienne de grande envergure, destinée à déstabiliser l’armée russe et à l’obliger à disperser ses troupes.
L’impact psychologique de cet incident sur le côté russe est indéniable. Les autorités ont été contraintes de placer la région de Belgorod sous le « régime légal de zone d’opération antiterroriste », ce qui donne plus de pouvoir aux forces de sécurité. Il s’agit d’une première depuis le début de l’offensive contre l’Ukraine et cela rappelle aux Russes les années 1990, lorsque de vastes zones du Caucase étaient le théâtre de conflits armés.
Conclusion
En conclusion, cet incident marque une nouvelle étape dans le conflit en cours entre la Russie et l’Ukraine, en montrant que la guerre n’est pas limitée à l’Ukraine, mais peut aussi atteindre le sol russe. Cela pourrait avoir des implications majeures pour la suite du conflit et pour la façon dont il est perçu tant en Russie qu’à l’étranger.