L’avenir de l’IA : la fusion entre la technologie et les neurones humains

Un pas de géant vers une nouvelle génération d’intelligence artificielle

L’intelligence artificielle (IA) continue de progresser à un rythme effréné, avec des modèles d’apprentissage automatique tels que ChatGPT et Dall-e captivant l’attention du monde entier. Cherchant constamment à améliorer ces outils, des chercheurs internationaux dirigés par des scientifiques de l’Université Johns Hopkins (JHU) ont publié une étude le 28 février dernier dans la revue Frontiers in Science, proposant une approche révolutionnaire : “l’intelligence organoïde (IO)”. Ce concept, encore méconnu, repose sur la création d’ordinateurs vivants composés de neurones humains produits à partir de cellules souches. Les chercheurs espèrent que cette approche permettra de créer des IA encore plus puissantes que celles dont nous disposons aujourd’hui.

Des cellules humaines au service de la technologie

Selon Thomas Hartung, chercheur à JHU et co-auteur de l’étude, l’équipe a commencé par récupérer des cellules de peau et de sang provenant d’un donneur. Ils ont ensuite reprogrammé ces cellules pour les transformer en cellules souches, capables de créer différents tissus humains, y compris des cellules cérébrales. Ces neurones ont été placés dans des boîtes de Petri où ils ont pu communiquer entre eux, formant ce que les chercheurs ont appelé des “organoïdes cérébraux”. Ces organoïdes présentent une partie de l’architecture et de la fonctionnalité d’un cerveau humain, avec des neurones communiquant entre eux par des signaux électriques, comme dans le système nerveux central humain.

La puissance des organoïdes cérébraux

Pour tester l’efficacité de ces organoïdes cérébraux, les chercheurs ont installé des micro-électrodes dans leurs boîtes afin d’enregistrer leur activité. Un système similaire à un électroencéphalogramme permet de demander aux organoïdes d’effectuer certaines actions, telles que des calculs, et de récupérer l’information en sortie. L’équipe de chercheurs espère qu’à terme, l’intelligence organoïde pourrait remplacer les ordinateurs dans de nombreuses applications, notamment la création d’intelligence artificielle, la médecine et la recherche sur les tests de médicaments.

Un potentiel à débattre

Cependant, tous les experts ne sont pas convaincus de la viabilité de l’intelligence organoïde. Claude Touzet, chercheur en intelligence artificielle spécialiste des réseaux de neurones artificiels, estime que les objectifs cités ne sont pas tous réalistes. Il pense que les circuits électroniques capables d’émuler artificiellement des réseaux neuronaux seront bientôt disponibles, surpassant les organoïdes en termes de performances. De plus, les neurones biologiques ont des temps de réaction lents et ne supportent pas les variations de température, ce qui rend difficile la compétition avec l’électronique.

Michael Levin, directeur du Centre de biologie de Tufts, se montre plus optimiste. Il a été le premier à créer des “xénobots”, des robots vivants, avec Josh Bongard, informaticien expert en robotique à l’Université du Vermont (États-Unis). Selon Levin, l’intelligence organoïde ne va pas assez loin, car elle se concentre uniquement sur le cerveau. Il prédit que l’avenir de l’intelligence artificielle résidera dans une intelligence diversifiée utilisant une gamme de supports vivants, non vivants et hybrides.

Le rôle du corps dans l’intelligence

Un débat fait rage entre les chercheurs en IA et ceux en robotique pour déterminer si un corps est nécessaire à l’intelligence. Les modèles d’IA actuels, tels que ChatGPT, ont un accès indirect au monde réel, interagissant uniquement avec les humains. Cela soulève des questions sur ce qu’ils peuvent apprendre et ce qu’ils ne peuvent pas.
Claude Touzet a développé la théorie de “la robotique développementale” selon laquelle l’intelligence artificielle passera par la création de robots capables de toucher, entendre et interagir avec le monde extérieur. L’objectif est de leur faire acquérir des compétences et de les comprendre. Les robots dotés de “cerveaux positroniques”, imaginés par l’écrivain de science-fiction Isaac Asimov, ne paraissent plus si loin.

Conclusion : le futur de l’intelligence artificielle

En fin de compte, l’intelligence organoïde représente une approche innovante et prometteuse pour améliorer les capacités de l’intelligence artificielle. Cependant, il reste encore beaucoup de questions à résoudre et de défis à relever avant que cette technologie ne puisse être pleinement exploitée. La combinaison de l’IA, de la robotique et des avancées en biologie pourrait conduire à de nouvelles formes d’intelligence qui dépassent les limites actuelles de la technologie. Seul l’avenir nous dira si l’intelligence organoïde tiendra ses promesses et révolutionnera notre compréhension de l’intelligence artificielle et humaine.

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