L’incident qui a secoué Boeing et la FAA
La Federal Aviation Authority (FAA), l’autorité américaine de l’aviation, a récemment lancé un avertissement sévère à Boeing suite à un incident qui aurait pu avoir des conséquences tragiques. Après l’arrachage d’une porte d’un Boeing 737 MAX 9 d’Alaska Airlines, la FAA a immédiatement réagi en ordonnant l’inspection de 171 appareils de ce type, tous désormais interdits de vol. Cette situation tendue a ravivé les inquiétudes concernant la sécurité aérienne, mettant en lumière des problèmes potentiels dans les pratiques de fabrication de Boeing.
Un incident qui aurait dû être évité
Moins d’une semaine après l’accident d’Alaska Airlines, où une pièce de la carlingue d’un Boeing 737 MAX 9 s’est détachée en plein vol, la FAA a pris des mesures drastiques. Dans un communiqué officiel, l’autorité de surveillance a déclaré : « Cet incident n’aurait jamais dû se produire et cela ne peut pas se reproduire. Les pratiques de fabrication de Boeing doivent être conformes aux normes de sécurité élevées auxquelles ils sont légalement tenus de se conformer. »
Cet avertissement sans équivoque a mis en lumière la nécessité d’une enquête approfondie pour déterminer les causes exactes de l’incident et garantir que de telles situations ne se reproduisent pas à l’avenir. Le National Transportation Safety Board (NTSB), l’agence gouvernementale responsable des investigations sur les accidents aériens, a également entamé sa propre enquête.
La réaction de Boeing
Face à cet avertissement, Boeing a réagi dans un communiqué en promettant une coopération totale et transparente avec la FAA et le NTSB dans le cadre de leurs enquêtes. Cette réaction fait suite aux déclarations du PDG de Boeing, David Calhoun, qui avait admis l’erreur de l’entreprise lors d’une réunion d’urgence avec ses dirigeants.
Cependant, les relations entre Boeing et les autorités de régulation sont actuellement tendues, en grande partie en raison des précédents incidents impliquant les Boeing 737 MAX. En 2018 et 2019, deux de ces avions se sont écrasés, faisant 346 victimes en raison de graves problèmes de fabrication. Il avait alors été révélé que Boeing avait tenté de tromper les autorités de régulation.
L’inspection des 737 MAX 9
Immédiatement après l’accident, la FAA a ordonné l’immobilisation de 171 Boeing 737 MAX 9, principalement exploités par Alaska Airlines et United. L’inspection de ces avions est censée durer entre quatre et huit heures, mais aucun d’entre eux n’a encore été autorisé à reprendre les vols en raison de l’absence d’instructions précises de la part de la FAA et de Boeing.
Les deux compagnies aériennes ont révélé avoir découvert des vis mal serrées, qui sont censées maintenir en place la pièce de bouchage remplaçant une porte de secours similaire à celle qui s’est détachée de l’appareil d’Alaska Airlines. Cette défaillance technique inquiète profondément l’industrie de l’aviation.
Les critiques envers Boeing
Les critiques à l’encontre de Boeing ne sont pas nouvelles. Ed Pierson, un ancien employé de Boeing et lanceur d’alerte, a accusé la société de privilégier la production rapide d’avions au détriment de la sécurité. Cette course à la production aurait conduit Boeing à faire pression pour éviter les inspections et à négliger certains aspects cruciaux de la sécurité aérienne.
Même Elon Musk, le PDG de SpaceX et Tesla, a saisi l’occasion pour critiquer Boeing. Il a remis en question la priorité accordée par Boeing à la diversité, à l’équité et à l’inclusion (DEI) par rapport à la sécurité, déclarant que cela mettait en danger la vie des passagers. Cette controverse souligne à quel point la sécurité aérienne est devenue un sujet brûlant dans l’industrie.
Spirit AeroSystems dans le collimateur
Outre Boeing, le fournisseur du fuselage des Boeing 737 MAX 9, Spirit AeroSystems, est également sous les projecteurs. Cette entreprise, qui était autrefois une division de Boeing avant d’être externalisée en 2005, fait face à des accusations graves. En mai 2023, des investisseurs ont déposé une plainte collective contre Spirit AeroSystems, dénonçant des défauts de qualité persistants.
La plainte souligne deux défaillances majeures : des trous mal percés sur la cloison étanche arrière du 737 MAX et des problèmes liés aux raccords des ailerons de certains avions de ce modèle. Ces problèmes, signalés par Boeing en 2023, avaient entraîné une chute drastique de la production au cours de la même année.
La défense de Spirit AeroSystems
Spirit AeroSystems a vivement réagi à ces accusations, affirmant être en désaccord complet avec les affirmations des plaignants. L’entreprise a également été secouée par une grève en juin pour des revendications salariales. À l’automne, son PDG a démissionné, signe des difficultés internes qu’elle traverse.
Cependant, dans une tentative de redorer son image et d’améliorer la qualité de sa production, Spirit AeroSystems a signé un accord financier et technique avec Boeing en octobre. Cet accord vise à renforcer la qualité de la production et à stabiliser la trésorerie de l’entreprise.
L’impact sur les compagnies aériennes
L’incident avec le Boeing 737 MAX 9 a eu un impact significatif sur les compagnies aériennes. Un Airbus A319 d’United Airlines a été contraint d’interrompre son vol et d’atterrir en Floride après qu’un voyant lumineux a signalé un problème potentiel de porte. Heureusement, l’avion a pu redécoller après des vérifications.
De son côté, Alaska Airlines a réagi en proposant le remboursement des billets et une compensation de 1 500 dollars (1 370 euros) aux passagers du vol touché. Cette réaction vise à restaurer la confiance des voyageurs dans la sécurité des vols.
Conclusion
L’incident avec le Boeing 737 MAX 9 a jeté une lumière crue sur les enjeux cruciaux de la sécurité aérienne. Il a mis en évidence les défis auxquels l’industrie de l’aviation est confrontée, notamment en ce qui concerne la pression pour la production rapide, les pratiques de fabrication et la fiabilité des fournisseurs. La FAA et Boeing devront collaborer étroitement pour garantir que de tels incidents ne se reproduisent pas à l’avenir, afin d’assurer la sécurité des passagers et la confiance dans l’aviation commerciale.