La Controverse autour de l’EVARS en Belgique
L’éducation à la vie relationnelle, affective et sexuelle (EVARS) est devenue le centre d’une controverse brûlante en Belgique. Cette controverse a atteint un point critique avec des actes de vandalisme et d’incendie criminel visant des écoles dans différentes régions du pays. Le bourgmestre de Charleroi, Paul Magnette, a même qualifié ces actes de « forme de terrorisme » et d' »infamie ». Qu’est-ce qui a provoqué une telle réaction? L’EVARS est au cœur de cette tourmente.
Actes Pyromanes et Oppositions
Début septembre, plusieurs écoles maternelles et primaires ont été la cible de tentatives d’incendie volontaire, accompagnées d’inscriptions hostiles au programme EVARS nouvellement voté par le parlement wallon. Cette vague d’attaques s’est poursuivie les jours suivants, à Charleroi mais aussi à Liège, suscitant une vive inquiétude.
L’EVARS a suscité des oppositions variées, allant des accusations et des malentendus aux thèses complotistes et aux fausses informations. Des groupes catholiques intégristes et des associations islamiques ont même lancé des appels à manifester contre le programme.
Réponse du Gouvernement et des Ministres
Face à cette situation alarmante, le Conseil des ministres a pris des mesures pour assurer la sécurité des enfants en envoyant la police fédérale en renfort dans les régions touchées. La ministre francophone de l’Éducation, Caroline Désir, a tenté de calmer les esprits en soulignant qu’il n’était pas question d’encourager l’hypersexualisation chez les jeunes ni de susciter une orientation sexuelle ou une identité de genre. Elle a déclaré qu’il était inadmissible de faire peur aux parents avec de fausses informations.
La ministre de l’Enseignement supérieur, Françoise Bertieaux, a également pointé du doigt la circulation de fausses informations sur ce cours, alimentant la polémique.
Le Contenu du Guide EVARS
Le guide EVARS, d’une longueur de 300 pages, est destiné à ceux qui animeront les séances. Il aborde des questions essentielles telles que les violences sexuelles, le principe du consentement et les stéréotypes de genre. Cependant, il ne s’agit que d’une formation de deux heures par an, destinée aux élèves de 11-12 ans et de 15-16 ans. Le guide vise principalement à aider les animateurs, et tout ce qui y est inclus ne sera pas nécessairement enseigné en classe. Environ 85 000 élèves en Wallonie et 25 000 à Bruxelles sont concernés par ce programme. L’EVARS est obligatoire depuis 2012, mais son enseignement a été inégal jusqu’à récemment.
La Persistance de la Polémique
Malgré le décret récent du parlement wallon visant à généraliser le programme, la polémique persiste. Le Conseil de coordination des institutions islamiques de Belgique a exprimé des inquiétudes concernant l’impact du programme sur la liberté religieuse des parents. Sur les réseaux sociaux, les réactions sans nuances dénoncent une prétendue hypersexualisation des enfants et un endoctrinement.
Les Réactions d’un Directeur d’École
Benoît Gallez, directeur de la section secondaire du Collège Saint-Michel à Bruxelles, a publié une tribune dans laquelle il cherche à apporter des nuances à la discussion. Il dénonce le fait que seuls les milieux catholiques extrémistes et islamiques conservateurs sont montrés du doigt. Il explique que les animations EVARS sont dispensées depuis plus de douze ans dans son école par des professionnels de l’EVARS, et que de nombreuses autres écoles catholiques font de même.
Cependant, il exprime des réserves quant à l’extension des animations EVARS à l’ensemble de la scolarité obligatoire, de 5 à 18 ans. Il craint que ces cours d’éducation sexuelle n’amènent les jeunes à se poser des questions auxquelles ils n’auraient jamais pensé et normalisent des comportements problématiques.
Le Débat sur les « Sextings » et les « Nudes »
Une première version du guide EVARS faisait référence aux « sextings » et aux « nudes » comme étant des pratiques courantes chez les jeunes, tout en soulignant l’importance de les responsabiliser et de les protéger. Cette précision a été retirée en raison des réactions indignées, mais le guide évoque toujours des règles concernant l’envoi de photos intimes. Benoît Gallez s’oppose à l’idée de ne pas décourager les jeunes de s’engager dans de telles pratiques.
Recours Juridiques et Controverse Continue
Deux associations, l’Observatoire Petite Sirène et Innocence en danger, ont déposé un recours auprès de la ministre de l’Éducation, contestant le caractère idéologique et hypersexualisé de l’EVARS, qu’elles estiment mettre en danger le développement psychoaffectif des élèves. Elles critiquent également l’effacement du sexe biologique au profit du genre et la promotion de la transidentité.
La controverse autour de l’EVARS en Belgique ne montre aucun signe de désescalade. À cela s’ajoute la gravité des actes criminels perpétrés contre des écoles, qui font peser une menace sur la sécurité des élèves. Le Premier ministre belge, Alexander De Croo, a condamné ces actes intolérables et promis que les responsables seraient identifiés et traduits en justice.
La discussion sur l’éducation sexuelle dans les écoles belges se poursuit, alimentée par des débats passionnés et des désaccords profonds. La manière dont la Belgique gérera cette controverse et assurera la sécurité des élèves reste une question cruciale.