Dans un ballet complexe d’accusations et d’inquiétudes, la Chine, accusée de déloyauté dans la compétition acharnée du marché de l’automobile électrique, s’est exprimée avec une fermeté croissante face à l’Union européenne le jeudi 14 septembre. Pékin a sonné l’alarme, prédisant que l’enquête sur les subventions chinoises aurait un impact négatif considérable pour les entreprises européennes.
L’enjeu de l’enquête
L’enjeu crucial ici est l’enquête annoncée par l’Union européenne sur les subventions octroyées par la Chine aux véhicules électriques. Les constructeurs de l’UE se préoccupent de plus en plus d’une concurrence déloyale à l’échelle mondiale. Cette situation est en train de se transformer en un champ de bataille économique d’une ampleur colossale.
La Réplique Chinoise
La Chine, d’un ton nettement menaçant, pointe du doigt cette mesure qu’elle estime être « prise au nom d’une ‘concurrence loyale' », dénonçant un protectionnisme flagrant qui, selon elle, aura des répercussions négatives sur les relations économiques et commerciales entre la Chine et l’Union européenne, a clairement affirmé le ministère chinois du Commerce dans un communiqué.
L’Europe et les Constructeurs Chinois
La Commission européenne a ainsi ouvert une nouvelle bataille avec l’industrie automobile chinoise. Bruxelles a brusquement annoncé mercredi l’ouverture d’une enquête sur les subventions offertes par Pékin aux constructeurs de voitures électriques. Actuellement, ces constructeurs ne détiennent qu’une part minime du marché européen, mais leur compétitivité est une menace grandissante pour les marques occidentales.
Carlos Tavares, président de Stellantis, a martelé pendant plus d’un an que l’Europe « déroulait le tapis rouge aux constructeurs chinois ». En annonçant le lancement de cette enquête sur les subventions offertes aux constructeurs chinois, la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, semble désormais soutenir cette analyse. Pour les grandes marques européennes comme Renault et Volkswagen, certains analystes financiers prédisent un avenir sombre.
L’appétit Chinois pour l’Europe
L’appétit de conquête des constructeurs chinois pour l’Europe est apparu de manière évidente lors du Salon de l’Automobile de Munich la semaine dernière. Plus de 40 % des entreprises représentées venaient de Chine.
L’Impact Actuel
À ce stade, l’impact sur les ventes en Europe reste relativement faible. Selon les données de l’expert Matthias Schmidt, les immatriculations de voitures neuves de marque chinoise ne représentent que 2,7 % du marché au premier semestre dans les 18 pays d’Europe de l’Ouest.
Cependant, le tableau se dessine de manière plus préoccupante si l’on se penche sur les véhicules 100 % électriques, un segment qui représente déjà 15 % des ventes et qui devrait atteindre 100 % en 2035 grâce à l’interdiction annoncée des moteurs thermiques. Dans ce créneau, les marques chinoises détiennent déjà une part de marché de 8 %, qui est montée à 10 % en juillet dernier.
Le Rôle de MG et BYD
La charge est menée par MG. La marque détenue par le mastodonte d’État SAIC représente actuellement les deux tiers des importations de voitures chinoises en Europe de l’Ouest, avec 49 000 voitures électriques vendues au cours des six derniers mois, selon les données de Matthias Schmidt.
Sa locomotive commerciale est la MG 4, une berline compacte disponible à partir de 30 000 euros, soit 10 000 euros de moins que la Renault Megane E-Tech. MG en a écoulé 30 690 au premier semestre en Europe, soit 9 000 de plus que le Losange, qui dispose pourtant d’une marque bien plus installée en Europe.
Mais l’inquiétude est surtout alimentée par l’ambition dévoilée de BYD (acronyme de Build Your Dreams). Cette marque chinoise, autrefois spécialisée dans la production de batteries, a fait une percée fulgurante sur son marché intérieur, détrônant Volkswagen en début d’année pour devenir leader des ventes.
L’Avantage de BYD
Le groupe BYD a écoulé 1,86 million de voitures électrifiées l’année dernière, dont 911 000 étaient des véhicules 100 % électriques, et il aspire à rattraper puis dépasser Tesla. Son président rêve à haute voix de « démolir les vieilles légendes » de l’industrie automobile occidentale. En France, BYD prévoit de lancer pas moins de cinq modèles dans les mois à venir.
Selon les analystes d’UBS, la menace est redoutable. Après avoir minutieusement disséqué un modèle 100 % électrique de BYD bientôt vendu en Europe, ils ont conclu que le constructeur chinois disposait d’un avantage de coût de… 25 %. Cette concurrence sera particulièrement difficile à affronter pour des marques grand public comme Volkswagen et Renault, qui ne pourront pas rivaliser sur les prix, même en sacrifiant leurs marges, estime UBS.
Les Prévisions pour l’avenir
Cela conduit les analystes à anticiper un « tremblement de terre » à l’horizon 2030, avec des constructeurs chinois qui pourraient atteindre 20 % de part de marché en Europe, contre 3 % actuellement. Pour éviter cela, le gouvernement français tente d’exclure les voitures « Made in China » du bonus écologique de 5 000 euros pour l’achat d’une voiture électrique à partir de 2024. L’annonce d’Ursula von der Leyen montre que la Commission européenne, elle aussi, s’attaque à ce problème de front.