La présence de la peste en Grande-Bretagne remonte à 4000 ans

Un retour à l’âge de pierre : des traces de peste néolithique dévoilées

Des scientifiques ont récemment mis en évidence les signes les plus anciens de la peste en Grande-Bretagne, retrouvés dans trois individus enterrés durant l’époque néolithique. La souche découverte, qui est aujourd’hui éteinte, avait une faible virulence et ne se propageait pas par le biais de puces.

Les nombreuses visages de la peste au cours de l’histoire

Alors que les épidémies de peste bubonique, également connue sous le nom de « peste noire », ont ravagé l’Europe au XIVe siècle, d’autres formes de propagation de la bactérie Yersinia pestis ont existé. L’une d’entre elles, remontant à près de 3000 ans avant notre ère, a été découverte en Lettonie actuelle. Cette bactérie serait apparue quelques centaines d’années auparavant, en divergeant de Yersinia pseudotuberculosis. Elle se serait ensuite propagée et diversifiée en plusieurs lignées, dont certaines se sont aujourd’hui éteintes.

Des indices révélateurs sur l’origine de la peste en Grande-Bretagne

La variante LNBA (Late Neolithic and Bronze Age, fin du néolithique et âge du bronze) de Yersinia pestis a été identifiée sur des squelettes datant de près de 4700 ans en Eurasie. Elle s’est répandue en quelques siècles vers l’Europe centrale, puis occidentale, se diversifiant en deux variantes. L’une d’entre elles a été retrouvée sur deux sites seulement (en Russie et en Espagne), et possède le gène de virulence ymt (Yersinia murine toxin), tandis que l’autre, plus courante, n’a pas ce gène. Les traces les plus occidentales de cette dernière variante ont été retrouvées en Allemagne du Sud, datant de 1400 av. J.-C. C’est cette variante qui a été détectée sur trois corps en Grande-Bretagne, enterrés vers 2000 av. J.-C.

La découverte d’une femme et deux enfants porteurs de « Yersinia pestis »

L’Institut Francis-Crick a effectué des prélèvements sur 34 corps issus de deux contextes funéraires distincts. Les chercheurs ont réussi à identifier le génome de Yersinia pestis sur trois d’entre eux : une femme et deux enfants. Ces deux sites, bien qu’éloignés géographiquement, ont confirmé que Yersinia pestis s’est répandue en Grande-Bretagne pendant l’âge du bronze.

Les particularités génétiques de la souche LNBA

Les analyses effectuées à l’Institut Francis-Crick ont permis d’approfondir nos connaissances sur la souche LNBA. Cette souche ne possède pas le gène de virulence yapC, dont le rôle a été identifié au cours du séquençage du génome. Il a été constaté qu’un autre gène de virulence, ymt, qui favorise la transmission de la bactérie par les puces, est également absent dans cette souche. Cela suggère que la transmission de cette souche ne se faisait pas par les puces et qu’elle n’était probablement pas aussi virulente que la peste bubonique qui a ravagé l’Europe au XIVe siècle.

Les implications de la peste à Charterhouse Warren Farm

L’ampleur de la sépulture à Charterhouse Warren Farm, unique en Grande-Bretagne, a poussé les chercheurs à se questionner sur la possibilité d’un lien entre la présence de la peste et les violences qui ont été perpétrées sur le site. Cependant, les examens anthropologiques ont démontré que tous ces individus n’ont pas succombé à la peste, laissant ouverte la question de ce qui a motivé ces violences.

L’importance de retracer l’évolution des agents pathogènes anciens

La découverte de génomes d’agents pathogènes anciens offre une précieuse perspective sur la façon dont ces pathogènes se sont propagés et évolués avec le temps. L’identification de ces génomes peut aider à comprendre quels gènes ont pu jouer un rôle crucial dans la propagation des maladies infectieuses. Il a été constaté que cette lignée de Yersinia pestis, y compris les génomes de cette étude, a perdu des gènes au fil du temps, un phénomène qui a été observé lors d’épidémies ultérieures causées par le même agent pathogène.

L’étude des anciennes souches bactériennes pour une meilleure défense future

Selon Pontus Skoglund, directeur du laboratoire de génomique ancienne à l’Institut Francis-Crick, comprendre l’évolution des souches bactériennes anciennes est essentiel pour mieux se préparer à l’avenir. Il souligne que l’ADN ancien peut témoigner de maladies infectieuses beaucoup plus anciennes, et que la recherche future permettra de mieux comprendre comment nos génomes ont réagi à ces maladies dans le passé.

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