Le Tchad, ce vaste pays d’Afrique centrale connu pour ses paysages diversifiés et son histoire tumultueuse, fait encore la une. Cette fois-ci, les projecteurs sont braqués sur une vague d’arrestations qui frappe l’opposition politique, les membres de la société civile et d’autres citoyens. L’atmosphère est tendue à N’Djamena, la capitale, où les services de renseignement multiplient les descentes, apparemment déterminés à étouffer toute forme de dissidence. Plongeons ensemble dans cette situation complexe.
Un contexte explosif : pourquoi ces arrestations ?
Le Tchad n’en est pas à sa première crise politique. Depuis la mort d’Idriss Déby Itno en 2021, son fils Mahamat Idriss Déby Itno a pris le pouvoir en tant que président de la transition, à la tête d’une junte militaire. Prévue pour durer 18 mois, cette transition a été prolongée, suscité de vives critiques et des suspicions de perpetuer une « dynastie Déby ». Et devinez quoi ? Les tensions n’ont fait que croître depuis lors.
En octobre 2024, une nouvelle étape est franchie. Le gouvernement tchadien accuse les opposants d’être impliqués dans des tentatives d’assassinat contre le président de la Cour suprême. C’est dans ce contexte explosif que les arrestations se multiplient. Parmi les arrêtés, on retrouve des membres du Parti socialiste sans frontières (PSF), menés par Yaya Dillo, farouche opposant au président de la transition et, ironie du sort, son propre cousin.
Yaya Dillo, symbole de la résistance
Yaya Dillo n’est pas un inconnu pour le gouvernement tchadien. Cet homme est souvent perçu comme un « rebelle obstiné » ou un « héros de la résistance », selon le côté duquel vous vous situez. En 2021, il s’était présenté à la présidentielle contre Idriss Déby, et maintenant, il reste l’une des figures de proue de l’opposition. Après une attaque contre les bureaux des services de renseignement à N’Djamena, attribuée au PSF, les tensions ont atteint un nouveau sommet. Le gouvernement a déclaré que la situation est « sous contrôle », mais les arrestations continuent, notamment dans les rangs du PSF et des civils perçus comme sympathisants.
L’élection présidentielle : un contexte aggravant
Ce n’est pas un hasard si ces arrestations surviennent à ce moment précis. Le premier tour de l’élection présidentielle est fixé au 6 mai prochain. Et devinez qui est candidat ? Mahamat Idriss Déby Itno, bien sûr, et Yaya Dillo, qui n’a jamais caché son ambition de briguer la présidence. Dans ce contexte, le climat politique est électrique. Les services de renseignement tchadiens semblent déterminés à réduire au silence toute opposition avant cette échéance cruciale.
La route vers les élections est donc jalonnée de pièges. Et si vous vous demandiez pourquoi le gouvernement semble si nerveux, c’est probablement parce que les fantômes du passé ne sont jamais bien loin. Depuis l’ascension d’Idriss Déby en 1990, le pouvoir s’est maintenu par une répression systématique de la dissidence, et la tradition semble se perpétuer.
La société civile sous pression
L’opposition n’est pas la seule cible. Des membres de la société civile sont également visés par les services de renseignement tchadiens. Amnesty International et d’autres organisations de défense des droits humains ont récemment dénoncé une « nouvelle vague d’arrestations et de harcèlement » dirigée contre les défenseurs des droits et les journalistes. Certains ont même été accusés de « soutien à la rébellion » pour avoir simplement relayé des informations sur la situation dans le pays. Vous voyez le tableau ?
Cela devient presque une routine : toute voix qui dérange le pouvoir en place se retrouve vite réduite au silence. Les journalistes, souvent les premiers à rendre compte des abus, sont harcelés et même emprisonnés. Le message est clair : « Parlez, et vous serez arrêtés. » Et pour une population qui a déjà traversé tant d’épreuves, cette nouvelle vague de répression est une piqûre de rappel douloureuse.
L’Agence Nationale de Sécurité : un état dans l’état
L’Agence nationale de sécurité (ANS) du Tchad est au cœur de ces arrestations. Ce n’est pas la première fois que l’ANS fait parler d’elle. Cet organe, qui opère comme un « état dans l’état », est redouté pour ses méthodes brutales et son opacité. Elle a la mainmise sur la sécurité du pays, mais aussi sur la vie quotidienne de milliers de Tchadiens. Ce qui est troublant, c’est que même ceux qui ne participent pas directement à la politique se retrouvent souvent pris dans ses filets, soit pour avoir exprimé des opinions critiques, soit pour de simples soupçons.
Lors de l’attaque des bureaux de l’ANS, le gouvernement a pris des mesures drastiques : les voies menant au siège de l’ANS ont été bloquées, l’armée a été déployée autour du siège du PSF, et des membres de l’opposition ont été arrêtés en masse. On pourrait dire que c’est une démonstration de force. Mais à qui cette force s’adresse-t-elle réellement ? Aux ennemis du gouvernement, ou aux citoyens qui observent, impuissants, la situation se dégrader ?
Qu’en est-il des droits humains ?
Pour les organisations de défense des droits humains, la situation est alarmante. Amnesty International a publié plusieurs communiqués pour dénoncer la « répression croissante » contre les défenseurs des droits et les militants pacifiques. Ces arrestations sont perçues comme un signe clair de la volonté du gouvernement de maintenir le statu quo et de s’assurer qu’aucune voix discordante ne vienne perturber l’ordre établi.
L’état de droit est une notion qui semble de plus en plus étrangère au Tchad. Le gouvernement parle de stabilité et de sécurité, mais ces termes se traduisent souvent par des arrestations arbitraires et la suppression de libertés fondamentales. Le droit de manifester, la liberté de la presse, et même la liberté d’expression sont systématiquement bafoués.
Conclusion : quel avenir pour le Tchad ?
Alors, où cela nous mène-t-il ? Le Tchad est à la croisee des chemins. D’un côté, un gouvernement qui semble vouloir s’éterniser au pouvoir, en utilisant tous les moyens à sa disposition, y compris la répression et l’intimidation. De l’autre, une opposition et une société civile qui refusent de baisser les bras, malgré les risques encourus.
La situation est loin d’être idéale, et l’avenir du Tchad reste incertain. Les élections présidentielles de mai 2025 seront sans aucun doute un moment décisif. Le pays pourra-t-il surmonter cette nouvelle crise politique sans sombrer dans le chaos ? Ou bien assisterons-nous à une nouvelle étape de la « dynastie Déby » ? Ce qui est sûr, c’est que le peuple tchadien, qui a déjà tant souffert, mérite mieux qu’un éternel retour à la case départ.