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Les développements les plus récents
Le vendredi 17 mai, la Corée du Nord a tiré un missile balistique au large de sa côte est, selon l’agence de presse sud-coréenne Yonhap, citant l’armée sud-coréenne. Cette nouvelle provocation marque une escalade supplémentaire dans le conflit nucléaire qui inquiète la communauté internationale depuis des années.
Simultanément, une délégation nord-coréenne dirigée par Yun Jong Ho, ministre du Commerce international, a effectué une visite officielle en Iran. Ce rare déplacement, annoncé le 24 avril par l’agence de presse nord-coréenne KCNA, suscite des spéculations sur une éventuelle coopération entre les deux pays en matière de technologie des missiles. Des rapports suggèrent que l’Iran et la Corée du Nord pourraient échanger des connaissances techniques ainsi que des composants, bien que les deux pays nient ces accusations.
De plus, la Corée du Nord a mené un exercice de contre-attaque nucléaire sous la supervision du leader Kim Jong Un. Selon l’agence de presse d’État KCNA, les forces armées ont participé à cet exercice le 22 avril, afin de démontrer leurs capacités et de protester contre les exercices militaires conjoints des États-Unis et de la Corée du Sud. Des canons d’artillerie équipés de maquettes de têtes nucléaires ont été utilisés, aggravant les tensions dans la région.
Le cœur du problème
Depuis la division de la Corée le long du 38e parallèle après la Seconde Guerre mondiale, la péninsule coréenne est l’une des régions les plus militarisées du monde. La Corée du Nord et les États-Unis, alliés de la Corée du Sud, ont mené une guerre de 1950 à 1953 sans jamais signer de traité de paix. Le programme nucléaire nord-coréen, qui a progressé rapidement depuis les années 2000, représente un facteur de déstabilisation majeur.
Entre 2006 et 2017, la Corée du Nord a effectué six tests nucléaires et développé des missiles balistiques de portée de plus en plus grande. Ces développements menacent non seulement la Corée du Sud et le Japon, mais aussi le continent américain, rendant ainsi une frappe préventive contre le régime de Kim quasiment impossible.
Objectifs des États-Unis
Washington exige le démantèlement complet, vérifiable et irréversible des arsenaux nucléaires nord-coréens. Les tests réussis de nouvelles missiles intercontinentaux par le régime de Kim en 2017 ont mis les États-Unis face à la réalité d’une potentielle attaque nucléaire en cas de conflit. Les stratégies à adopter face à cette menace font débat. Des figures comme l’ancien conseiller à la sécurité nationale, John Bolton, ont initialement exigé la livraison immédiate de toutes les bombes nucléaires nord-coréennes, tandis que d’autres prônent un réalisme accru.
Joe Biden, contrairement à Donald Trump, n’a pas placé la question nord-coréenne en tête de ses priorités, bien qu’il ait exprimé une volonté de dialogue diplomatique sans espérer un véritable tournant.
Objectifs de la Corée du Nord
Pour Kim Jong Un, la survie de son régime est prioritaire. Toute ouverture ou réforme intérieure n’est envisagée que si elle ne met pas en péril son pouvoir. Le régime totalitaire a maintenu la population sous la menace constante d’une agression des États-Unis et de la Corée du Sud, légitimant ainsi son contrôle. La possession de l’arme nucléaire est une preuve de la capacité défensive du pays et de l’importance internationale de la dynastie Kim.
La Corée du Nord ne renoncera pas facilement à ses armes nucléaires. Kim pourrait être incité à faire des concessions en échange de la levée des sanctions internationales et d’une aide économique massive. Les armes nucléaires et les missiles nord-coréens sont les principaux atouts de Kim dans les négociations.
Bilan des sommets passés
Le sommet historique du 12 juin 2018 à Singapour entre Donald Trump et Kim Jong Un a suscité de grandes attentes mais a produit des résultats modestes. Le communiqué signé comportait quatre points principaux sans inclure de mesures concrètes de désarmement nucléaire. La Corée du Nord a simplement réitéré un engagement vague en faveur de la dénucléarisation.
D’autres rencontres ont eu lieu par la suite, sans réels progrès substantiels. La Corée du Nord a maintenu ses armes nucléaires et poursuivi ses programmes nucléaires et balistiques. La rencontre de Panmunjom le 30 juin 2019 a été marquée par la première visite d’un président américain en territoire nord-coréen, mais les positions sont restées figées et aucun progrès n’a été enregistré depuis.
Pourquoi cette désillusion ?
Plusieurs facteurs ont conduit à une rapide désillusion quant à un éventuel percée diplomatique :
- La Corée du Nord n’a jamais accepté de négocier des mesures concrètes de désarmement. Depuis l’automne 2019, elle estime que de nouvelles rencontres sont inutiles tant que les États-Unis maintiennent leur politique hostile.
- Les services de renseignement américains sont sceptiques quant à la volonté de la Corée du Nord de renoncer à son arsenal nucléaire.
- La Corée du Nord a continué de développer ses installations nucléaires et ses capacités balistiques, sans montrer de signes de désarmement.
Défis du désarmement nucléaire
Même si la Corée du Nord acceptait de désarmer complètement, le processus serait long et complexe. L’expert nucléaire Siegfried Hecker estime qu’il pourrait durer entre dix et quinze ans. La Corée du Nord devrait déclarer toutes les parties de son programme nucléaire et démanteler les installations correspondantes. Ensuite, elle devrait détruire ou livrer son matériel fissile et ses armes nucléaires.
Cependant, le désarmement implique plusieurs aspects, car la Corée du Nord a réussi à développer des armes nucléaires par le plutonium et par l’enrichissement d’uranium. Les États-Unis insistent pour que la Corée du Nord présente une liste complète de ses installations nucléaires, ce qui serait un premier test de sa volonté de transparence. Toutefois, tant que le régime de Kim ne fera pas confiance aux États-Unis, il aura tout intérêt à cacher certaines installations et une partie de son matériel.
Les objectifs des États-Unis et de la Corée du Nord : une impasse difficile
Les États-Unis cherchent à obtenir une dénucléarisation complète, vérifiable et irréversible de la Corée du Nord, mais cette position se heurte à la détermination de Pyongyang à conserver son arsenal nucléaire comme garantie de survie. La position nord-coréenne est fondée sur une méfiance profonde à l’égard des intentions américaines, et cette méfiance est réciproque.
Les États-Unis, sous diverses administrations, ont alterné entre des approches de pression maximale, comme celle de Barack Obama, et des tentatives de dialogue, comme celles de Donald Trump. L’administration Biden semble poursuivre une approche prudente, mettant l’accent sur la coordination avec les alliés régionaux et les sanctions économiques tout en restant ouverte à des négociations.
Pour la Corée du Nord, les armes nucléaires ne sont pas seulement un outil de dissuasion mais aussi un moyen de légitimer le régime sur la scène internationale. Le régime de Kim Jong Un a utilisé les menaces et les démonstrations de force pour obtenir des concessions économiques et diplomatiques sans renoncer à son programme nucléaire.
Les sommets passés : une lueur d’espoir suivie de désillusions
Les rencontres entre Donald Trump et Kim Jong Un, bien que historiques, ont finalement peu avancé sur le chemin de la dénucléarisation. Le sommet de Singapour en juin 2018 a été suivi de celui de Hanoï en février 2019, qui s’est terminé sans accord en raison de désaccords sur la levée des sanctions et les mesures de dénucléarisation.
Le sommet de Panmunjom en juin 2019, où Trump est devenu le premier président américain à entrer en Corée du Nord, a marqué une nouvelle étape symbolique mais n’a conduit à aucune avancée substantielle. Depuis, les négociations sont au point mort, Pyongyang refusant de s’engager sans une levée préalable des sanctions économiques.
Les obstacles à une dénucléarisation effective
La dénucléarisation de la Corée du Nord reste une tâche herculéenne. Même avec un accord en place, le processus de démantèlement des armes nucléaires et des installations associées serait complexe et long. Les experts estiment que cela pourrait prendre des années, nécessitant une coopération et une transparence totale de la part de Pyongyang.
Cependant, l’histoire a montré que la Corée du Nord a souvent caché des parties de son programme nucléaire et a résisté aux inspections internationales. La méfiance entre Pyongyang et Washington complique davantage la situation, rendant difficile la mise en place d’un mécanisme de vérification efficace.
Les perspectives d’avenir : une diplomatie prudente
La situation actuelle suggère que toute avancée significative vers la dénucléarisation nécessitera un mélange de pression économique et de diplomatie astucieuse. La communauté internationale, en particulier les États-Unis et leurs alliés, doit trouver un équilibre entre la fermeté et l’engagement pour persuader la Corée du Nord de renoncer à ses ambitions nucléaires.
L’administration Biden semble adopter une approche mesurée, concentrant ses efforts sur la reconstruction des alliances régionales et la mise en place de sanctions ciblées tout en laissant la porte ouverte à des discussions constructives. Il reste à voir si cette stratégie portera ses fruits, mais elle reflète une compréhension pragmatique des défis posés par le régime de Kim Jong Un.
Conclusion
Le conflit nucléaire avec la Corée du Nord reste l’un des défis les plus épineux de la politique internationale. Les récents développements, y compris les tirs de missiles et les exercices de contre-attaque nucléaire, montrent que Pyongyang n’a aucune intention de céder facilement. La voie vers la dénucléarisation est semée d’embûches, nécessitant une combinaison de diplomatie, de pression économique et de coordination internationale.
Les sommets passés ont montré que des avancées symboliques peuvent être faites, mais la véritable dénucléarisation nécessitera des concessions difficiles de part et d’autre. En attendant, la communauté internationale doit rester vigilante et prête à réagir aux provocations tout en cherchant des moyens de ramener la Corée du Nord à la table des négociations.