Les cellules de reconnaissance faciale chez les guêpes : un parallèle surprenant avec les primates

Les guêpes sont connues pour leur capacité à piquer, à construire des nids et à jouer un rôle essentiel dans l’écosystème en tant que prédateurs naturels de nombreux insectes nuisibles. Cependant, une facette moins connue de ces insectes fascinants concerne leur capacité de reconnaissance faciale, qui s’avère étonnamment similaire à celle des primates, y compris les humains.

Un système neuronal évolué

Les recherches récentes ont mis en lumière une caractéristique remarquable des guêpes du genre Polistes fuscatus. Ces insectes disposent d’un groupe de neurones qui leur permet de distinguer les visages de leurs congénères. Ce phénomène, connu sous le nom de reconnaissance individuelle, est crucial pour la cohésion et l’organisation sociale de leurs colonies.

Les scientifiques ont découvert que les guêpes Polistes fuscatus possèdent des marquages de couleur uniques sur le visage, ce qui facilite leur reconnaissance mutuelle. Cette capacité est d’autant plus remarquable qu’elle est comparée à celle observée chez d’autres espèces de guêpes, qui ne montrent pas une telle spécificité dans la reconnaissance.

Techniques d’étude avancées

Une équipe de recherche de l’Université Cornell, dirigée par Michael Sheehan, a équipé 18 guêpes femelles de sondes cérébrales miniatures. Ces instruments ont permis d’enregistrer l’activité neuronale des guêpes lorsqu’elles étaient exposées à plus de 2000 images variées, allant de visages de guêpes à des objets non liés. Les résultats ont montré que certaines neurones étaient particulièrement actives lors de la visualisation de visages de guêpes vus de face.

Un parallèle avec les primates

L’aspect le plus frappant de cette étude est la similitude entre les cellules de reconnaissance faciale des guêpes et celles trouvées chez les primates. Cette découverte suggère une évolution convergente impressionnante, où deux lignées évolutives très éloignées ont développé des mécanismes similaires pour une fonction sociale essentielle : la reconnaissance des individus au sein de leur communauté.

Les chercheurs proposent que la capacité à reconnaître rapidement et avec précision les visages pourrait avoir été un avantage adaptatif indépendant, favorisant l’évolution de cellules spécialisées dans le cerveau de ces espèces.

Scepticisme et perspectives critiques

Cependant, cette comparaison n’est pas sans critiques. Bruno Rossion, de l’Université de Lorraine, souligne que bien que les résultats indiquent clairement que ces neurones participent à un réseau dédié à la reconnaissance des visages, il est prématuré de comparer directement les guêpes aux primates et aux humains en termes de complexité et de fonctionnalité de la reconnaissance faciale.

Rossion fait remarquer que les guêpes peuvent reconnaître seulement entre six et dix individus sous des conditions spécifiques, alors que les humains sont capables de distinguer des milliers de visages, même sur la base de détails minimes.

Conclusion

Cette recherche élargit non seulement notre compréhension de la biologie et du comportement social des guêpes mais pose également des questions fondamentales sur l’évolution des compétences cognitives à travers différentes espèces. En continuant à explorer ces liens inattendus, les scientifiques peuvent dévoiler des aspects encore inconnus de l’évolution de l’intelligence dans le règne animal.

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